Décryptage de l'univers de la mode : les coulisses, les icônes, les secrets de fabrication, les évènements incontournables et les enjeux socio-économiques. Présenté par Pascal Mourier. Le vendredi à 11 h 15.
À 80 ans passés, la Japonais Yohji Yamamoto s’amuse à lacérer ses vêtements « comme un enfant ». Pour Issey Miyake, Satoshi Kondo compose une collection conçue à partir de "washi", le papier japonais. La franco- japonaise Tatiana Quard crée, elle, des silhouettes à partir de tubes et de lignes. Egalement dans l’actualité : le Festival international de la mode au Togo organise une seconde édition hors les murs, à Paris. Dans les années 1980, la capitale française avait propulsé les designers asiatiques sur la scène internationale. En sera-t-il de même aujourd’hui pour les afro-caribéens ?
L’avant-garde n’est jamais autant créative que lorsqu’elle regarde le monde. Victor Weinsanto, qui a conçu les modèles hauts en couleur présentés à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, rend hommage aux Drag Queens, à l’instar de Vincent Pressiat et Kevin Germanier, qui, lui, s’est occupé des costumes de la cérémonie de clôture des JO. Il reste le maître incontesté de la récup’. Recycler, c’est également le credo de la suédoise Ellen Hodakova, Grand Prix du LVMH Prize 2024.
Célébration du corps, des arts et du sport ! Pour Dior, Maria Grazia Chiuri installe dans une longue cage de verre l’artiste archère italienne Sagg Napoli. Sa collection est une ode aux Amazones, en référence aux modèles créés par Christian Dior dans les années 1950. Pour sa collection "Impro", le designer Alain Paul libère sur la scène du Théâtre du Châtelet les corps des danseurs et des danseuses. Et dans une présentation feutrée, Magda Butrym réveille et révèle la mode… polonaise.
Au Musée Rodin, à Paris, Dior présente sa collection dans un décor qui met en valeur les mosaïques de l’artiste féministe new-yorkaise Faith Ringgold. Salle Pleyel, Stéphane Rolland célèbre, lui, les poèmes de Jacques Prévert et les photographies de Brassaï. Au Palais de Tokyo, enfin, le couturier japonais Yuima Nakazato travaille de concert avec le chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui. Si la haute couture n’est pas un art, mais un art appliqué, elle n'en fait pas moins passer des émotions extraordinaires.
La mode peut-elle transformer le réel, ou est-ce le réel qui transforme la mode ? À cette question, Dior répond par un féminisme qui s’inspire des sixties de Marc Bohan. Yohji Yamamoto, lui, déstructure les silhouettes. Issey Miyake n’a de cesse d’explorer ce qui n’a pas encore été découvert. CFCL prône le confort par le tricot. Maxhosa ressuscite les motifs Xhosa. Mossi, à travers ses collections et son école de mode, veut permettre aux jeunes de rêver. Et tous, de se battre pour propager l’idée d’une mode qui fasse sens.
À l’Institut français de la mode (IFM), à Paris, 27 étudiants de 13 nationalités différentes présentent leurs extravagants travaux de l’année. L’enjeu est crucial : l’école rivalise avec le prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design, à Londres. Paris doit attirer de nouveaux talents internationaux, même si les Français brillent déjà par leur créativité, tels Weinsanto, Pressiat ou encore AlainPaul. Comme le résume Rachida Dati, ministre de la Culture, prenant des libertés avec la logique : "La mode, c’est 100% économie, 100% culture !"
Stella McCartney, Marine Serre, Lilia Litkovska. Trois créatrices de mode affirmées, engagées, qui se battent pour exprimer leur rage de réformer une industrie polluante, anxiogène et qui pousse à une surconsommation massive. Elle proposent des méthodes alternatives de production, de communication, appellent à ralentir et à prendre le temps de réfléchir. La mode est un combat esthétique, économique, politique.
Qu’il y a-t-il donc dans la tête des esprits créatifs ? Wim Wenders affirme que Yohji Yamamoto guérit les gens, sans les mettre sur un sofa. Jeanne Friot reprend sa propre histoire d’amour lesbienne, tandis que Stéphane Rolland, adepte de la transmission, fait défiler deux écoles de mode et questionne la relation entre Orient et Occident. Julien Fournié, quant à lui, reprend le vestiaire des héroïnes hitchcockiennes et prône les tenues sexys pour combattre le patriarcat. La mode servirait-elle à combattre les démons ?
La Haute couture, ce sont des milliers d’heures de travail pour une seule tenue... Un laboratoire exceptionnel, qui est aussi la vitrine d’une industrie brassant des milliards d’euros. Un soft power flamboyant pour la France, porteur de messages, comme chez Dior, Imane Ayissi, Sara Chraïbi, via l’exposition carte blanche à Laurence Benaïm, initiée par le Centre Pompidou, ou l’interprétation de l’ADN Jean Paul Gaultier par la créatrice irlandaise Simone Rocha.
Stella McCartney, Laurence Airline, Vaillant Studio, Litkovska : voici quatre griffes fondées et dirigées par des femmes. Elles viennent d’Angleterre, de Côte d’Ivoire, de France et d’Ukraine. Animées d’un même esprit, déroulant le même propos, elles trouvent des solutions aux problèmes qui bouleversent aujourd’hui notre monde : pollution textile, surconsommation, conflits, guerres, approvisionnements, chaines de productions et de communications... Quand la création devient une arme.
Yohji Yamamoto, Yusuke Takahashi pour CFCL, Mame Kurogouchi, Satoshi Kondo pour Issey Miyake… Ils et elle ont en commun de prendre le pouls de la planète et de proposer de nouvelles façons de se vêtir. Les créateurs japonais, omniprésents sur la scène parisienne depuis les années 1980 restent encore les maîtres incontestés de l’espace qui sépare la peau du vêtement, autrement dit, les artistes du plaisir de s’habiller.
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