Le goût de M

Le Monde

Qu'est-ce qu'avoir du goût ? Qui a bon goût, mauvais goût ? Le goût est-il un héritage, le produit d'une éducation, le signe d'une appartenance sociale ? Ou au contraire, le fruit d'une construction personnelle, une mise en scène de soi ? Comment devient-il, au final, inséparable de ce que nous sommes ?Chaque vendredi, "Le goût de M" part à la rencontre d'une personnalité issue du monde de la culture, de la mode, du design ou de la cuisine, et lui demande de raconter son histoire personnelle du goût. Comment elle l'a constitué, en continuité ou en rupture avec son milieu d'origine, comment il a évolué au cours de sa vie, de ses rencontres, de ses expériences, du goût de l'époque aussi."Le goût de M" est le podcast de M, le magazine du Monde, produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal)Préparé avec l'aide de Diane Lisarelli et Imène BenlachtarRéalisation : Guillaume Girault et Emmanuel BauxMusique : Gotan Project" Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d’informations.

  • 45 minutes 57 seconds
    #140 : Souheila Yacoub, actrice : « On m'a plusieurs fois demandé si je ne pouvais pas être un peu plus arabe »

    L'actrice, âgée de 32 ans, nous reçoit chez elle, dans le 11e arrondissement, à Paris, à l'occasion de la sortie des films « Les Femmes au balcon » et « Planète B ».  

    Souheila Yacoub évoque son enfance dans la banlieue de Genève, en Suisse, auprès d'une mère belge infirmière de nuit. Ses parents étant séparés, elle voit peu son père tunisien. Très vite, elle est happée par la gymnastique qu'elle pratique à un très haut niveau sans y trouver de plaisir, frustrée par les heures d'entraînement et le contrôle de son alimentation. Ne se qualifiant pas pour les JO de Londres, en 2012, elle arrête tout. Elue l'année suivante Miss Suisse romande, elle se rend après à Paris pour suivre des cours de théâtre. Elle travaille avec le metteur en scène Wajdi Mouawad et les réalisateurs Gaspar Noé, Rebecca Zlotowski ou Philippe Garrel, mais fait le constat d'être beaucoup renvoyée lors des castings à ses origines tunisiennes. Souheila Yacoub raconte ses deux nouveaux films à l'affiche et ce qui l'a attirée dans chaque projet.

    Elle revient, enfin, sur sa passion pour les jeux de rôle : « On fait beaucoup d’enquêtes avec des amis. On reçoit un dossier et là, il y a la feuille du médecin, des procès-verbaux, une histoire, des photos, des fois on a des blogs. Et ensuite, il faut retrouver le meurtrier ou la meurtrière. Ça dure au moins quatre heures. On commande des pizzas et des bières. On se pose, on réfléchit. On est en groupe, on rigole. C’est fou, mais c’est génial. »

    Le Goût de M marque une pause hivernale, prochain épisode : le 17 janvier.

    Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.

    Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal) préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et Juliette Savard
    Réalisation : Emmanuel Baux
    Musique : Gotan Project


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    12 December 2024, 11:05 pm
  • 52 minutes 52 seconds
    #139 Maylis de Kerangal : « Il y a des livres qui sont comme des palais, on est étonnés que le langage puisse produire ça »

    L'autrice, âgée de 57 ans, nous reçoit dans la chambre de bonne dans le Marais, à Paris, où elle écrit ses livres, à l'occasion de la publication ces derniers mois de son roman, « Jour de Ressac ». 

    Maylis de Kerangal évoque son enfance dans les immeubles Perret, au Havre, auprès d'un père navigateur et d'une mère prof puis au foyer à s'occuper de ses cinq enfants. La télé occupe une place centrale, même si ses parents aiment organiser de nombreuses sorties en extérieur. Elle s'intéresse très vite à des livres empreints d'une certaine noirceur, des contes de fées à Emile Zola. Puis elle rejoint Paris pour ses études, se tournant vers les sciences humaines. Elle travaille à la confection de guides de voyage, doit s'arrêter pour des raisons de santé ét écrit son premier roman. L'écriture deviendra très vite alors le centre de sa vie. Maylis de Kerangal  parle longuement de son travail littéraire, de son rapport au lieu, à la langue, aux sentiments et de son dernier livre « Jour de ressac ». 

    Elle revient, enfin, sur son rapport à la mode : « J’ai une passion pour des vêtements que je ne peux pas porter. J’aime beaucoup la haute couture, mais je n’ai pas forcément les moyens de m’en ­acheter. J’aime l’idée de l’exclusivité, de la ­perfection, aussi. L’idée d’un vêtement qui soit issu d’ateliers où les gestes et les matières relèvent d’un certain savoir-faire. J’admire ­énormément ça. »

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    5 December 2024, 11:05 pm
  • 47 minutes 24 seconds
    #138 Clara Luciani, chanteuse : « J’ai eu très vite besoin d’un monde parallèle parce que j’étais moquée à l’école »

    La chanteuse, âgée de 32 ans, nous reçoit chez elle, dans le 9e arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son troisième album, « Mon sang », et de ses grands débuts au cinéma dans la comédie musicale « Joli Joli ». 

    Clara Luciani évoque son enfance provençale auprès d'un père employé de banque et passionné de musique et d'une mère très dévouée aux autres. Elle raconte sa passion précoce pour l'univers de Michel Legrand et de Jacques Demy, Paul McCartney et ses « chansons de grand-mère » ou Chrissie Hynde des Pretenders qui la pousse à se mettre à la guitare électrique… Vers l'âge de 11 ans, elle commence à composer, puis, jeune adulte, tente de faire carrière à Paris et rencontre le succès avec « La Grenade ». Elle parle de son rapport à son travail, de l'importance de l'amitié, de ses emprunts inconscients et de ses débuts de comédienne. Clara Luciani dit aussi son admiration pour l'écrivaine Anaïs Nin ou le groupe de rock Fontaines DC.

    Elle revient, enfin, sur celles dont elle apprécie particulièrement l'écriture : « “L’Amant”, de Marguerite Duras, ça a été une révolution. J’avais l’impression d’avoir accès à une sensualité que je ne connaissais pas, que je ne pouvais que fantasmer. Et puis elle a écrit comme personne et ça me bouleverse, ce rythme. J’aime les écritures très directes, comme une flèche dans le cœur. C’est pour ça que j’ai aimé Françoise Hardy et, plus tard, Annie Ernaux. »

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    28 November 2024, 11:05 pm
  • 43 minutes 26 seconds
    #137 Malik Djoudi, chanteur : « J’ai écrit les paroles de la chanson de l’émission “Loft Story” en dix minutes, ça a été un carton total »

    L'auteur-compositeur-interprète, âgé de 45 ans, nous reçoit chez lui dans le 18e arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son nouvel album « Vivant » et d'une tournée dans toute la France. 

    Malik Djoudi évoque son enfance à Béziers puis dans un manoir, à la campagne, à Lusignan, près de Poitiers, auprès d'une mère avocate d'origine algérienne et vietnamienne qui aimait la fête. Très vite, il s'intéresse à la musique. Il découvre « Thriller » de Michael Jackson, écoute du hip-hop, du rock anglo-saxon et de la chanson française. A 19 ans, il compose la chanson de l'émission « Loft Story » puis repart vivre chez ses parents et monte finalement le groupe Moon Palace. Après la mort de sa grand-mère, il part en voyage au Vietnam puis compose un premier album solo en français qui donne une nouvelle direction à sa carrière. Malik Djoudi confesse son admiration pour Etienne Daho, Philippe Zdar, James Blake, Salt, Sébastien Tellier ou Rick Rubin.

    Il revient également sur son goût pour le cinéma : « Dans mon salon, j’ai deux petits tableaux de deux films que j’adore : “Metropolis” de Fritz Lang et “Les Guerriers de la nuit” de Walter Hill, dont j’ai été marqué par la sauvagerie. Quand je l’ai découvert, c’était une des premières fois que je voyais de la science-fiction. La musique est incroyable. J’adore le cinéma. Je vais souvent en salle voir des films seul le matin. »

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    21 November 2024, 11:05 pm
  • 55 minutes 29 seconds
    #136 Kev Lambert, écrivain : « Enfant, je me suis beaucoup senti comme un monstre, on m’a fait savoir que j’étais anormal »

    L'écrivain non-binaire canadien, âgé de 32 ans, nous reçoit à Paris au cœur du cimetière de Montmartre, non loin de la tombe de Dalida, puis dans un appartement du 19e arrondissement, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman « Les Sentiers de neige ». 

    Kev Lambert évoque son enfance à Chicoutimi au Québec auprès de parents séparés. Plus jeune, il cherche à fuir la réalité dans laquelle il vit en s'intéressant aux animaux, aux gnomes ou à « Harry Potter ». Il se passionne pour les romans policiers, la fantasy et développe une fascination pour « Kill Bill » de Quentin Tarantino. La lecture de Virginie Despentes constitue un premier choc littéraire qui lui permet de se questionner sur le genre. Il poursuit son exploration de la culture queer avec les livres de Jean Genet ou d'Hervé Guibert, puis se met à l'écriture. Il aborde son travail sur « Querelle », « Que notre joie demeure » ou « Les Sentiers de neige ». Et son admiration pour Christine Angot ou Joyce Carol Oates.

    Il revient également sur son goût pour les jeux vidéo : « Ça m’a toujours fasciné. Aujourd’hui, j’y joue moins, mais j’ai une attirance pour la beauté des décors. Ça m’émeut, ces grands espaces déserts construits par des hommes et des femmes, cet artisanat-là. Dans certains jeux, tu marches sans savoir où tu vas, c’est complètement vide et tu as l’impression d’être la dernière personne sur Terre. »

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    14 November 2024, 11:05 pm
  • 51 minutes 38 seconds
    #135 Sandrine Bonnaire : « Actrice, c’est un métier fragile. On ne sait pas pourquoi tout d’un coup vous n’êtes plus désirable. Ça tient à un fil »

    La comédienne, âgée de 57 ans, à l'affiche de « L'Amante anglaise », au théâtre de l'Atelier à Paris, adapté de Marguerite Duras, nous reçoit chez elle, dans un logement entre l'appartement, la maison et l'atelier. 

    Sandrine Bonnaire évoque son enfance dans l'Allier, puis à Grigny, dans l'Essonne, auprès de dix frères et sœurs, dont Sabine, autiste, d'un père ouvrier ajusteur et d'une mère au foyer très fantasque. Enfant, elle s'initie au cinéma via la télévision, se passionne pour Claude François, le disco, puis le funk. Elle se remémore sa rencontre avec Pialat qui lui offre le rôle principal du film A nos amours et lance sa carrière de comédienne. De Gaël Morel à Marion Laine ou Caroline Bottaro, elle rend hommage aux jeunes cinéastes avec qui elle a travaillé au fil des années. Elle-même passe plusieurs fois avec joie derrière la caméra. Elle vante son goût du rangement, de la poésie, du sommeil, de la coriandre, de la mer et de la nuit.

    Sandrine Bonnaire revient également sur ses derniers coups de cœur musicaux : « J'écoute beaucoup Clara Ysé que j'adore profondément parce que je trouve ses textes incroyables. Elle m'inspire beaucoup pour écrire. Et j'aime beaucoup Arthur Teboul pour les mêmes raisons. J'ai besoin que les textes soient forts quand c'est chanté en français. L'écriture est importante. »

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    7 November 2024, 11:05 pm
  • 52 minutes 7 seconds
    #134 Hubert Blanc-Francard : « Faut que je sois en paix avec ma mémoire pour reprendre Cassius d’une nouvelle manière »

    Le musicien et producteur, âgé de 56 ans, nous reçoit chez lui, dans un appartement à la décoration minimaliste au cœur du quartier de Montmartre, à Paris, à l'occasion de la sortie d'un best of de Cassius, un des fleurons de la French Touch. 

    Hubert Blanc-Francard évoque son enfance dans les Yvelines du côté de La Celle-Saint-Cloud et Marly-le-Roi auprès d'un père ingénieur du son et producteur à la carrière prestigieuse et d'une mère qui écoute aussi beaucoup de musique. A 12 ans, il s'amuse à faire de fausses émissions de radio avec son frère et se met à la batterie. Il commence sa carrière professionnelle comme assistant dans un studio et se passionne pour la musique électronique venue d'Angleterre. Il évoque ses premières expériences avec DJ Mehdi ou Philippe Zdar, avec qui il fonde Cassius. Une longue aventure qui s'est terminée en 2019 avec le décès de son comparse. Il parle de leur amitié, de leur musique, de deuil et de sa volonté de poursuivre l'aventure Cassius différemment aujourd'hui.

    Il revient également sur ses goûts littéraires de Philip Roth à Céline : « J’avais des livres partout, ça rendait fou Philippe Zdar. Je dois lire six livres en même temps. J’adore tout ce qui est classique : XVIIIe, XIXe siècles. Là, je suis dans Proust, mais je vais lire dix pages par jour quand j’ai le temps. Je trouve ça complètement fabuleux. Je lis Montaigne aussi. Je suis pris de ­passion par ça. »

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    31 October 2024, 11:05 pm
  • 48 minutes 37 seconds
    #133 François Civil : « Chez l’acteur, il y a la quête de l’erreur magique, ce moment de sérendipité où tu es au-dessus de ce qui est écrit »

    Le comédien, âgé de 34 ans, nous reçoit au cinéma du Panthéon, au cœur du 5e arrondissement, à Paris, à l'occasion de la sortie en salle du film "L'Amour Ouf" de Gilles Lellouche. 

    François Civil évoque son enfance à Paris dans le 12e arrondissement auprès de parents professeurs de faculté, amoureux des livres, et d'une grande sœur qui lui fait découvrir Radiohead. Il aborde sa passion pour la photographie et, plus largement, son obsession pour tous les appareils qui capturent des moments. Il pratique la basse en autodidacte et, très jeune, s'essaie au théâtre où il « prend un pied monstre ». Il court les castings, décroche ses premiers rôles. François Civil se remémore le tournage du film "Elles” où il est subjugué par Juliette Binoche, qui joue sa mère, l'aventure "Five" avec Pierre Niney. Il dit son admiration pour le travail de Philip Seymour Hoffman, Paul Thomas Anderson, Al Pacino, Jacques Audiard ou Cédric Klapisch. A côté de son activité d'acteur, il continue de pratiquer l'escalade. Il a le goût des épices et de la nourriture asiatique et le dégoût de tous les fromages.

    Il revient également sur sa fascination pour les activités manuelles : « J'aime bien voir les gens faire des choses de leurs mains. Et je trouve que le geste, la main, c'est un truc qui nous appartient à nous, les humains. Ça peut être bouleversant. Autant un mec qui étend des nouilles dans une devanture de resto japonais qu'un horloger qui va poser la petite vis dans une montre et ça c'est beau. »

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    24 October 2024, 10:05 pm
  • 46 minutes 52 seconds
    #132 Charlotte Le Bon : « Jouer la jolie fille un peu joyeuse et raisonnable, c’est chiant »

    La comédienne, réalisatrice et artiste-plasticienne, âgée de 38 ans, nous reçoit chez Idem, un atelier de lithographie situé à Paris dans le 14e arrondissement, à l'occasion de la sortie en salle du film « Niki », signé Céline Sallette, dans lequel elle incarne Niki de Saint Phalle. 

    Charlotte Le Bon évoque son enfance à Montréal, au Canada, auprès d'une mère et d'un beau-père comédiens. Elle évoque le décès de son père alors qu'elle avait 10 ans et sa passion précoce pour le dessin et le plongeon. Elle commence à la fin de l'adolescence une carrière de mannequin dont elle garde un souvenir assez sombre puis pendant une année joue les Miss Météo sur Canal +, une expérience libératrice qui la mènera ensuite à faire du cinéma. C'est aujourd'hui dans la réalisation qu'elle s'épanouit le plus, regrettant la passivité attendue souvent des comédiens. Charlotte Le Bon aborde également son travail de plasticienne, son attrait pour les aspérités et son admiration pour le travail de Stanley Donwood, Carl Gustav Jung, David Lynch, Claire Tabouret ou Christo et Jeanne-Claude. 

    Elle revient longuement sur son admiration pour le travail de Jane Campion : « J’ai découvert récemment ses deux premiers films, “Sweetie” et “Un ange à ma table”. Ce sont de grands films. C’est tellement risqué, tellement audacieux. Et puis il y a un truc qui est génial aussi avec Jane Campion, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. Je sens vraiment ce désir chez elle. C’est tout sauf prétentieux. »

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    17 October 2024, 10:05 pm
  • 39 minutes 8 seconds
    #131 Agnès Jaoui : « Très tôt, j’ai été angoissée par notre court passage sur Terre »

    La comédienne et chanteuse âgée de 59 ans nous reçoit dans les locaux du « Monde », à l'occasion du Festival organisé en septembre par le quotidien, alors qu'elle est au cœur d'une triple actualité. Toujours à l'affiche du film de Sophie Fillières « Ma vie, ma gueule », Agnès Jaoui sort un nouvel album, « Attendre que le soleil revienne », et un livre autobiographique, « La Taille de nos seins ».

    Elle évoque son enfance à Sarcelles puis à Paris autour d'un père passionné de musique et d'une mère amatrice de littérature, un couple de juifs tunisiens qui ont vécu un temps en Israël. Très jeune, Agnès Jaoui apprend à observer les autres, fréquente les expositions, baigne au milieu des livres et de la musique avant de prendre des cours de théâtre. Sa rencontre avec Jean-Pierre Bacri est alors déterminante. Elle développe ensuite son rapport au goût, son coup de foudre amical avec Sophie Fillières, la vulnérabilité qu'elle trouve dans la chanson ou son amour des romans de Leonardo Padura.

    Agnès Jaoui revient longuement aussi sur ce qu'elle attend d'une œuvre d'art : « Ce qui me passionne c'est ce moment où tout à coup, on voit les choses différemment. Il y a des artistes qui vous font trouver de la beauté là où vous n'en voyiez pas avant. Le déterminisme socio-culturel et psychologique est tel que souvent on n'arrive pas à imaginer les choses d'un autre point de vue. L'amour permet ça, la rencontre, l'art évidemment. »

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    10 October 2024, 10:05 pm
  • 54 minutes 38 seconds
    #130 Hervé Le Tellier : « Il faut résister à la xénophobie, au narcissisme, au repli sur soi »

    L'écrivain âgé de 67 ans, prix Goncourt en 2020 pour « L'Anomalie », nous reçoit chez lui dans le dix-huitième arrondissement à Paris, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman « Le Nom sur le mur ». 

    Hervé Le Tellier évoque son enfance solitaire à Paris, dans un environnement dans lequel il ne se sent pas à sa place. Très jeune, il se réfugie dans les livres, notamment de science-fiction, avant d'intégrer successivement le Front homosexuel d'action révolutionnaire, le Parti communiste puis la Ligue communiste révolutionnaire. Il garde de ces années d'engagement le goût du débat, de la pensée et du collectif. Il se remémore sa carrière de journaliste puis son basculement vers la littérature nourri par son adhésion à l'Oulipo. Et développe son rapport au langage, aux formes et à la création. Il détaille la genèse de son nouveau livre centré autour des questions de résistances et de fraternité, deux thématiques qui résonnent fort avec l'actualité.

    Il revient aussi longuement sur la nécessité de se confronter à des opinions différentes des siennes : « Être amoureux de quelqu'un qui a des goûts très différents des vôtres, c'est très intéressant. Ça crée du frottement. Ça crée de la joie parce qu'on se fout l'un de l'autre. On sort de sa bulle de confirmation. J'ai très peur d'être enfermé dans mes biais de conservation. J'ai peur de moins bien penser, de me tromper, tout le temps. »

    Depuis cinq saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.

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    20 June 2024, 10:05 pm
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