Retenez bien son nom: Kaja Kallas. Depuis le 1er décembre dernier, elle est la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Ou, plus simplement, la cheffe de la diplomatie européenne. Désignée par les États membres dès le 27 juin, puis confirmée dans ses fonctions après le processus de validation de la commission, il s'agit de la première européenne de l'Est à occuper ce poste. Ex-première ministre estonienne, elle est également une opposante virulente à Vladimir Poutine, peut-être à cause de son histoire personnelle: sa mère et sa grand-mère ont été déportées en Sibérie par l'Union soviétique au début de la Seconde guerre mondiale.

Dans sa première interview depuis son entrée en fonction, elle a appelé à transférer les 120 milliards d'avoirs russes gelés à l'Ukraine et à accroître l'investissement dans la défense européenne. Elle souhaite aussi une augmenter l'aide de l'Union pour compenser une éventuel manque à gagner avec l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche.

Le monde devant soi est un podcast hebdomadaire d'actualité internationale présenté par Christophe Carron, avec Jean-Marie Colombani, directeur de la publication de Slate.fr, et Alain Frachon, éditorialiste au Monde spécialisé dans les questions internationales.

Direction et production éditoriale: Christophe Carron
Prise de son: Marius Sort
Montage: Aurélie Rodrigues et Marius Sort
Réalisation: Aurélie Rodirgues
Présentation: Christophe Carron
Musique: «Sinister», Anno Domini Beats

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Il n'aura fallu qu'une douzaine de jours à la coalition menée par l'Organisation de libération du levant, Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), pour faire chuter le régime de Bachar el-Assad en Syrie. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, les rebelles ont repris la capitale Damas et provoqué la fuite du président syrien vers la Russie, marquant la fin de cinquante-trois ans de règne de la famille Assad (après le père Hafez entre 1970 et 2000). On assiste ainsi à la fin éclair d'une révolution entamée en 2011 dans le cadre des «printemps arabes», au retour de l'espoir en Syrie, mais aussi à une certaine inquiétude quant à l'avenir du pays.

Mardi 10 décembre, les rebelles menés par le groupe islamiste HTC ont annoncé la nomination de Mohammed al-Bachir comme nouveau Premier ministre d'un gouvernement transitoire prévu jusqu'au 1er mars 2025. Cet ingénieur de formation dirigeait depuis janvier 2024 le «gouvernement de salut syrien» dans la province d'Idlib, bastion rebelle situé dans le nord-ouest du pays.

Une nouvelle ère s'ouvre donc pour la Syrie, jusqu'alors zone d'influence russo-iranienne. Est-ce une victoire de l'islamisme ou de la révolution? Comment se fait-il que le régime soit tombé si rapidement? Sait-on comment va se passer la transition politique?

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Le mercredi 27 novembre, les opposants à Bachar el-Assad, jusque-là cantonnés dans le nord-ouest de la Syrie, ont lancé une offensive aboutissant à la prise d'Alep le dimanche 1er décembre. Depuis, l'avancée se poursuit. À l'heure où nous diffusons ce podcast, les rebelles, emmenés par l'organisation Hayat Tahrir al-Cham (HTC), héritière d'Al-Qaida, se trouvent à seulement quelques kilomètres de la troisième ville de Syrie, Homs, située dans l'ouest. La veille, c'est de la ville d'Hama qu'ils s'emparaient. Une opération rendue possible par l'aval de la Turquie.

Un premier bilan des combats, établi le 5 décembre par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, décompte un peu plus de 700 morts et une centaine de milliers de déplacés. Le but de cette rébellion est clair: renverser le régime de Bachar el-Assad, qui semble débordé par ces offensives.

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Le 25 novembre, la Roumanie votait pour élire son prochain président. Călin Georgescu, un outsider d'extrême droite, est arrivé en tête du premier tour avec 23% des suffrages. Opposé à l'aide à l'Ukraine, réputé prorusse, anti-OTAN et antivax, il a battu grâce à sa campagne organisée quasi exclusivement sur TikTok le Premier ministre en poste.

Le social-démocrate proeuropéen Marcel Ciolacu, pourtant favori des sondages, n'est en effet arrivé que troisième. Éliminé, il ne participera pas au second tour qui opposera donc Georgescu à Elena Lasconi, femme politique centriste, maire d'une petite ville roumaine, pro-OTAN et pro-Europe.

Nul ne peut prédire qui sera le président de cet état de l'Union européenne, voisin et soutien important de l'Ukraine et qui abrite de nombreuses structures de l'OTAN. La possibilité d'une victoire de Georgescu inquiète à Kiev, déjà affaiblie par la victoire de Donald Trump, dont l'arrivée à la Maison-Blanche en janvier prochain pourrait profondément changer la nature du soutien des États-Unis à l'Ukraine. L'Ukraine qui a d'ailleurs désormais le droit d'utiliser des missiles américains, anglais et français pour frapper la Russie –une autorisation attendue depuis longtemps par Kiev, mais qui tend Vladimir Poutine, de plus en plus menaçant.

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Elon Musk, l'homme le plus riche du monde depuis 2022, a été le donateur principal de Donald Trump en fin de campagne (120 millions de dollars cet été), avant d'être désigné pour prendre la tête d'un ministère de «l'efficacité gouvernementale», le futur DOGE (Department of government efficiency). Troll en chef sur X/Twitter, le patron de Tesla et de Space X est devenu en quelques années l'un des personnages les plus importants et les plus puissants des États-Unis.

Mais quel est vraiment son positionnement politique, lui dont les idées empruntent tant au camp libertarien qu'aux Démocrates? Quels sont ses projets pour 2025? Quel avenir politique peut-on imaginer pour celui qui, né en Afrique du Sud, ne pourra jamais devenir président des États-Unis? Pourquoi a-t-il été nommé à ce nouveau poste, qui n'existait pas jusqu'à présent?

Tous les mercredis, New Deal décortique l'actualité politique américaine. New Deal est un podcast de Laurence Nardon produit et réalisé par Slate Podcasts en partenariat avec la newsletter «Time to Sign Off» (TTSO) et l'Institut français des relations internationales (IFRI).

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Musique: «Cutting It Close», DJ Freedem

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La vidéo a fait le tour du monde. On y voit une jeune femme, en culotte rayée et soutien-gorge violet, marcher dans une rue de Téhéran. Cette jeune femme, c'est Ahou Daryaei. Selon de nombreux témoignages, l'étudiante de 30 ans s'est dévêtue en signe de protestation contre des agents de l'université qui estimaient qu'elle ne respectait pas le code vestimentaire islamique obligatoire. Ahou Daryaei a été arrêtée dans la foulée avant d'être transférée, selon plusieurs sources, dans un hôpital psychiatrique.

Ce geste fort a attiré l'attention du reste du monde sur le mouvement «Femme, vie, liberté», initié par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022 après son arrestation par la police des mœurs iranienne. Le mouvement est sévèrement réprimé par un régime qui ne semble pas prêt à accorder la moindre avancée en matière de libertés, aux abois en raison de la guerre en cours au Proche-Orient et de la réélection de Donald Trump, mais qui semble toutefois toujours tout-puissant.

L'Iran est-il condamné à rester sous la coupe des mollahs et d'un fonctionnement autoritaire? Pour en parler, Christophe Carron reçoit Chowra Makaremi, anthropologue, chercheuse au CNRS, réalisatrice du documentaire Hitch: une histoire iranienne, sorti en 2019, et autrice de Femme! Vie! Liberté! – Échos d'un soulèvement révolutionnaire en Iran, aux éditions La Découverte.

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Présentation: Christophe Carron
Musique: «Tangled», Emmit Fenn

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Une attaque «massive» a touché la ville ukrainienne d'Odessa, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 novembre. La Russie a lancé vingt-neuf drones et un missile, détruisant un immeuble, tuant une civile, blessant dix personnes et en privant 40.000 de chauffage selon les autorités locales.

L'avenir se fait toujours plus sombre pour Kiev, après l'élection d'un Donald Trump qui semble peu enclin à poursuivre l'effort déployé par Joe Biden, et avec l'arrivée d'un nouveau belligérant dans le conflit: la Corée du Nord, qui aurait envoyé une dizaine de milliers d'hommes pour combattre aux côtés des Russes.

Cette situation désespérée pourrait pousser l'Ukraine à envisager une solution radicale: selon les journalistes du quotidien britannique The Times, Kiev envisagerait de fabriquer une arme atomique rudimentaire, semblable à celle larguée par les Américains à Nagasaki en août 1945, pour résister en cas de retrait du soutien de Washington. Cette information a été démentie par la ministère des Affaires étrangères ukrainien.

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Donald Trump sera le prochain président des États-Unis. On pensait que l'élection serait serrée et les résultats contestés, mais les Américains l'ont massivement élu: ils sont près de 4,5 millions de plus à avoir voté pour lui plutôt que pour Kamala Harris. Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin: cinq des sept États-pivots ont choisi le Républicain. Et si le dépouillement est toujours en cours au Nevada et en Arizona, les résultats partiels semblent être eux aussi en faveur de Trump.

Côté international, Vladimir Poutine a adressé ses félicitations à Donald Trump le jeudi 7 novembre. Quelques temps auparavant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait pourtant dit que le président russe ne le ferait pas car les États-Unis étaient «hostiles» à la Russie, notamment du fait de leur implication dans le conflit en Ukraine. Malgré les liens entre Poutine et Trump, de nombreux observateurs estiment que les relations entre Moscou et Washington ne vont pas radicalement changer après cette élection. De plus, nous connaissons Trump et son imprévisibilité… Que peut-il se passer sur le théâtre ukrainien après son élection?

Ce même jeudi 7 novembre, les Vingt-Sept se réunissaient à Budapest pour le sommet de la Communauté politique européenne. Le président français Emmanuel Macron a appelé l’Europe à «reprendre le contrôle». «Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront», a-t-il dit… Cette élection est-elle une chance pour la construction européenne?

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l aura fallu attendre les résultats du Wisconsin pour avoir la confirmation de ce que, tout au long de la nuit, beaucoup craignaient: la victoire de Donald Trump. Le Républicain sera donc le 47e président des États-Unis: il l'a emporté avec une large avance sur son adversaire démocrate Kamala Harris, tant en nombre de délégués que de voix –ce qu'on appelle le vote populaire. Pour bien se rendre compte, à 11h35 (heure de Paris) ce 6 novembre, Donald Trump réunissait près de 5 millions de bulletins de plus que sa rivale.

C'est une victoire de Trump mais aussi du Parti républicain, qui rafle au passage le Sénat et s'assure une majorité au Congrès. Est-ce Donald Trump qui a gagné ou Kamala Harris qui a échoué? Le Parti républicain aurait-il pu aller aussi loin sans le milliardaire? À quoi s'attendre sur les dossiers ukrainiens, israéliens, iraniens et européens? Les réponses et analyses de Laurence Nardon dans ce nouvel épisode de New Deal.

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«La politique que nous ferons, c'est la politique du peuple souverain. C'est, comme le disait le général De Gaulle, la “politique de la majorité nationale”, avec trois priorités: rétablir l'ordre, rétablir l'ordre, rétablir l'ordre. Parce que je crois à l'ordre comme condition de la liberté.»

Vous aurez reconnu les mots de Bruno Retailleau, prononcés lors d'un discours le jour de son arrivée au ministère de l'Intérieur, le 21 septembre 2024. Difficile de croire qu'ils ont été choisis au hasard, tant ils sont un signal favorable pour la droite et l'extrême droite et un chiffon rouge pour le reste de l'échiquier politique. Les mots ont un sens, leur utilisation aussi, et ceux de Bruno Retailleau semblent être le résultat d'un glissement sémantique initié il y a des années et étudié par Olivier Mannoni dans son nouveau livre Coulée brune – Comment le fascisme inonde notre langue (éditions Héloïse d'Ormesson).

Olivier Mannoni est l'invité de cet épisode des interviews du Monde devant soi. Les mots du fascisme, il en est un spécialiste: entre 2011 et 2021, il a travaillé sur une traduction critique de Mein Kampf, «une expérience singulière», explique-t-il dans son précédent ouvrage, Traduire Hitler.

Son nouveau livre débute par un constat. Nous sommes en 2024: les États-Unis risquent de voir revenir au pouvoir un «milliardaire en cours de jugement devant quatre tribunaux sous quatre-vingt-onze chefs d'inculpation», nous avons une néofasciste, Giorgia Meloni, à la tête de l'exécutif italien, et des extrêmes droites qui progressent partout en Europe. Leur point commun, c'est ce langage dur et populiste, un langage qui s'immisce partout dans la société au point d'être repris par les forces démocratiques.

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Prise de son et réalisation: Aurélie Rodrigues
Montage: Paul Thébault
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Musique: «Tangled», Emmit Fenn

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Dans moins d'une semaine, les électeurs et électrices américains seront appelés à choisir leur prochain président… ou présidente. Impossible de prévoir l'issue de cette élection qui oppose la vice-présidente en poste, la Démocrate Kamala Harris, à l'ancien président républicain Donald Trump, tant les sondages sont serrés et le pays clivé.

Tous les regards seront rivés vers l'autre rive de l'océan Atlantique, le 5 novembre prochain, comme ils le sont depuis de longs mois. Et parmi ces regards, il y a celui de Rama Yade, ancienne secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme du gouvernement Fillon II puis déléguée permanente de la France auprès de l'Unesco. Désormais directrice Afrique et Senior Fellow Europe pour Atlantic Council à Washington –un think tank américain spécialisé dans les relations internationales–, elle bénéficie d'un poste d'observation privilégié des États-Unis. Des observations dont elle a tiré un livre, Les Leçons de l'Amérique – Nation et puissance, qui vient de sortir aux Éditions L'Harmattan.

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