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Plus de 85 % des bananes produites en Afrique sont exportées vers l’Europe, mais elles font face à la concurrence des bananes d’Amérique latine, qui dominent le marché. La hausse des coûts et la pression des grandes surfaces aggravent la situation, rendant difficile la rentabilité des producteurs africains. Récemment, à Abidjan, les acteurs de la filière se sont réunis pour trouver des solutions en faveur des travailleurs.
De notre correspondant à Abidjan,
La Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Ghana, les trois piliers de la production africaine de bananes, luttent pour renforcer leur présence sur le marché européen. Depuis longtemps, ils se retrouvent face à la concurrence écrasante des géants latino-américains, qui dominent largement ce secteur. « Nous sommes face à des géants qui produisent 15 millions de tonnes, alors que nous, les trois pays ensemble, arrivons à produire 600 000 tonnes, souligne Jean-François Billot, secrétaire général d’Afruibana, une organisation qui réunit des producteurs et exportateurs du continent. Ils sont plus de 25 fois plus gros que nous et pourtant, entre 2015 et 2023, nous avons réussi à porter notre part de marché de 4,4 à 5,1 dans l’Union européenne », se félicite-t-il.
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Pourtant, les marges restent faibles. Les bananes africaines, conformes aux normes strictes de qualité, sont achetées à bas prix, notamment par rapport à d’autres fruits. « Nous produisons une banane propre et pourtant, c’est le fruit le moins cher sur les étals, déplore Jean-Marie Kakou-Gervais, président de l’Obam-CI (Organisation des producteurs exportateurs de bananes en Côte d’Ivoire). Une pomme produite en Normandie et vendue à Paris coûte deux à trois fois plus cher que notre banane, qui parcourt des milliers de kilomètres dans des conditions de transport techniques contraignantes. »
Malgré ces difficultés, la Côte d’Ivoire, premier producteur africain avec 382 000 tonnes de bananes par an, s’engage à améliorer les conditions de vie des 45 000 travailleurs du secteur. En septembre dernier, un accord a été signé pour harmoniser les pratiques salariales et instaurer un salaire décent d’ici à 2026. « Avec l’inflation, le salaire actuel ne nous permet plus de vivre convenablement, juge Koffi Blaise, président de la Fédération des travailleurs de la filière. Nous réclamons un salaire qui nous assure une vie décente. Il est temps que producteurs et travailleurs se mettent à la table des négociations. »
En huit ans, la valeur réelle du kilo de banane a chuté de 20 %. Pour certains producteurs et exportateurs, l’instauration d’un salaire décent reste conditionnée à une revalorisation du prix d’achat sur le marché européen.
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Lors de la COP26, le premier JETP (Partenariat pour une transition énergétique juste) voyait le jour : un partenariat où les pays occidentaux s'engageaient à soutenir financièrement la transition énergétique sud-africaine à hauteur de 8,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros). La somme promise atteint désormais près de 13 milliards de dollars, selon la Commission présidentielle pour le climat, avec des engagements additionnels d’autres pays. Mais les défis sont encore nombreux à surmonter.
De notre correspondante à Johannesburg,
Depuis le premier JETP, un plan d’investissement a vu le jour, estimant à plus de 90 milliards d’euros les besoins afin de réaliser une transition énergétique d’ici à 2027. Outre que la somme du partenariat initial est donc loin du compte, et qu’elle est constituée principalement de prêts et non de subventions, la distribution des fonds est aux yeux des autorités sud-africaines trop compliquée. « Chaque pays amène de l’argent de façon séparée, déplore Joanne Yawitch, qui gère le financement des projets au sein de la présidence. Ce n’est pas comme si on avait directement accès à une somme globale. Les contributions britanniques sont accordées de telle façon, les contributions américaines à travers un autre mécanisme, et pour d’autres objectifs… On a affaire à un ensemble d’investissements assez complexe, avec chaque pays qui utilise sa méthode habituelle de financement avec l’Afrique du Sud. »
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Du côté de la société civile, on regrette déjà un manque de transparence au niveau de la distribution des subventions, mais aussi lors du choix des trois volets prioritaires — décarbonation de l’électricité, véhicules électriques et hydrogène vert. « Je pense qu’il y a eu beaucoup de scepticisme du fait que les secteurs prioritaires aient été sélectionnés avant d’avoir consulté les citoyens, constate Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER). Par exemple, pour l’instant, en ce qui concerne les subventions, il y a eu davantage d’argent dépensé pour le secteur de l’hydrogène vert que pour le développement de nouvelles compétences. On peut donc se questionner sur ces choix, et se demander si les pays donateurs viennent avec leurs idées prédéterminées ou s’ils écoutent pour savoir ce qui peut fonctionner le mieux en Afrique du Sud. »
Après de nouvelles consultations, un plan d’action a finalement inclus d’autres volets à financer. Mais depuis, Pretoria a aussi décidé de retarder de six ans la mise hors service d’au moins trois de ses centrales. Il n’est pas évident pour le pays, qui produit près de 80 % de son électricité à base de charbon, d’effectuer une transition rapide. « Nous avons eu des problèmes de pénurie d’énergie en Afrique du Sud, explique Seutame Maimele, de l’institut de recherche TIPS (Trade and industrial policy strategies). Donc, la question de la sécurité énergétique est un sujet-clé. Et on sait aussi qu’il y aura beaucoup de travailleurs de la filière du charbon qui seront touchés, surtout dans la région du Mpumalanga. En tout, on parle de 150 000 à 200 000 emplois qui dépendent de la filière. »
Juste en amont de la COP29, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un déblocage de 400 millions d’euros, un prêt qui fait partie des promesses de la COP26, et qui devrait servir à soutenir les dimensions « justes » de la transition. Mais l’exemple raté de la transformation du site de la centrale de Komati, projet financé par la Banque mondiale et qui n’a que peu profité aux populations locales depuis 2022, renforce les doutes des communautés sud-africaines vivant du charbon.
Beaucoup d’autres questions restent en suspens, comme le choix du futur mix énergétique du pays. Mais le plus gros pollueur du continent sera bien obligé de transformer ses moyens de production, s’il veut continuer à exporter vers l’Europe malgré la taxe carbone aux frontières.
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Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), suite aux offensives des rebelles du M23, le prix des denrées alimentaires a grimpé dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, qui compte plus d'un million d'habitants. Les aliments les plus consommés, comme les pommes de terre et les haricots, ont vu leur prix doubler sur les marchés de Birere et Kituku, dont dépendent les Gomatraciens.
De notre correspondant à Goma,
Au marché des produits vivriers de Birere, les commerçants se plaignent du manque de clientèle. Mais aussi des taxes imposées par les groupes armés, qui ont fait grimper les prix en RDC. « Cette qualité de haricots multicolores se vend à 65$ par sac, le haricot rouge à 70$, un sac de pommes de terre se négocie à 95$ ! », observe l'un d'eux, Bahufite Ntihemuka.
En raison de la baisse de la production dans les régions de Masisi, Rutshuru et de la fermeture des routes, les produits vivriers sont de plus en plus rares à Goma. Grossiste en pommes de terre sur ce marché de Birere, Neema Ngarukiye a du mal à écouler sa marchandise, trop chère, et a aussi du mal à se la procurer : « Avant la guerre, je déchargeais dix camions par jour. Aujourd'hui, je ne parviens même pas à vendre un camion. »
Haricots, légumes, pommes de terre, les aliments les plus consommés à Goma ont vu leur prix doubler. Cette inflation nuit au pouvoir d'achat des familles. Assise sur une pierre volcanique devant son petit commerce d'habits féminins dans le quartier Ndosho, à l'ouest de Goma, Céline Mbuhu affirme qu'aujourd'hui, elle a des difficultés à nourrir ses enfants :
« Nous vivons difficilement à cause de la guerre du M23. Auparavant, même avec mes sept enfants, je pouvais facilement m'approvisionner pour le repas du soir avec 5 000 francs congolais [1,7$]. Aujourd'hui, c'est quasiment impossible. »
Depuis l'avancée des rebelles du M23 qui ont encerclé la ville de Goma, l'approvisionnement en vivres est devenu un casse-tête. À une dizaine de kilomètres, au bord du lac Kivu, le marché de Kituku est devenu le seul espoir pour la survie de Goma. Les produits alimentaires quittent le territoire de Masisi, Minova et Buzi-Bulenga, dans la province du Sud-Kivu, et ils arrivent en masse chaque lundi et jeudi, jours de marché. Zawadi Emilliane est une commerçante qui traverse le lac Kivu, pour y vendre ses bananes plantains :
« J'amène au moins dix régimes de bananes et si je gagne beaucoup, j'obtiens 10 000 francs CFA », se félicite-t-elle. Même le charbon, qui venait de Masisi et Rutshuru, provient désormais de Kalehe. « Il y a beaucoup d'activité au marché de Kituku, observe son président Chance Kanane. Les ventes de charbon de bois peuvent dépasser les 5 000 sacs le lundi et le jeudi, jours de marché. »
En attendant la fin de la guerre et la réouverture de la route Goma-Sake-Minova, la voie maritime sur le lac Kivu est devenue capitale pour approvisionner la population de Goma, grossie par les déplacés des alentours.
Le Congo s’apprête à lancer les travaux de construction d’un nouveau barrage, celui de Sounda, dans le sud du pays. Le but est d’augmenter l’offre d’électricité dans un pays qui connaît d’importantes coupures et un faible taux d’industrialisation.
De notre correspondant à Brazzaville,
La rivière Sounda abritera ce nouveau barrage, dont le coup d’envoi des travaux de construction sera donné en janvier 2025. Il est situé dans le Kouilou, la région qui abrite Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Les travaux s’étaleront sur cinq ans et seront réalisés par l’entreprise chinoise China Overseas Company Limited. La production attendue est entre 600 et 800 mégawatts. « C’est un barrage, un grand ouvrage de travaux publics et même de grands travaux, commente Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Il a un coût élevé qui peut tourner autour de 1 300 milliards de FCFA [plus de 1,9 million d’euros]. Les mécanismes de financement sont huilés avec les grands partenaires que sont nos amis chinois », indique-t-il.
En cette période de restructuration des dettes africaines, le recours au préfinancement chinois a probablement eu la faveur des autorités congolaises, estime l’analyste économique Alphonse Ndongo. « Par ces temps d’assèchement financier au Congo, je ne vois pas où est-ce que le gouvernement peut trouver des fonds pour financer la construction de cet important barrage. C’est un préfinancement chinois et je pense qu’il doit s’asseoir sur le modèle qu’on appelle build-operate-transfer, qui veut simplement dire que vous construisez, vous exploitez et cela vous permet de vous faire rembourser selon une période de concession que l’État va certainement trouver entre lui et l’opérateur chinois ».
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Officiellement, le Congo produit déjà 720 mégawatts, mais une bonne partie se perd dans le réseau de distribution, mal entretenu, selon les spécialistes. La production de Sounda s’ajoutera à cette puissance. « Cela va doper l’offre de fourniture d’énergie aux ménages, anticipe Alphonse Ndongo. Mais aussi, dans un contexte où l’on parle d’industrialisation, à l’orée de la Zlecaf [Zone de libre échange continentale africaine, Ndlr], c’est-à-dire le marché de libre échange, il faut bien que le Congo ait des propositions en matière d’industrie à faire ».
« L’électricité est un facteur important, renchérit Mermans Babounga de l’Observatoire des droits des consommateurs. Et, si on veut attirer les investissements directs étrangers, il faut que l’offre d’électricité soit suffisante dans le pays. Donc, nous avons bon espoir qu’avec la construction du barrage de Sounda, le pays va attirer de gros industriels qui viendront investir dans le pays. Et, cela va participer à créer des emplois que les jeunes attendent ».
Le Congo produit déjà plus d'électricité que ses besoins en consommation locale. Mais il en exporte une partie et son réseau électrique n’est pas suffisamment développé pour desservir l'ensemble de la population.
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Au Sénégal, c’est une année noire pour les transformateurs de noix de cajou et cette industrie balbutiante. Alors que plusieurs entreprises agro-industrielles locales ont misé sur le secteur de l’anacarde, espérant reproduire le succès ivoirien, c’est tout l’inverse qui se passe cette année. Entre hausse des prix de la matière première et une mauvaise récolte, quasi l’intégralité des entreprises de transformation de la noie de cajou risque de mettre la clef sous la porte.
Avec notre envoyée spéciale en Casamance,
« Ici, on est au département du décorticage ». Iman Drame, directeur d’une usine de transformation de noix de cajou, nous guide dans son entrepôt. À sa gauche, un tapis roulant, une machine à trier, mais depuis le mois de mai dernier, tout est à l’arrêt. « Nous sommes en arrêt de production faute de matière première parce que cette année la matière première a été très chère, il y a eu des spéculations, ce qui fait que nous n’avons pas pu acheter pour pouvoir travailler », explique-t-il.
Cet entrepreneur de 54 ans, qui a monté son entreprise à Ziguichor en 2004, décrit le cercle vicieux auxquels font face les transformateurs de cajou. Une mauvaise récolte, 50, voire 60% de cajou en moins cette année suite à des vents chauds au moment de la floraison, avec pour résultat des noix de cajou devenues impayables voire inaccessibles. Car elles sont vendues au prix fort à la concurrence étrangère plutôt qu’aux entreprises de transformations sénégalaises. Iman Drame a dû mettre huit employés au chômage technique et interrompre le contrat de 90 journalières.
Pour Jacques Birham Seck, à la tête d’Ethicajou, un transformateur équitable à 180 km de là, près de Kolda, c’est encore pire. « C’est le licenciement pour motif économique pour les 19 permanents que nous avions, mais également pour la centaine de femmes qui intervenaient comme journalières dans les différentes sections de la transformation. Elles aussi ont été obligées d’être arrêtées », regrette l’entrepreneur. « Donc cela a des conséquences très lourdes d’un point de vue socio-économique, surtout dans une des régions les plus pauvres du Sénégal où il n’y a presque pas d’industrie de transformation qui embauche autant », souligne-t-il encore.
En cause, l’absence de mesures protectionnistes pour éviter que les producteurs de cajou ne vendent au plus offrant ailleurs, estime Boubacar Konta. « C’est l’État qui a la capacité de faire la régulation, dans tous les pays où le cajou a eu vraiment un succès, c’est avec l’implication de l’État qui a pris des mesures comme des mesures d’agrément pour connaître quels sont les exportateurs, et qui fait quoi », analyse le président de l’Interprofession cajou du Sénégal.
Un plaidoyer sur le modèle de la Côte d’Ivoire a été transmis aux autorités. Parmi les demandes, celle d’imposer une taxe aux exportateurs pour encourager ces derniers à vendre en priorité aux transformateurs sénégalais. Le gouvernement promet d’appliquer la mesure pour la saison l’année prochaine. D’ici là, les entreprises se serrent la ceinture pour réussir à tenir sans mettre définitivement la clef sous la porte.
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Les États de la nouvelle Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina, Niger) ont annoncé vouloir quitter la Cédéao en janvier dernier. Une décision qui pourrait donc être effective début 2025. Une décision politique, mais qui aurait nécessairement des implications économiques. Dans la région, les acteurs économiques font leur lobbying pour maintenir les liens avec leurs partenaires de l’AES et leur maintien dans la Cédéao.
6,7 millions de Ouest-Africains vivaient dans un autre pays que le leur au sein même de la Cédéao en 2020, selon l’ONU. Un grand nombre vivent ainsi en dehors de chez eux pour travailler et l’une des premières destinations est la Côte d’Ivoire. La situation est scrutée par le Dr Vaflahi Méité, directeur général de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères ivoirien. « Pour la Côte d'Ivoire, les pays de l'AES, ce sont nos frères et nos clients naturels. Jusqu'à une époque récente, la plupart des importations des pays de l’AES se faisaient à travers le port d'Abidjan. Et ça, ça ne va pas changer », assure-t-il. Le diplomate se veut optimiste. « Il y a des ressortissants de ces pays qui vivent en Côte d'Ivoire et qui sont très nombreux. Il y a beaucoup de Maliens, beaucoup de Burkinabè, beaucoup de Nigérians qui vivent en Côte d'Ivoire. Donc, au-delà des aspects politiques, les peuples restent, les peuples font toujours des affaires ensemble », souligne-t-il.
La potentielle sortie des États de l’AES de l’organisation régionale inquiète cependant les transporteurs. La mise en place de la Cédéao a permis la libre circulation et la levée de nombreuses barrières sur le commerce : assurances, droits de douanes et de transits. « C'est un sujet qui nous préoccupe au plus haut point », confie Daouda Bamba, le secrétaire général de l’Union des conducteurs d’Afrique de l’Ouest.
Si l’organisation est apolitique, elle n’hésite pas à faire du plaidoyer auprès des autorités via des rencontres pour expliquer notamment les réalités de ces professionnels. « Notre organisation, bien sûr, quand il va s'agir de défendre les conducteurs routiers, alors partout, nous faisons passer des messages pour pouvoir faciliter la situation. C'est pour cela que nous prions à l'accalmie. Nous sommes des conducteurs routiers qui ne demandent que la libre circulation », insiste ce représentant des routiers.
Le secteur privé regrette également cette situation. Faman Touré est le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d’Ivoire. Les dernières semaines ont été très actives, assure-t-il : « Le secteur privé s'est engagé pour parler à nos autorités de telle sorte qu'une solution soit trouvée. Donc, nous faisons des rencontres. Ce n’est peut-être pas sur le plan public, mais en tout cas, en privé, nous faisons des démarches vers nos chefs d'État, vers nos ministres afin que l’on puisse trouver des solutions. Nous ne souhaitons pas que ces trois pays quittent la Cédéao parce que c'est l'espace économique qui va prendre un coup. »
Un point de vue partagé au sein des différentes chambres de commerce de la région, affirme Faman Touré : « Au niveau des chambres de commerce de la Cédéao, nous avons eu des échanges et nous avons dit qu’il faut nécessairement amener nos autorités à trouver une solution. Et nous n'allons pas en tout cas nous arrêter là, nous continuons. »
La brouille entre le Niger et le Bénin a conduit à la fermeture de la frontière et empêche la tenue habituelle du commerce transfrontalier. Cette situation présage des difficultés qui pourraient toucher la Cédéao en cas de sortie effective de l’AES de l’organisation régionale.
Un accord a été signé entre les autorités nigériennes et le fournisseur d’accès à internet par satellite, propriété du milliardaire américain Elon Musk, Starlink, qui est autorisé après avoir été longtemps interdit. Objectif : couvrir la quasi-totalité du territoire et améliorer la connectivité dans un pays où le taux de couverture internet est encore très faible.
Que ce soit en 2G, 3G ou 4G la couverture internet ne dépasse pas le tiers du territoire au Niger. Après des années de refus, les autorités ont donc dit oui à Starlink. Avantage principal de l’offre : du haut débit à un tarif abordable avec 200 Mb/s pour environ 25 000 FCFA par mois. Un tournant pour les entreprises nigériennes, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché : « Ce qui va changer avec Starlink, c’est que le déploiement du haut débit sera très important pour le secteur de l’entrepreneuriat. Beaucoup de chefs d’entreprises se plaignent de la mauvaise qualité des offres existantes. Avec Starlink, cette crainte sera levée, les entreprises vont pouvoir développer leur business ».
Longtemps, les autorités nigériennes ont craint l’utilisation de ce réseau par les groupes terroristes, mais le rapport bénéfice-risque semble avoir changé. « Avec un acteur comme Starlink, le problème de la couverture est résolu », assure Antony Adopo, spécialiste du numérique en Afrique.
Il explique que la stratégie de Starlink sur le continent a également évolué. Le fournisseur d’accès envoie désormais ses équipes négocier pour convaincre un à un les pays africains. « Starlink a contacté plusieurs États afin de rassurer sur les différentes craintes qu’ils peuvent avoir, comme le respect de leurs cadres réglementaires, explique Antony Adopo, il y a eu plusieurs étapes. La première, c’est quand les pays ont constaté que Starlink opérait sur leurs territoires sans y avoir été autorisé, donc il y a eu une levée de boucliers pour dire que c’est contraire à la loi. Ensuite, discussions entre les gouvernements et l’opérateur. Et une fois qu’ils se sont compris, troisième étape : acceptation de ce nouvel acteur ».
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Reste le défi de la souveraineté numérique. Comment seront contrôlées les données collectées et les communications qui transiteront par le réseau ? De nombreux pays comme le Cameroun, ou la République démocratique du Congo refusent encore d’autoriser Starlink. « Les pays, en réalité, n’interdisent pas Starlink, mais réfléchissent à comment faire venir cet acteur-là tout en préservant l’écosystème local, assure Antony Adopo, il y a des opérateurs locaux qui investissent depuis longtemps, qui ont besoin de beaucoup de budget pour pouvoir connecter tout le monde. C’est cette équation qui est en réflexion dans la plupart des pays africains ».
Après le Libéria récemment, le Niger deviendra le 15ᵉ pays africain à autoriser Starlink sur son territoire. Au Kenya, ce lundi 4 novembre, l'opérateur américain a suspendu toute nouvelle souscription invoquant une surcharge de son réseau.
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En Côte d’Ivoire, la deuxième édition du Sica, le Salon international du contenu audiovisuel d’Abidjan, s’ouvre ce mardi 5 novembre. Dans le pays, cette industrie représente 3 % du PIB. À travers ce salon, les professionnels veulent continuer de faire évoluer ce secteur qui manque encore de ressources humaines, faute, notamment, de visibilité.
Dans un salon, deux experts-comptables racontent leur métier. C’est la première séquence d’un podcast vidéo, enregistré par une société de production. Derrière la caméra, Aimé, la trentaine, est un cadreur autodidacte. Il participe à une formation pour enrichir son parcours. « Je voulais essayer de maîtriser le vocabulaire de ce métier, essayer de connaître les différentes étapes. Ça m’a permis au moins d’apprendre la rigueur du métier », confie-t-il.
Cette formation met l’accent sur la postproduction. « Quand je suis dans mon poste de montage, je suis dans mon univers », se réjouit Penda Ndiaye. Elle a quitté une chaîne de télévision privée au Sénégal, pour se former au montage de longs formats. « Avant, je ne faisais pas de montage de film/série, documentaire et autre. Je faisais juste du montage de reportage et d’émissions. On m’a appris comment monter un film, comment on fait un documentaire, les séries, etc. En plus, j’ai appris le métier de script-plateau ». Cette formation est initiée par Créative Lab.
Créative Lab est une structure créée il y a huit ans, pour accompagner l’industrie audiovisuelle. Ce besoin est à l’origine parti d’un constat : le manque de ressources humaines dans ce domaine. « Pas mal de sociétés de production en Côte d’Ivoire sont obligées de faire venir de la main-d’œuvre de l’extérieur, notamment du Sénégal, du Maroc, du Burkina Faso, ou de la France, relève Charly Kodjo, producteur et co-fondateur de Créative Lab. On manque de scénaristes, de bons réalisateurs, on manque de directeurs photo, on manque de monteurs, on manque d’ingénieurs du son… sur toute la chaîne de valeur, il y a un besoin de renforcer les ressources humaines ».
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Son associée dans ce projet, Cynthia Nassardine, est actrice et productrice. Selon elle, ce secteur est en pleine expansion. « C’est vrai qu’on vit beaucoup de subventions étatiques, mais petit à petit, le secteur privé commence aussi à s’intéresser à notre industrie. Ce qui crée beaucoup plus de facilité d’expansion, donc aujourd’hui, on peut en vivre », explique-t-elle.
Au-delà des productions pour des entreprises privées, les débouchés concernent également la réalisation de séries pour les chaînes de télévision. À cela s’ajoute, un réseau de salles de cinéma, qui progressivement s’étend dans la capitale économique ivoirienne.
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Routes, lignes électriques, écoles ou centres de santé, l’Afrique a besoin d’investissements privés. En 2023, les investissements directs étrangers étaient stables sur le continent – tandis qu’ils dégringolaient dans d’autres régions du monde – atteignant environ 48 milliards de dollars selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Si les statistiques ne sont donc pas encore au rendez-vous des besoins, des signaux semblent pourtant au vert. Un regain d’intérêt des investisseurs vers le continent paraît se confirmer.
L'agence de notation Standard & Poor's a récemment relevé la note de la Côte d'Ivoire à BB. Un signal pour Stanislas Zézé, à la tête de l'agence de notation africaine Bloomfield, que l'évaluation du risque sur le continent est en train d’évoluer. « La raison pour laquelle les gens avaient du mal à venir ou étaient un peu sceptiques, c'était à cause de comment ils évaluaient le risque, pas le risque réel, mais la perception des risques qu'ils avaient. Et cette perception évolue de façon significative », analyse ce spécialiste de la finance.
Pour lui, d’autres facteurs interviennent. « Il y a un potentiel extraordinaire parce qu’il y a tout à faire ici. Donc, évidemment, le développement est de plus en plus rapide, les taux de croissance sont parmi les plus élevés au monde et le risque est mieux maîtrisé aujourd'hui parce que mieux compris. En termes même de remboursement, les Africains ne sont pas les moins crédibles. C'est tout ça qui crée une vraie dynamique d'investissements sur le continent », ajoute-t-il.
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Autre événement, la levée de fonds d'Ecobank sur le London Stock Exchange. Ce n'était pas arrivé pour une banque africaine depuis 2021. Les marchés ont ainsi investi 400 millions de dollars. Proparco, filiale de l'Agence française de développement, s'était positionnée comme référent sur cette opération. « Comme ces marchés financiers étaient attentistes et un peu fermés, il a été convenu qu’il faudrait que des investisseurs anchor, c'est-à-dire des investisseurs de référence qui travaillent depuis très longtemps avec elle — donc qui connaissent bien la banque, qui apprécie son impact et sa solidité —, que ses investisseurs puissent envoyer un peu un signal aux marchés en avance pour dire : nous, on a confiance dans cette banque », explique Emmanuel Haye, responsable du département institutions financières.
Ce qu’a donc fait Proparco et d’autres partenaires. « Très vite, on a pu annoncer qu'on allait investir 20 millions de dollars aux côtés d'autres investisseurs anchor, et donc ça, ça a permis certainement que les investisseurs trouvent cette opération intéressante et qu’ils y souscrivent », ajoute encore Emmanuel Haye.
Pour Stanislas Zézé, il ne fait aucun doute, investir en Afrique est rentable. « Si vous regardez les 400 millions de dollars qui ont été empruntés par Ecobank, c'est à 10%. Je ne sais pas où en Europe vous ferez de l'investissement avec un retour à 10%, insiste-t-il. Ça m’étonnerait. Donc évidemment, le continent devient de plus en plus attractif. »
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Des investisseurs étrangers, dont l'une des têtes de pont, J.P. Morgan, vient d'annoncer vouloir s'installer prochainement en Côte d'Ivoire et au Kenya. « Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est en effet avec la baisse des taux, le retour des États souverains sur les marchés internationaux, et c'est ça que vient cibler J.P. Morgan, qui va arranger la levée de ressources pour ces États souverains ou les très grandes entreprises », confirme Emmanuelle Haye.
Parmi les opérations remarquées cette année et qui semblent confirmer le regain d'intérêt des investisseurs pour le continent, le retour de la Côte d'Ivoire et du Bénin sur les marchés internationaux.
La Côte d'Ivoire veut miser sur son tourisme. Grâce à sa feuille de route « Sublime Côte d’Ivoire », elle espère attirer cinq millions de touristes par an. Pour sa promotion, elle sillonne les grands événements comme le salon du tourisme Top Resa à Paris. Le ministre du Tourisme ivoirien se fait volontiers l'ambassadeur de son pays pour en faire le hub régional de l'Afrique de l’Ouest.
« Oublier la Côte d'Ivoire, ce n'est plus possible. Il faut faire avec », annonce en souriant le ministre du Tourisme, Siandou Fofana. Il égrène les avantages de la destination Côte d'Ivoire : sa géographie, sa stabilité politique et son climat de paix. En plus de cela, il met en avant les efforts réalisés par les autorités sur la question des infrastructures pour ambitionner de devenir un hub régional.
« C'est se doter d'infrastructures modernes, d'abord des infrastructures de transport aérien. La Côte d'Ivoire, c'est un aéroport international qui est en pleine mutation », détaille-t-il. La première phase de travaux doit permettre l'accueil de cinq millions de passagers, et dans une deuxième phase, atteindre les 10 millions.
Autre stratégie des autorités ivoiriennes : se doter d'une compagnie aérienne solide, Air Côte d'Ivoire, qui « s'étoffe avec l'acquisition d'une flotte qui est de la génération la plus récente ». Puis, « tout un maillage des infrastructures routières modernes et réhabilitées avec la construction de routes neuves », poursuit Siandou Fofana.
La Côte d'Ivoire propose des offres touristiques balnéaires classiques, mais elle met également en avant ses nouveaux circuits culturels. Aujourd'hui, le pays attire de manière importante le tourisme d'affaires. Cela passe par l'implantation des sièges et bureaux régionaux de grandes entités et d'institutions internationales comme la Banque africaine de développement, du FMI ou de la Banque mondiale.
« Toute chose qui nous confère une position géostratégique et qui fait que tous les acteurs qui négocient leurs dossiers sont obligés de passer par Abidjan », insiste le ministre. Abidjan accueille par ailleurs la bourse régionale des valeurs, ce qui en fait « une place boursière de premier ordre de la région ». Pour tenter de répondre aux besoins, le gouvernement s'est ainsi doté d'un parc d'exposition et a augmenter la capacité hôtelière.
Mais la destination souffre encore de l'impact des crises sécuritaires vécues. Les autorités, afin d'attirer plus de visiteurs, ont lancé une nouvelle offensive communicationnelle, avec l'ouverture de 15 bureaux du tourisme dans le monde. « L'objectif pour nous, c'est de susciter l'envie des gens de venir en Côte d'Ivoire », explique Fatime Camara, la directrice du bureau implanté en France. Et pour cela, l'innovation et les technologies sont mises à contribution. « Nous travaillons beaucoup sur l'intelligence artificielle (IA) pour faire la promotion de la Côte d'Ivoire. Nous avons des cartes de réalité virtuelle qui permet d'aller faire des visites en immersion de la basilique, de la cathédrale, des plages d'Abidjan. À Top Resa, on avait la possibilité d'aller visiter un village artisanal par exemple », met-elle en avant.
La Côte d'Ivoire mise également sur les retombées à long terme de l'organisation de la CAN, grâce à la visibilité que l'événement lui a donnée et aux 1 500 milliards de francs CFA investis à cette occasion. En 2022, le tourisme contribuait à hauteur de 6% au PIB. Les autorités espèrent un bond à 8% cette année.
En Afrique du Sud, les producteurs de platinoïdes sont dans une très mauvaise passe. Les cours du palladium et du rhodium, des métaux moins demandés avec le passage des véhicules à l'électrique, ont vu leur cours plonger, après avoir atteint des sommets. La bulle éclate et se retourne contre les groupes miniers producteurs de ces métaux précieux, qui emploient plus d’un tiers des salariés du secteur minier en Afrique du Sud, premier producteur mondial de platinoïdes.
La chute des prix des platinoïdes a forcé plusieurs grands groupes miniers à se restructurer depuis deux ans en Afrique du Sud. Fermetures de puits, pertes d'emploi... L'entreprise Sibanye Stillwater a dû se séparer de 12 000 de ses 80 000 salariés. « À partir de 2023, nous avons assisté à une baisse des prix de ces matières premières, les principaux platinoïdes que sont le platine, le palladium et le rhodium, explique Charl Keyter, directeur financier du groupe. Et je pense que cela s'explique en grande partie par l'opinion largement répandue selon laquelle tout le monde va se tourner vers les véhicules électriques. »
Ces platinoïdes sont en effet principalement utilisés dans l'industrie automobile, pour confectionner les pots catalytiques des voitures thermiques. La pandémie de Covid-19, puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, second producteur de ces métaux, avaient poussé de nombreux constructeurs à faire des réserves auprès des mines sud-africaines, faisant exploser les prix.
« Pendant le Covid, nous avons vu le prix des métaux du groupe du platine grimper à des niveaux jamais imaginés. Jusqu'à trois fois supérieurs à leur précédent record historique, rappelle Peter Major, analyste du secteur. Maintenant que ces prix ont baissé et sont revenus à des niveaux plus normaux, cela met l'industrie sous forte pression, car il y avait eu de grosses augmentations de salaires, de grands projets d'investissement, et des acquisitions très coûteuses à l'étranger. »
Les prix semblent s'être à présent stabilisés, et ces entreprises minières sont soulagées d'y voir un regain d'intérêt pour les voitures hybrides. Mais elles continuent d'espérer que la transition écologique jouera davantage en la faveur des véhicules à hydrogène, qui nécessitent des platinoïdes.
« Nous pensons vraiment que l'hydrogène est une source d'énergie intéressante et qu'elle se développera au cours de la prochaine décennie, juge Craig Miller, PDG d'Anglo American Platinum, premier producteur mondial de platine. Le rôle que les platinoïdes peuvent jouer, c'est d'abord dans la production d'hydrogène, et à plus long terme – pas pour le moment –, dans les voitures à pile à combustible. »
Un optimisme que ne partage pas un certain nombre d'analystes, face à la lenteur de la progression, depuis 30 ans, des technologies utilisant l'hydrogène.
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