Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent chaque jour en deux minutes une photographie sonore d'un événement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour. Diffusions : Lu à Ve vers l'Afrique à 05h48, 07h51, 09h51. Vers le monde à 05h34, 06h34, 08h20, 20h18. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/
Le 24 décembre, des milliers de chrétiens vont se rassembler pour la messe de minuit à Lubumbashi. Mais en raison de la situation sécuritaire jugée précaire, dans la ville, le culte du 24 ne sera pas célébré, comme le veut la tradition à minuit, mais plutôt entre 18 et 20 heures. Et pour marquer cet événement, des chorales s’y préparent déjà depuis une dizaine des jours. Denise Maheho est allée à leur rencontre.
De notre correspondante à Lubumbashi,
Dans l’enceinte de la paroisse catholique Saint-Laurent à Lubumbashi, une trentaine des chanteurs de la chorale Mwanga, sont en pleine répétition. Cette chorale, qui existe depuis 32 ans, s'apprête à animer la messe de Noël mardi soir.
« Nous chanterons le 24 décembre à 19h00. Le répertoire comprendra de nouvelles chansons et des anciennes chansons. Nous alternons pour ne pas perturber les chrétiens, vu que nous ne chantons que le 24 décembre, une fois par an », nous explique Hortense Kibwe, la présidente.
La tenue des membres de la chorale Mwanga fait également partie de la célébration de la fête de la nativité de Jésus, comme le raconte Hortense Kibwe.
« Nous avons toujours eu de tenues particulières. Comme là, nous allons mettre des toges de couleur blanche et verte. Il y a un membre qui s’est porté garant pour nous habiller cette année », nous raconte-t-elle.
Plus loin, la chorale de l’Église pentecôtiste Porte des Cieux s’apprête surtout à mettre de l’ambiance au cours du culte de la nativité. Et cela fait 15 jours qu’on s’y prépare. Julie Mangaza, la vingtaine, est très motivée.
« Il y aura vraiment beaucoup d’ambiance, beaucoup de temps d’action de grâce, beaucoup de louange et d’adoration », se réjouit-elle. Puis d'entonner, « je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut, ensemble louons le Seigneur, Il est vivant ».
En l’Église Méthodiste Unie, une des plus grandes Églises de la ville, là aussi, toutes les chorales sont en effervescence. Une dizaine de jeunes de la paroisse Jérusalem apprennent un nouveau morceau. Sa guitare à la main, le maître de chant s’assure que tout le monde maîtrise non seulement la mélodie, mais aussi les paroles. Et Stéphane, secrétaire du groupe, pense surtout à la qualité du son.
« Nous avons demandé qu’on revoie la sonorisation, parce que l'on sent dès maintenant qu'il y a trop d’écho, et c’est ce qu’on veut éviter. L'objectif est que la journée se passe sans heurts », déclare Stéphane.
Pour la plupart des choristes, chanter à la fête de la Nativité est un événement à ne pas rater.
Alors qu’Uber a jeté l’éponge il y a six ans déjà, d’autres applications de transport à la personne opèrent au Maroc comme Careem, Yango ou InDrive. Le vide juridique concernant cette pratique commerciale provoque toujours de nombreuses situations de conflits entre chauffeurs de taxi et chauffeurs particuliers.
De notre correspondant à Casablanca,
Moustafa parcourt les artères de Casablanca depuis 5 heures du matin dans son petit taxi rouge aux sièges défraîchis. Il est chauffeur depuis plus de 10 ans. Selon lui, le métier devient de plus en plus pénible, entre les bouchons casaouis qui lui rendent le quotidien difficile et l’essor des applications de transport qui l’inquiète. Pour lui, ces applications devraient être réservées uniquement aux taxis rouges.
« Le problème, c’est que des véhicules personnels arrivent sur ce marché et les chauffeurs de taxi sont obligés de partager leur clientèle avec ces nouveaux acteurs, ça va réduire notre pouvoir d’achat, et ça nous fatigue au quotidien, dénonce le chauffeur de taxi. Il faut réguler, réguler le système de transport urbain, et c’est l’État qui doit le faire. »
Sur la toile, les vidéos se multiplient montrant des chauffeurs de taxi lancer des attaques verbales ou physiques contre les conducteurs utilisant ces applications avec leur véhicule personnel, qu'ils accusent de ne pas respecter la loi. Le mois dernier, la presse marocaine a largement relayé l’histoire d’un ressortissant russe qui s’est interposé pour séparer un chauffeur de taxi et un chauffeur de VTC. Le chauffeur de taxi a été mis aux arrêts. À Casablanca, Youssef, chauffeur de voiture particulière âgé de 65 ans, a appris à éviter ses collègues taxis. « Ça fait deux ans que je fais ce travail-là — ou ce service-là, témoigne-t-il. Au début, on avait beaucoup de problèmes, maintenant, j'évite les chauffeurs [de taxi], j’évite la police, j’essaye de l’éviter. »
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Les applications qui opèrent au Maroc sont nombreuses : Yango, inDrive ou encore Careem. Mais ces entreprises n’ont toujours pas réussi à convaincre les autorités de légiférer pour permettre aux chauffeurs privés de travailler légalement. C’est ainsi qu’Hicham, chauffeur InDrive à Marrakech, s’est fait retirer son permis.
« J’ai été dénoncé par les taxis. Eux, ils ne voulaient pas que ces applications travaillent ici, au Maroc, explique le chauffeur InDrive. J’ai été arrêté, j’étais choqué. Bien sûr, les clients aussi ont été choqués par ce geste-là, ils m’ont pris mon permis pour trois mois. Ce n’était pas facile pour moi parce que c’est ma seule source pour avoir de la monnaie. Bien sûr, ma voiture a été confisquée et j’ai payé une pénalité ».
Pour éviter les problèmes, les clients des applications sont invités à s’assoir à l’avant et régler la course le plus discrètement possible. Situation paradoxale : bien que les chauffeurs de VTC travaillent toujours dans l’illégalité, certaines applications, comme l’américaine InDrive, affichent leurs publicités dans la rue. En avril dernier, le groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme a adressé une question formelle au ministre de l’Intérieur au sujet de ce vide juridique.
À écouter dans Grand reportageLivreurs sans-papiers, chauffeurs mal-payés, quand le modèle Uber vacille
Du 20 au 22 décembre se tient à Dakar la 3ᵉ édition du Salon du livre féminin. Derrière cette rencontre, le collectif les Cultur’elles qui cherche à promouvoir les industries culturelles au féminin au Sénégal et en Afrique. Au programme : stands de livres, panels de discussion ou encore remises de prix. Avec toujours l’idée que les femmes sont les mieux à même de raconter les femmes.
De notre correspondante à Dakar,
Au programme ce vendredi 20 décembre matin du Salon du livre féminin à Dakar, un panel sur les femmes et l’immigration clandestine, ainsi que la présentation d’un recueil de nouvelles. La romancière et scénariste Amina Seck coordonne les derniers détails. Avec son collectif les Cultur’elles, c’est elle qui a créé le salon au Sénégal, en partant de sa propre expérience. « En tant que romancière, j’arrive dans ce milieu, mais je ne suis pas au courant des activités littéraires et des événements littéraires, comme un Salon du livre, témoigne-t-elle. Et quand je suis au courant, j’y vais en tant que spectatrice, mais pas en tant qu’actrice. Les femmes n’étaient pas mises en avant ou bien peu de femmes étaient mises en avant. Et surtout, c’étaient des femmes qui étaient déjà connues, qui ont publié des livres depuis longtemps, depuis les années 1980. » Un des objectifs du salon : renouveler la littérature féminine et proposer de nouveaux noms en dehors des classiques, comme Mariama Ba.
Au salon, de nombreux stands proposent les ouvrages de jeunes autrices, comme celui de la maison d’édition L’Harmattan. « On reçoit beaucoup de manuscrits de jeunes filles, surtout celles qui écrivent des romans, des nouvelles et de la poésie, indique le responsable communication de L’Harmattan, Papa Seingane Ndiaye. Il confie recevoir de plus en plus de manuscrits écrits par des femmes. Le thème général, c’est le féminisme. Ça revient toujours. C’est l’affirmation surtout de la femme. Elles écrivent aussi sur la tradition. »
À écouter dans Littérature sans frontières Réédition du texte majeur « La Parole aux négresses » d’Awa Thiam
Le pays invité cette année, c’est la Côte d’Ivoire : plusieurs écrivaines ont fait le déplacement, comme Nania Koulibaly. Secrétaire de direction, elle a publié deux ouvrages. Le premier s’appelle Naïma. « Le thème est toujours d’actualité. C’est sur le mariage forcé. Ce n’est pas seulement dans mon pays puisque lors de mes dédicaces, j’ai rencontré beaucoup de personnes, beaucoup de femmes d’autres pays qui m’ont confirmé qu’effectivement, c’est une situation qui existe encore. »
Amina Seck veut que le Salon soit un espace où les femmes se sentent à l’aise pour prendre la parole et partager leurs vécus. « Beaucoup ont décliné, je ne sais pas pourquoi... La plupart m’ont dit : “Non, je ne sais pas trop parler en public”. Je pense que c’est une occasion aussi pour qu’on puisse se retrouver, affirme-t-elle. Parce qu’on n’arrête pas également de dire que les femmes n’arrêtent pas de se plaindre dans leur production littéraire. On ne se plaint pas, on raconte nos vies. »
Le Salon, un lieu de rencontres et pourquoi pas de nouvelles opportunités. C’est en tout cas ce que souhaite l’Ivoirienne Assita Sidibé. « Il arrive que des écrivaines d’autres pays soient produites par des maisons d’édition en Côte d’Ivoire. Pourquoi ne pas faire l’inverse ? »
Dix femmes sont également formées en résidence sur la création et l’écriture de nouvelles, et deux prix littéraires seront remis.
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Dans les camps de déplacés à la sortie de la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, des centaines de milliers de personnes s’entassent depuis 2021 et les affrontements entre les hommes du M23, appuyés par l’armée rwandaise, et les troupes progouvernementales. Les conditions de vie et la promiscuité entre les déplacés sont deux conditions favorables au développement du virus mpox. Pourtant, l’épidémie n’y a pas explosé, mais de nombreuses questions restent en suspens.
De notre correspondante de retour de Rusayo 1,
Au centre de santé du camp de déplacés Rusayo 1, à l’entrée du nouveau bâtiment, des stations de lavage de mains ont été installées un peu partout. Seuls quelques personnels soignants y sont autorisés pour le suivi des cas confirmés et suspects de mpox. « Ici, on a de nombreux cas suspects, mais vu les conditions dans lesquelles les [déplacés] vivent, il pourrait y en avoir plus », affirme le docteur Marius Sanani, épidémiologiste. Car l’épidémie de mpox n’a pas explosé dans les camps de déplacés, contrairement aux craintes des autorités et des humanitaires au début de l’épidémie.
« Nous sommes dans un camp de déplacés, mais nous n'arrivons même pas à plus de trois cas par jour. Qu'est-ce qui se passe au juste malgré les contacts, la promiscuité ?, interroge l'épidémiologiste. Les cas n'explosent pas. »
Si c'est plutôt une bonne chose que les cas de mpox n'explosent pas malgré la promiscuité dans les camps, le docteur Marius Sanani, explique qu'il faut en comprendre les raisons. Plusieurs pistes sont avancées. « Nous allons continuer à y réfléchir. Est-ce que c'est notre action qui est efficace ? Est-ce que c'est une immunité naturelle qui a été développée secondairement, vu que nous avons plus de cas chez des enfants ? Nous nous posons des questions avec les collègues », détaille le médecin.
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Les deux seuls patients décédés de la maladie mpox à Goma étaient en effet des nouveau-nés, morts d’une possible infection congénitale, explique le docteur Abdoul Karim Sangaré, le coordinateur médical de l’ONG Alima. « Les nouveau-nés naissent avec la maladie des mères, qui étaient positives [au mpox]. C'est arrivé que l'on n'ait même pas eu de signes, de trace de mpox chez la maman. Mais l'enfant est né avec, ce qui a été confirmé, témoigne le médecin. Donc ça montre que dans la communauté, il y a encore des personnes qui hébergent le virus, qui ne font pas la maladie, mais qui vont continuer à faire la transmission. »
Quelques cas graves continuent à émerger. Ils sont alors référés au centre agréé soutenu par l’ONG Alima, à l’hôpital général de Goma.
Retrouvez les premiers épisodes de notre série sur le virus mpox en RDC :
À Uvira, au sein de l’hôpital général, l’ONG MSF et le ministère de la Santé ont installé un centre de traitement pour les personnes atteintes. Seuls les cas les plus graves sont pris en charge, faute de capacité disponible.
De notre envoyée spéciale à Uvira,
Pour entrer au centre de traitement Mpox d’Uvira, le port du masque et le lavage de mains sont obligatoires. Même tôt le matin, le centre est rempli de patients. Afin d'éviter que tous se retrouvent en même temps, le flux de patient est régulé, nous explique la femme qui nous accueille. Elle travaille pour l'ONG, Médecins sans frontières, en collaboration avec le ministère de la Santé. Car, la maladie se transmet par contacts rapprochés ou rapports sexuels. Et c’est l’un des enjeux pour combattre la contamination.
« On peut donner du savon pour se laver à la maison, mais à la fin, si on n'a pas d'eau... on peut conseiller de ne pas partager le matelas, mais s'il n'y a qu'un matelas pour six personnes, que peut-on faire ? C'est difficile. Mais nous voyons jusqu'à 120 personnes par semaine en ce moment, c'est pour cette raison qu'on a fait le choix d'admettre essentiellement les cas les plus graves », raconte-t-elle.
Parmi ces cas, on retrouve Grâce, qui avait développé des complications avant son arrivée au centre. Dès les premières éruptions cutanées, elle s’était pourtant tournée vers plusieurs professionnels de santé qui l’ont abandonnée, dit-elle. « Je me suis rendu compte que j’avais des boutons autour de mes organes génitaux. Et quand j’ai consulté, les pharmaciens se sont exclamés : "Ah, c'est le Mpox" ,et ils m’ont dit que c’était très contagieux. J'ai eu l'impression de n'avoir aucune valeur ! », se désole Grâce.
La maladie n’est pas encore acceptée par tous et certains continuent d’avoir peur, comme l'explique le Docteur Panzu Nimi, médecin chef de zone de santé d’Uvira : « Notre courbe d'évolution des cas est vraiment atypique. On a déjà atteint le pic, mais on n'a pas encore amorcé la descente. On a presque un plateau, donc les cas se cachent, les gens ont encore peur de dire qu'ils sont malades, et c'est pour ça que nous devons renforcer notre surveillance. »
D’autant qu’Uvira est une ville carrefour dont la localisation renforce son exposition à la contagion. Elle est située au bord du lac Tanganyika, qui relie quatre pays entre eux : la RDC, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie.
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Cette infection virale qui s’est d’abord transmise des animaux aux hommes, se transmet aujourd’hui d’une personne à l’autre, principalement par contact étroit. Dans la province du Sud-Kivu, dans l’est de la RDC, la province où les cas de Mpox sont les plus nombreux, des progrès pour combattre la maladie ont été faits. Mais elle est toujours là et parfois les réticences à se faire soigner aussi. Alors pour une victoire totale contre le Mpox, le combat continue contre les rumeurs et la stigmatisation qui peuvent retarder les consultations.
De notre envoyée spéciale à Miti-Murhesa,
Sous une pluie battante, des relais communautaires font du porte-à-porte. Mabintou a intégré l’équipe il y a quelques semaines. Depuis qu’elle est sortie de l’hôpital où elle avait été admise, atteinte du Mpox. Son rôle ? Convaincre les membres de sa communauté, les Pygmés, de se soigner ou se vacciner. « Auparavant, aucun Pygmé pouvait se faire vacciner. Peut-être à cause de coutumes et nos traditions. Mais aujourd’hui, grâce à la sensibilisation, nous allons nous faire vacciner. »
La jeune femme est accompagnée d'Elias Baraka Mugareka qui affirme qu’en venant toquer aux portes des habitants de Miti-Murhesa : « Nous voulons stopper cette épidémie de Mpox qui fait encore des ravages dans notre communauté. » Lorsque l’épidémie a flambé dans la région, à la fin de l’été 2024, les rumeurs allaient bon train. « Certaines personnes faisaient courir toutes sortes de rumeurs concernant le vaccin Mpox, que c’était un mauvais un vaccin, qu’on l’avait introduit pour exterminer les Congolais et plus particulièrement les jeunes et qu’ils pourraient devenir stériles », explique Elias Baraka Mugareka
Il faut dire que dès le départ, la maladie avait mauvaise réputation. C’est à Kamituga, une localité à environ 300 km de Miti-Murhesa, que le virus a été repéré pour la première fois. Il s’est rapidement propagé, notamment dans les nombreuses maisons de passe de cette cité minière. Et puis, avec le déplacement de populations, la maladie est ensuite arrivée à Miti-Muhresa, où elle a explosé, jusqu’à faire de la zone le principal foyer de l’épidémie.
Alors pour y remédier, certaines ONG axent leur soutien sur la prévention, notamment avec des spots pour la radio. « Actuellement, nous utilisons 37 radios à travers toute la province, explique Robert Kahumula, chargé de la lutte contre la Mpox pour ReMeD, une ONG congolaise soutenu par Unicef. Nous organisons également des campagnes auprès de "groupes-cible", par exemple les professionnels du sexe, nous utilisons des dialogues communautaires ainsi que des tribunes d’expression populaires. »
Dans cette zone de santé, les réticences sur la maladie ont diminué, tout comme le nombre de cas, Mais elle est toujours là, rappellent les autorités médicales.
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En Côte d’Ivoire, une forme de street-art est bien connue de tous les Abidjanais : les peintures qui ornent les gbakas, ces minibus à bas coût, mais aussi certains « Wôrô-wôrô», les taxis collectifs. Un art pratiqué avec les mêmes techniques que le graffiti, mais pour lequel les chauffeurs sont prêts à mettre le prix. Reportage chez N’Guess Décor, l’un des ateliers de référence de la commune de Yopougon.
Avec notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin
Brahoua N’Guessan, 30 ans de métier, a choisi d’appeler son établissement un garage, même s’il n’y fait aucune réparation : si une demi-douzaine de gbakas sont stationnés ici en permanence, c’est bien pour embellir leur carrosserie. Un atout marketing indispensable sur ce secteur très concurrentiel, explique le chauffeur Ibrahim Konaté, qui vient faire repeindre son véhicule deux fois par an. « Beaucoup de gbakas ont ça, hein. Toi-même le chauffeur, quand tu vois [la peinture], tu es content. Ça me plaît beaucoup, et puis les clients aussi. Ils disent que c’est joli, c’est à cause de ça qu’on fait la déco. Quand tu peins ta voiture, ça attire la clientèle. »
Appliquant la peinture à huile avec des pinceaux ou des pistolets à peinture, la vingtaine d’employés et apprentis de Brahoua N’Guessan travaillent à la commande. Les motifs les plus en vogue sont les portraits de footballeurs, comme Simon Adingra, la star ivoirienne de la CAN, ou de chanteurs, DJ Arafat ou Fally Ipupa, mais aussi, plus étonnamment, de Che Guevara. Presque jamais de politiciens, en revanche, qui risqueraient de diviser la clientèle. Les chauffeurs peuvent également faire inscrire leur surnom ou leur devise parmi les plus communes : « C’est Dieu qui donne », « Maman merci » ou « Ça va aller ».
Quant aux prix, ils varient en fonction du modèle, détaille le patron du « garage ». « Ça dépend des motifs que les clients demandent. Par exemple, si on doit faire un portrait à l’arrière, ça va coûter au moins 40 000 francs CFA (61,28 euros). Si on doit décorer la voiture complètement après le portrait, avec des petits designs, là ça peut monter dans les 50 000 francs CFA (76,60 euros). Les gens nous sollicitent parce que nous, notre job, c’est propre, comme on dit dans le jargon. Quand on finit de peindre, c’est joli à voir. Voilà pourquoi on a beaucoup de clients. »
La profession est totalement informelle, avec de grandes disparités de niveau entre les artistes. Le secret du succès de « N’Guess Décor », c’est un apprentissage long et méticuleux, souligne Mohamed Camara, qui travaille ici depuis 17 ans. « Il y a des décorateurs qui sont là, ils n’ont pas un certain niveau, mais ils se lèvent pour aller faire le décor parce qu’ils se disent qu’il y a l’argent dedans. Sinon, ils ne savent pas faire le métier, mais ils sont dedans, c'est parce qu’ils ont besoin d'argent, c’est tout. Sinon, il y a des gens [comme nous], et on est là et on connait le métier. Nous sommes les premiers en Côte d’Ivoire, donc nous sommes tout le temps là. On a bien appris notre métier. »
Après plusieurs années de formation, les apprentis partent en général ouvrir leur propre atelier. Mais Mohamed Camara espère rester au « garage » de Brahoua N’Guessan, et prendre la succession de son maître.
L’institut s’est démarqué, il y a un siècle, avec la fabrication du vaccin contre la fièvre jaune à Dakar, au Sénégal. Aujourd’hui, le centre de recherche se lance dans la fabrication d’autres vaccins : contre le Covid-19, mais aussi contre la maladie infantile de la rougeole et de la rubéole et plaide pour une plus grande autonomie vaccinale du continent.
De notre correspondante à Dakar,
Badge et accès sécurisé, bienvenue sur la plateforme de développement du vaccin de la rougeole et de la rubéole de l’Institut Pasteur. Dans l’espace vitré, deux bioréacteurs, l’un pas plus gros qu’un robot de cuisine avec des pipettes à l’intérieur. Neima Remba, coordonne la fabrication du vaccin : « Une fois que l’on a assez de cellules, on infecte et cette infection permet aux cellules de produire le virus atténué. »
Virus atténué qui devient ensuite le vaccin.1,8 million de doses peuvent être produites dans cette machine en six heures. Et pour la première fois, le vaccin contre la rougeole et la rubéole va être entièrement fabriqué au Sénégal. « Ce n’est pas seulement le vaccin en tant que tel, mais aussi les personnes qui sont impliquées. Tout est également fait de façon locale », se félicité Naima Remba.
La cinquantaine de chercheurs qui développent l’antidote contre la rougeole viennent toutes du continent. Mais des essais sont également en cours pour mieux adapter ce vaccin aux contraintes africaines, comme l’explique le Dr Marie-Angélique Sene, responsable du centre de développement des vaccins à l’Institut Pasteur. « C’est parfois quelque chose de tout bête, comme utiliser des réactifs en poudre qui peuvent être transportés et n’ont pas besoin de cette chaine de froid et que l’on peut reconstituer sur site », dit-elle.
Pour l’heure, Dakar n’en est pas encore là. Les premières doses fabriquées par l’Institut Pasteur seront accessibles début 2027. Car si la fabrication du vaccin a commencé, il faut encore faire les tests cliniques. Mais pour le Dr Marie-Angélique Sene, il y a urgence à fabriquer les vaccins sur le continent. « En dehors du vaccin covid, il y a beaucoup de vaccins difficiles d’accès, dont celui de la rougeole-rubéole. Il est principalement produit en Inde et on a eu pas mal d’épidémies dans différents pays, elles ont tué des dizaines de milliers d’enfants », dit-elle.
L’Institut Pasteur compte donc aussi fabriquer des vaccins de type ARN-message contre le Covid-19 et travaille à créer un vaccin pour lutter contre la fièvre de la vallée du Rift, maladie spécifiquement africaine. Amadou Sall, virologue et directeur de l’Institut Pasteur se réjouit de cette évolution : « Il y a un peu plus de 100 ans, on a trouvé la fièvre jaune ici, pour moi, c'est ça la coopération réussie. »
À ce jour, 5 à 8 millions de doses de vaccins contre la fièvre jaune sont produites chaque année par l’Institut Pasteur. Elles devraient être multipliées par six dans les prochaines années. Une fabrication sur le continent africain qui doit également aider à lutter contre la méfiance et l’hostilité grandissante face aux vaccins.
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Le Kenya vient d’être accepté dans la Fédération internationale de hockey sur glace. Il devient le cinquième pays africain à rejoindre cette ligue, après l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les « Ice Lions » (« les Lions de la glace », en anglais) a pourtant moins de dix ans mais, chaque année, le sport séduit de plus en plus d’adeptes.
De notre envoyée spéciale à Nairobi, Gaëlle Laleix
C’est sous une ovation que les Lions de la glace entrent sur la patinoire. Ils affrontent une équipe d’expatriés de Nairobi. Certains sont d’anciens professionnels, venus notamment du Canada. Ali Kilonga, fondateur de l’équipe, s’époumone pour guider ses joueurs. Il veut être digne de la fédération internationale : « C’est incroyable. C’est fantastique. C’est quelque chose que nous avons toujours voulu, être reconnus par la fédération internationale. Les lions de la glace sont là depuis 2011. Ils jouaient sans être vraiment structurés en équipe. L’équipe a vraiment démarré en 2016. C’est du boulot. Ce n’est pas facile. Mais les joueurs ont relevé le défi. Et c’est comme ça qu’on a gagné notre reconnaissance. On est dans la fédération. On est dans le jeu ! »
Depuis cinq ans, le club kényan de hockey connaît un franc succès. Il s’est même doté d’un programme de formation pour les jeunes. La plupart sont repérés dans les rues de Nairobi où ils pratiquent le roller. Tom Colby est l’entraîneur des Lions de la glace : « Le samedi matin, cette patinoire est remplie d’enfants de 6 à 15 ans. On les divise en groupes tellement ils sont nombreux. On n’est pas juste quelques joueurs qui s’amusent. Il y a une vraie équipe, une fédération, des entraînements… Donc, c’est réel. Et maintenant, le soutien de la fédération internationale va développer ce sport. La priorité, c'est de former des entraîneurs kényans. Un sponsor va bientôt nous rejoindre, ce qui nous permettra d’avoir plus de temps sur la glace. C’est crucial. Il faut des centaines d’heures par joueur, par année, juste pour maîtriser le jeu. »
La patinoire de l’hôtel Panari à Nairobi est la seule de toute l’Afrique de l’Est. Elle est très loin des standards internationaux. C’est un des nombreux défis que devra surmonter la fédération kényane de hockey sur glace. Robert Ouko Opiyo, son président : « Il y a encore beaucoup de choses sur lesquelles on doit travailler, comme notre programme pour les jeunes, l’organisation de la fédération, voir comment les cadres et les joueurs travaillent. Pour nous financer, on organise des collectes de fonds, parfois ce sont les joueurs qui paient pour leur entrainement. L’équipe senior a entre 20 et 30 joueurs. Ça va, ça vient parce qu’on n’est pas rémunéré pour jouer. Ce n’est pas simple, mais il faut bien commencer et c’est ce que l’on fait. »
En juin, la deuxième édition de la Coupe africaine de hockey sur glace se tiendra en Afrique du Sud.
Au Tchad, les inondations fluviales et pluviales de la saison humide ont notamment fait s’écrouler des milliers de maisons, selon les autorités tchadiennes et les organisations humanitaires. Certains sinistrés s’emploient à reconstruire leur maison, mais tous n’y parviennent pas.
De notre correspondant à Ndjamena,
Dans sa cour du quartier Boutalbagar dans le 7ᵉ arrondissement de Ndjamena, une tasse d’eau à la main, Gilbert Laoumbo, chômeur, tente de reconstruire sa maison qui s’est écroulée, mais les moyens lui manquent. « C’était le 14 juillet dernier exactement, se rappelle-t-il, c’était pendant la période de soudure et après, ça s’est enchaîné avec la période des inscriptions des enfants. Donc, c’était compliqué pour moi. Je tente de reconstruire parce que je veux que ma famille soit à l’abri. »
Zara, également victime des inondations dans le 1ᵉʳ arrondissement, n’a, elle, pas le courage de reconstruire sa maison. « Vraiment, je suis dépassée par cette situation. Je voulais reconstruire ma maison écroulée, mais je n’y arrive pas, se désole-t-elle. S’il faut construire l’année prochaine, ça va encore recommencer. On est dépassés maintenant. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. »
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Pour un haut cadre tchadien : « Il faut dormir dans des maisons modernes, nous sommes au 21ᵉ siècle ». Les reconstructions, c’est la raison de ses tracasseries quotidiennes, soutient-il. « Que la population tchadienne ait une habitation décente, c’est très important, parce que nous sommes au XXIᵉ siècle. Et dormir dans des taudis, ce n’est quand même pas moderne. Il faut qu’on ait une habitation moderne qui réponde aux désidératas de nos populations. Nous sommes au regret de le dire. »
Mahamat Assileck Halata, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Habitat, estime qu’il faut prendre des dispositions pour éviter de vivre cette situation les prochaines années : « Partout ailleurs, ça ne se fait pas. Ce n’est pas simplement au Tchad qu’on va nous demander de faire cela, mais ce qui est sûr, c’est que le gouvernement va aider autant que peut à se réinstaller. » Et il affirme : « Mais la priorité des priorités, c’est de pouvoir tout faire avec les expériences acquises de 2022 et 2024 pour qu’une nouvelle saison comme celle-là ne puisse plus arriver. Il y a des populations qui, dans l’occupation anarchique des terres, sont allées s’installer dans les lits de fleuves et là, nous n’avons pas d’autres moyens que de les faire déguerpir et les installer ailleurs. »
Selon le gouvernement tchadien et les organisations humanitaires, plus de 200 000 maisons se sont écroulées au Tchad durant les inondations de cette année 2024. Les victimes qui n’arrivent pas à reconstruire appellent à l’aide le gouvernement et les personnes de bonne volonté.
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Avec ses 3 000 ans d’Histoire, la Tunisie est considérée comme un site archéologique à ciel ouvert. La découverte de nombreux trésors, de pièces de monnaie et autres artefacts antiques lors de fouilles archéologiques au XXᵉ siècle a toujours alimenté les mythes et légendes urbaines sur d’autres trésors présents sur le territoire. Les archéologues et écrivains tentent de lutter contre ces intox qui créent parfois une frénésie dans la recherche illégale de trésors.
De notre correspondante à Tunis,
Nous sommes en 1983, la Tunisie est la star de l’émission française de Jacques Antoine, La chasse au trésor. 40 ans plus tard, pour certains Tunisiens, chasser les trésors n’est pas un jeu, mais une addiction. Chaque année, les autorités saisissent plusieurs centaines de pièces archéologiques, artefacts, céramiques, tessons, résultats de fouilles illégales, au grand dam des archéologues. « Ce n'est pas spécifique à la Tunisie, c’est un peu partout, même en France, les gens, dans leur petit village, sont en train de faire des trous pour essayer de trouver des trésors, met en avant l'archéologue Aicha Ben Abed. Ce n'est pas vrai, on ne trouve pas des trésors comme ça. Premièrement, c'est vraiment exceptionnel, c'est dans des contextes très précis. »
La trouvaille de trois grands trésors spectaculaires, faits d’or et de statues antiques, a rythmé le 20ᵉ siècle : le trésor marin antique de Mahdia découvert en 1909 par des pêcheurs d’éponges, puis celui de Rougga, datant de l’époque byzantine et découvert en 1972, et enfin le trésor romain de Chemtou exhumé en 1993. « Finalement, pour un archéologue, c'est bien de faire une telle trouvaille, mais surtout de préciser, de savoir d’où ça vient, quelle est la chronologie, pourquoi c’est là, poursuit Aicha Ben Abed. C’est ça en fait le questionnement historique et l’importance d’une telle trouvaille. »
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Dans son livre Cinq histoires de trésors, l’écrivain Samir Marzouki s’est inspiré non pas de faits divers de chercheurs d’or illégaux, mais plutôt des histoires de son enfance : « Dans les récits de nos grands-mères, il y a presque toujours des trésors, des trésors cachés, etc., et je pense que cela travaille pas mal l’imaginaire des gens et donc certains y croient. »
Dans ses récits, Samir Marzouki rappelle que le plus important dans la recherche du trésor reste l’apprentissage autour de la quête : la persévérance, le travail d’équipe, au-delà de l’appât du butin. Des atouts que mettait aussi en valeur l’émission de Jacques Antoine, le trésor tunisien de cette édition était, à l’époque, une rose des sables.
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