Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Norbert Navarro. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique. Diffusion : Lu à Ve vers l'Afrique à 06h51, 09h43.
« Le torchon brûle » entre les deux pays, constate le site Afrik.com : « Les relations déjà fragiles entre ces deux voisins ouest-africains s’enveniment davantage après les accusations portées par le Niger. Celui-ci reproche au Nigeria de servir de "base arrière" pour des actions visant à déstabiliser son gouvernement. » écrit le site. En clair : le Nigéria abriterait des bases françaises. Allégations fermement démenties par Abuja. Déjà, il y a dix jours, une attaque qui avait ciblé l'oléoduc Niger/Bénin avait mis le feu aux poudres. La télévision publique nigérienne avait alors pointé du doigt le Nigéria, dont les autorités ont démenti toute implication.
Lundi matin, la presse nigérienne affirme que Niamey reste prudent. Le journal Tam Tam Info affirme avoir constaté « une présence massive des forces armées nigérianes sur l'axe Dosso-Maradi. Du matériel lourd a été déployé », selon un de leurs reporters, « pour faire face à toute éventualité ». Ce même journal s'inquiète de cette nouvelle escalade : « Les deux pays sont confrontés à de nombreux défis communs, notamment la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. Une coopération étroite est donc essentielle pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région », estime le journal.
Mais Tam Tam Info prévient : « Il appartient au Nigeria de faire preuve de sa bonne foi en éloignant de son territoire les dirigeants de l'ancien régime déchu, soupçonnés par Niamey d'être derrière les actes de terrorisme contre le Niger en complicité avec la France. (…) Beaucoup de ces fonctionnaires ont même été déchus de leur nationalité nigériane », explique le journal, « et pourtant Abuja ferme les yeux sur leurs activités subversives ».
Enfin Tam Tam info conseille le Nigéria : « On ne peut pas gagner la confiance d'un pays en entretenant des relations avec ses ennemis. »
"Un coup dur pour l'unité régionale et, par extension, pour l’unité africaine. », déplore le site d'information Maliweb. Dans une analyse, le site donne la parole à plusieurs points de vue. Dont celui compare les pays de l'Alliance des États du Sahel, soit le Mali, le Burkina Faso et le Niger, au Royaume-Uni dans l'Union européenne : « Malgré les avantages qu’offre l’Union européenne, la Grande-Bretagne a décidé en toute souveraineté de quitter l’UE, mais Londres continue toujours de collaborer avec 27 pays de l’Union. »
La rédaction de MaliWeb avance que « les dirigeants de la Cédéao ont tout fait pour montrer à leurs homologues de l’AES que le divorce n’est pas inéluctable et que l’Alliance des États du Sahel peut exister au sein de la Cédéao. » Mais selon le journal, « observateurs, commentateurs et diplomates sont formels : il y a peu d’espoir de dialogue pour que le trio revienne sur cette décision de retrait ».
Dernier point d'ancrage militaire en Afrique, « si loin du Sahel », raille le journal Aujourd’hui au Faso dans un éditorial, où le titre se moque d'une phrase du président français Emmanuel Macron sur la base française : « Djibouti va se réinventer comme le point de projection pour des missions en Afrique », avait dit le président français. « Chiche ! », répond le journal qui ajoute que « de toute façon, à l’évidence, la France n’a pas le choix. Ses militaires ont été sommés de quitter de mauvaise grâce Mali-Burkina-Niger, et ont repris leurs sacs au dos pour un retrait au Tchad et au Sénégal ». Les 1 500 hommes à Djibouti sont un « lot de consolation » pour la France, pointe le journal.
Le journal burkinabé analyse que « la France espère toujours une normalisation progressive des relations avec cette région constituée en partie de son ex-pré carré ». Elle « a pris conscience qu’avec ce Sahel, une mutation de paradigme s’impose ». Des signes encourageants si les vieilles habitudes néocolonialistes et de condescendance disparaissent.
Ils avaient été arrêtés en décembre 2023, accusés d’espionnage, accusations rejetées par Paris. Ils ont donc été libérés hier, « grâce à la médiation du roi Mohamed VI » précise Wakatsera, au Burkina Faso. Alors qu’Aujourd8.net titre : « Petit dégel Axe-Ouaga-Paris via Rabat » et ajoute : « c’est ce qu’on appelle les fruits immédiats de la coopération, celle portée au pinacle par Emmanuel Macron, entre la France et le Maroc ». « La libération rendue à ces quatre personnes de la DGSE », poursuit le site burkinabé, « ne détendra pas l’atmosphère sibérienne entre l’axe Paris-Ouaga, mais c’est toujours ça de gagné. On ne peut que s’incliner devant la diplomatie de ce 'roi des pauvres', Mohamed VI, qui est incontournable au Sahel, dans le rapport avec la France ».
Au Maroc, l'Opinion remarque que « le succès de la médiation du roi du Maroc, intervient alors que Paris et Rabat ont récemment scellé leur réconciliation, incarnée par une visite d’État du président français fin octobre au Maroc, après trois ans de crise aigüe. » APAnews, de son côté, parle d’une « percée diplomatique majeure, qui marque un tournant dans les relations internationales en Afrique de l’Ouest (…) dans un contexte diplomatique tendu entre Paris et Ouagadougou, depuis le coup d'État de septembre 2022, qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir ».
En RDC, Félix Tshisekedi a procédé hier soir à une série de changements à la tête des forces armées. C’est ainsi, nous explique Objectif-infos, « que le chef de l’État a élevé le général Jules Banza, au grade de chef d’état-major des forces armées de la RDC ». « Sa nomination, ajoute le site d’information, intervient au moment où les rebelles du M 23, soutenus par le Rwanda, poursuivent leurs offensives dans la province du Nord-Kivu ». Le prédécesseur de Jules Banza, Christian Tshiwewe devient lui, « conseiller militaire du président », précise Actualité.cd qui ajoute : « il quitte la tête des forces armées, au moment où l’armée congolaise fait face à d’importantes difficultés sur le terrain, face à la rébellion du M 23, soutenue par le Rwanda. Sous son commandement, plusieurs localités du Nord-Kivu sont tombées sous le contrôle des rebelles ». « Certains analystes », poursuit Actualité.cd, estiment « qu’en renouvelant le commandement des FARDC, le chef de l’État Félix Tshisekedi, en sa qualité de commandeur suprême des forces armées, cherche à insuffler un nouvel élan au sein de l’armée congolaise. »
Enfin, le bilan du passage du cyclone Chido au Mozambique s’avère particulièrement lourd. « Le dernier bilan fait état d’au moins 70 morts et plus de 600 blessés », nous dit Afrik.com. « Cependant, les humanitaires estiment que le bilan pourrait être bien plus lourd, avec de nombreux dégâts non encore comptabilisés en raison des difficultés d’accès et de la lenteur des évaluations sur le terrain ». « Les habitants manquent de tout, bien que l’aide alimentaire commence à arriver », explique la responsable d’une ONG. « Les populations locales, commente Afrik.com « se sentent abandonnées à leur sort, confrontées à une succession de crises qui exacerbent leurs souffrances, entre catastrophes naturelles, insécurité et conflits armés ».
De son côté, Africanews précise que « la Province de Cabo Delgado, où vivent environ deux millions de personnes, a été la première région touchée par le cyclone Chido au Mozambique. De nombreuses maisons, écoles et établissements de santé y ont été partiellement ou complètement détruits ». Au-delà du constat sur le terrain, Africanews rappelle que « depuis quelques années, les tempêtes dans la région sont de plus en plus violentes. En 2019, le cyclone Idai a ainsi tué plus de 1300 personnes, principalement au Mozambique, au Malawi et au Zimbabwé ».
Les images saisissantes de la rotonde du Parlement libérien en flammes font la Une d’une grande partie des médias du continent ce matin.
« Le Capitole en feu : l’incendie a fait des ravages », s’exclame le Liberian Observer. « Le sinistre a provoqué une épaisse fumée noire et des flammes dans le ciel, choquant les résidents et soulevant bien des questions sur sa cause qui reste encore inconnue. Toutefois, pointe le quotidien de Monrovia, l’incendie s’est déclenché seulement 24 heures après une violente manifestation contre la destitution du président de la Chambre des représentants, Fonati Koffa. Une manifestation qui a conduit à l’arrestation de plusieurs personnes, dont un assistant de l’ancien président George Weah. (…) Cet incendie survient donc dans un contexte tendu, relève encore le Liberian Observer, entre deux groupes opposés au sein de la Chambre des représentants, l’un se faisant appeler le “Bloc majoritaire“ et cherchant à destituer le président de la Chambre, Fonati Koffa. Ce Bloc majoritaire est allé jusqu’à élire et installer un nouveau président, sans avoir au préalable destitué Koffa selon les règles en vigueur de la constitution. »
En effet, résume le site Afrik.com, cet incendie « survient dans un contexte politique déjà tendu, où des rivalités existent au sein du Parlement. Deux blocs opposés se disputent le contrôle de la présidence de l’Assemblée nationale ; ce qui alimente les spéculations sur les raisons potentielles de cet incendie. Face à cette situation, le Président Joseph Boakai a convoqué une réunion avec les forces de sécurité pour enquêter sur les causes exactes du sinistre et déterminer si celui-ci est le fruit d’un accident ou bien d’un acte intentionnel. »
Le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou nous éclaire sur ce qu’il appelle les « bisbilles politiques » qui secouent en ce moment le Liberia… Des bisbilles apparues « depuis le retour aux affaires “du vieil homme“ (80 ans), surnom de Joseph Boakai, qui a battu George Weah à la présidentielle en novembre 2023 d’une courte tête (51%). Boakai est un vieux briscard du marigot politique libérien (…) Mais voilà, depuis un certain temps, une fronde feutrée puis frontale l’oppose au président de la Chambre des représentants Fonati Koffa. » Conséquence, pointe Aujourd’hui, « le parlement libérien est divisé : d’un côté, 43 députés proches du président exigent le départ de Fonati Koffa (qu’ils accusent de corruption), de l’autre, un groupe de 30 parlementaires le soutient. »
En fait, complète WakatSéra, « si ce bras-de-fer conduisait à la démission, forcée bien entendu, du président de la Chambre des représentants, ce serait pain béni pour le président Joseph Boakai qui sait qu’il ne peut pas gouverner avec un opposant à la tête de l’institution qui vote les lois. Les blocages pourraient se multiplier, au risque de rendre impossible la réalisation des projets de l’exécutif. (…) Pour l’instant, la crise bat son plein, et pourrait connaître de nouveaux pics dans les prochains jours, Joseph Boakai ayant promis que les responsables de cet incendie seraient traduits devant la justice. »
Cela dit, soupire Le Pays, toujours au Burkina, « il ne faudrait pas que l’incendie de l’Assemblée nationale à Monrovia donne lieu à une chasse aux sorcières au risque de voir le pays basculer avec tous les risques que cela comporte. Le Libéria, faut-il le rappeler, qui revient de loin, n’a pas besoin de ça. »
En effet, entre 1989 et 2003, deux guerres civiles ont fait environ 250.000 morts et mis le pays à genoux. « Malgré les pressions de la société civile et de la communauté internationale, note Jeune Afrique, le Liberia n’a encore tenu aucun procès sur cette période marquée par une litanie d’exactions imputables à toutes les parties : massacres de civils, actes de cannibalisme, tortures, viols, mutilations, enrôlement d’enfants soldats… Et ce n’est seulement qu’en mars dernier, après des années d’inaction (donc) ou presque, que la Chambre des représentants a adopté une motion visant à instaurer une cour chargée de juger les auteurs de violations des droits humains et de crimes économiques commis lors de ces deux guerres civiles. »
Images de désolation sur le site du quotidien mozambicain Noticias après le passage du cyclone Chido. Toits envolés, arbres déracinés, débris dispersés… Dernier bilan, pointe le journal : « au moins 34 morts, au moins 319 blessés et plus de 34 000 familles touchées. Compte tenu de la gravité du phénomène, des brigades de secours et des officiels se rendront ce mercredi dans les zones touchées par la catastrophe en vue d’évaluer les dégâts et d’apporter tout le soutien nécessaire à la population ».
D’après le site de la télévision mozambicaine, TVM, « plus de 400 000 habitants du district d’Eráti, dans la province de Nampula, risquent de souffrir de la faim dans les prochains jours, en raison du passage du cyclone Chido, qui a détruit une partie des excédents agricoles. Alors que la zone est toujours dans l’obscurité, le gouvernement appelle à une surveillance accrue, car il est à craindre que la situation encourage l’entrée de terroristes, affirme TVM, compte tenu de la proximité de ce point avec la province de Cabo Delgado ». Cette province du nord du pays est en effet en proie à une insurrection djihadiste, le groupe Ansar Al-Sunna, affilié à l’État islamique.
Le site panafricain Afrik.com précise que les trois provinces les plus touchées sont « Cabo Delgado, donc, Nampula et Niassa. Les vents violents ont soufflé jusqu’à 260 km/h. (…) Face à l’ampleur de la catastrophe, les autorités mozambicaines ont lancé un appel à la solidarité internationale. Les besoins sont immenses : abris, nourriture, médicaments, eau potable… La communauté internationale est appelée à se mobiliser pour venir en aide aux populations sinistrées. »
Afrik.com qui rappelle aussi « qu’avant de frapper le Mozambique, le cyclone Chido a ravagé l’archipel français de Mayotte. Les autorités redoutent un bilan humain très lourd, évoquant même la possibilité de “plusieurs centaines“, voire de “milliers“ de morts. Chido est le cyclone le plus intense qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans ».
Mais « contrairement à Mayotte, au centre de toutes les attentions des autorités et des médias français, le Mozambique, pratiquement personne n’en parle ». C’est du moins ce que relève Ledjely en Guinée. « Accueillie avec un certain fatalisme, la catastrophe est même reléguée au second plan par la crise post-électorale, qui a éclaté en octobre dernier avec la contestation de l’élection de Daniel Chapo par Venancio Mondlane. Même si ce dernier a annoncé une pause de quelques jours pour rendre hommage aux victimes de l’ouragan. Aucune communication non plus de la part des instances sous-régionales et panafricaines, déplore encore le site guinéen. Ce sont les organisations humanitaires, dont l’Unicef, qui se mobilisent pour attirer l’attention du monde sur ce qui s’y passe et sur les risques sanitaires qui pourraient en découler. Une indifférence qui n’est pas sans rappeler le manque de mobilisation de nos États face aux enjeux liés au changement climatique, s’agace Ledjely. En effet, alors que des catastrophes comme Chido aujourd’hui et Freddy, l’année dernière, nous rappellent l’urgence de la mobilisation, force est de constater que les États africains traînent les pieds face au changement climatique. Très souvent, c’est la société civile africaine qui est sur ce front ».
Le quotidien Aujourd’hui au Burkina Faso revient sur la situation à Mayotte. « Ce bout d’Afrique frappé par l’ouragan Chido, perdu au milieu de la mer, (…) où les inégalités et les retards de développement sont prégnants ! (…) Mayotte est le maillon faible de ces (lointains) territoires français, estime le quotidien ouagalais, et Chido n’a fait que mettre en exergue l’écart abyssal qui existe entre la vie à Mayotte et en France hexagonale ! (…) Excepté le passeport français de ces Mahorais, dont le tiers vient des Comores, qu’est-ce qui les distingue face à Chido à un bout d’Afrique ? Pas grand-chose, répond Aujourd’hui, et ce qui fait enrager les habitants de cette île, c’est qu’ils se rendent compte qu’ils sont bien Français, sur le papier, mais qu’ils n’ont en réalité rien à voir avec un Français de Paris, Nantes ou Bordeaux ! Chido s’ajoute aux malheurs d’un territoire encombrant pour la France métropolitaine, où les problèmes politiques se greffent à d’autres, économiques, liés au pouvoir d’achat, à la sécurité et à l’immigration ».
Cela n’est pas encore officiel, cela le sera le 29 janvier mais la machine est lancée. Le site panafricain Afrik.com explique : « avant le sommet de la Cédéao de dimanche à Abuja, les régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger (réunis au sein de l’AES, l’alliance des États du Sahel) ont réaffirmé leur intention de quitter définitivement l’organisation, qualifiant leur départ d’“irréversible“. Ils ont justifié cette décision en estimant que l’organisation était utilisée comme un outil de la France ; une accusation qui reflète l’intensification des tensions entre ces pays et l’ancienne puissance coloniale. Malgré cette rupture, pointe Afrik.com, la Cédéao continue de saluer les efforts diplomatiques en cours pour tenter de maintenir les liens avec ces nations ». Et « selon les règles de l’organisation, les pays en question ne seront plus membres de la Cédéao après le 29 janvier prochain, mais l’option d’une réintégration reste ouverte » dans un délai de 6 mois.
« Six mois de moratoire avant le divorce houleux », s’exclame le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « La Cédéao donne donc un moratoire de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger pour bien cogiter et se décider si l’AES poussera la porte toujours entrebâillée à Abuja, ou si elle la refermera définitivement derrière elle. (…) Si le 30 juin 2025, l’AES reste droit dans ses bottes, le divorce sera prononcé, pointe Aujourd’hui. Sauf si, entre temps, Faure du Togo et Bassirou Faye du Sénégal, réussissent à faire bouger les lignes. Ce dont il faut en douter, vu l’inflexibilité de Goïta, IB et Tiani ! »
Pour le site d’information Sahel Tribune au Mali, c’est acté… Et il s’agit là d’une « révolution » : « le retrait annoncé du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cédéao marque un tournant majeur pour la région sahélienne. (…) Cette décision reflète la volonté des dirigeants de ces pays de reprendre le contrôle de leur destinée, face à des institutions perçues comme déconnectées des réalités locales ». Il s’agit « d’une nouvelle ère pour les États sahéliens, portée par un leadership audacieux, tourné vers la souveraineté, la solidarité et l’autodétermination ».
Sahel Tribune revient sur les raisons de ce retrait : « d’abord, les sanctions économiques et politiques imposées par la Cédéao lors des récentes transitions ont été perçues comme injustes et contre-productives, affectant davantage les populations que les régimes en place. Ces mesures ont renforcé l’idée que la Cédéao agit parfois sous des influences extérieures, au détriment des intérêts locaux. Ensuite, pointe encore Sahel Tribune, la Cédéao n’a pas su répondre aux défis sécuritaires majeurs de la région, notamment face à la montée du terrorisme et à l’instabilité chronique. En se retirant, les membres de l’AES entendent bâtir une architecture régionale qui répond mieux à leurs besoins spécifiques, en mettant en avant des solutions africaines aux problèmes africains ».
Le site d’information Mourya au Niger s’en prend vertement également à la Cédéao : « les questions de “bonne gouvernance, d’intégration économique régionale, de paix, de sécurité ou encore de lutte contre le terrorisme“ ont totalement perdu leur sens dans l’espace communautaire régional ouest-africain, dénonce Mourya, en raison du silence des chefs d’État, voire de leur mépris pour le sort des populations du Sahel en proie au terrorisme depuis plus d’une décennie, et ce sans le moindre soutien de la Cédéao et de ses dirigeants enclins à jouer le rôle de marionnettes aux côtés des anciennes métropoles françaises ou anglaises ».
Enfin, pour Ledjely en Guinée, l’organisation ouest-africaine ne peut s’en prendre qu’à elle-même. « Les dirigeants de la Cédéao doivent commencer par un travail d’introspection. Cela les amènera à prendre conscience ou à admettre que l’organisation est en crise. Et que cette crise, ils en sont en grande partie responsables. Et pas seulement parce qu’ils ont tendance à jouer avec les textes pour se maintenir au pouvoir. Ce défaut est l’effet et non la cause. Le défaut de nos dirigeants d’aujourd’hui, pointe encore Ledjely, réside dans le fait d’avoir perdu de vue le sens de la marche historique de leur peuple. (…) Au-delà des réformes juridiques vendues comme des gadgets, les dirigeants de l’espace Cédéao doivent investir dans la reconstruction d’une organisation qui reflète les valeurs des sociétés qui composent l’espace qu’elle couvre. Ce qui implique en soi que chacun des dirigeants se remette en question ».
« La réunion tripartite prévue à Luanda entre les présidents congolais Félix Tshisekedi, rwandais Paul Kagame et angolais João Lourenço n’a pas eu lieu hier dimanche », constate le site congolais 7 sur 7. « D’après la présidence congolaise, l’annulation de cette rencontre a été causée, pointe 7 sur 7, par le refus de la délégation rwandaise de prendre part à la réunion ».
En effet, précise Beto, autre site congolais, « Kigali a subitement conditionné sa présence, et par conséquent la signature d’un éventuel accord, à l’ouverture d’un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe armé M23. Une exigence jugée inacceptable par Kinshasa, qui y voit une manœuvre délibérée pour torpiller le processus de paix de Luanda ».
Pour sa part, le New Times à Kigali justifie l’absence de Paul Kagame par les « menaces de changement de régime proférées par les responsables congolais contre le Rwanda et la présence continue dans l’est de la RDC des FDLR, milice fondée par les restes des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis ».
Bref, on en est toujours au même point dans ce conflit qui ravage l’est du Congo depuis plus de 25 ans… « L’échec de cette rencontre illustre le climat de méfiance profonde qui règne entre les deux parties, relève Afrik.com. Kigali exige des garanties fermes sur l’ouverture d’un dialogue avec le groupe rebelle M23. De son côté, Kinshasa insiste sur le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et l’arrêt du soutien aux rebelles. Ces désaccords rendent tout compromis difficilement envisageable. (…) Avec l’annulation de ce sommet, les perspectives de paix dans l’est de la RDC s’assombrissent. Les habitants de cette région, victimes d’affrontements incessants, espéraient des avancées concrètes pour mettre fin à leur calvaire ». C’est donc raté…
« L’échec de Luanda donne l’impression que les points d’achoppement entre le Congo et le Rwanda n’ont pas évolué, pointe pour sa part le site spécialisé sur la RDC, Afrikarabia. Kigali considère toujours la crise du M23 comme un problème congolo-congolais, à l’inverse de Kinshasa qui pense que sans le Rwanda, le M23 est une coquille militaire vide. Le Rwanda défend l’idée que le nœud du conflit se trouve justement entre le M23, qui défend la communauté rwandophone, et les autorités congolaises. Pour Kinshasa, le refus de négocier avec la rébellion est directement lié aux multiples échecs du passé et aux nombreuses intégrations ratées de rebelles au sein de l’armée régulière qui ont systématiquement donné lieu à la création de nouvelles rébellions ».
Et pendant ce temps, la guerre se poursuit, donc, avec son cortège de souffrances pour les populations civiles. Témoin, ce reportage à lire dans Le Monde Afrique sur les centaines de milliers de personnes déplacées qui sont venues se réfugier aux environs de Goma, dans la province du Nord-Kivu, pour se retrouver dans des camps où règnent l’insécurité et la misère.
« L’ouest de Goma est le réceptacle des malheureux fuyant les plateaux et vallées du Masisi et de Walikale, au-delà du versant occidental du volcan Nyiragongo, rapporte l’envoyé spécial du Monde Afrique. Les sites ont pour nom Buhimba, Mulengo, Rusayo, Luchaga, Rego… Partout le même spectacle, une mer de bâches blanches. Combien sont-ils, ces hordes de déplacés ? Au moins 600 000, selon une évaluation effectuée à partir de photos aériennes par plusieurs ONG. Plus d’un million, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Nul ne sait précisément, mais trop ».
Au moins 600 000 personnes, donc, qui ont besoin de nourriture et de protection… « Dans le camp de Lwashi, par exemple, pointe Le Monde Afrique, c’est le Programme alimentaire mondial qui nourrit les gens. En partie. Débordée, l’agence onusienne subvient aux besoins de base de la moitié des ménages seulement. Les autres tentent de survivre ».
Il y a aussi le problème de l’eau potable : au bord du lac Kivu, MSF a installé « 8 pompes qui tournent 24 heures sur 24, reliées à 24 cuves de 10 000 litres dispatchées dans des camions-citernes ou dans le réseau de tuyaux courant sur une dizaine de kilomètres ». Mais cela ne suffit pas…
Enfin, l’insécurité permanente, relève encore Le Monde Afrique… Exemple : « les femmes ont demandé qu’il n’y ait pas d’ampoules autour du bâtiment des latrines pour ne pas être vues la nuit. Les chiffres de violences sexuelles, principale forme de violence parmi les déplacés, sont en effet effrayants. Selon une étude MSF, plus de 10 % des femmes adultes, dans les camps de déplacés, ont déclaré avoir été violées ».
Sa photo circule sur Internet ces dernières heures. Entourée par des secouristes, enveloppée dans une couverture de survie, on aperçoit seulement le haut de son visage, et ses yeux ouverts. Il s’agit d’une fillette de 11 ans, nous raconte Africanews : « originaire de Sierra Leone, elle a été sauvée en Méditerranée, après avoir dérivé pendant plus de deux jours ». « Elle faisait partie des passagers d’un bateau en métal, parti du port de Sfax en Tunisie, avant de sombrer sous l’effet de fortes tempêtes », poursuit Africanews, qui cite l’ONG Compass Collective, selon laquelle la fillette « a passé 24 heures dans l’eau accompagnée de deux autres personnes, avant que celles-ci ne disparaissent. Après avoir dérivé seule (accrochée à deux chambres à air), elle a survécu encore pendant deux jours », avant d’être secourue par le Trotamar 3, « un navire humanitaire battant pavillon allemand, qui l’a entendue appeler à l’aide » dans la nuit.
« Lors de son sauvetage », précise Africanews, « la fillette était en hypothermie, mais consciente ». Ses compagnons de voyage, une quarantaine de personnes, sont portés disparus. Selon l’ONG Mediterranea Saving Humans, « 2 050 migrants sont morts ou portés disparus en 2023, en tentant de traverser la Méditerranée, la route migratoire, la plus meurtrière au monde ».
Direction le Burkina Faso. Vendredi 13 décembre 2024, cela fait 26 ans que le journaliste Norbert Zongo a été assassiné et « 26 ans après, la vérité se fait toujours attendre », titre Le Pays. « Et après tant d’années, poursuit le quotidien burkinabé, la vérité se fait d’autant plus attendre que le dossier reste toujours pendant en justice, après avoir connu de nombreux rebondissements en deux décennies ».
Le principal suspect, François Compaoré, frère de l’ancien président Blaise Compaoré, réside en France. Et il n’est « visiblement pas disposé à venir s’expliquer devant la justice de son pays », remarque le quotidien qui ajoute : « Aujourd’hui des voix s’élèvent, de plus en plus, pour demander un procès par contumace. Tant les chances de voir François Compaoré se présenter de gré ou de force devant le juge burkinabé pour apporter plus de lumière dans ce dossier, s’amenuisent au fil des ans ».
Le Pays tient toutefois à saluer le travail des « organisations de défense des droits humains », un « combat engagé sous l’angle de la lutte contre l’impunité et la défense des libertés démocratiques ». « Cette année encore, conclut le Pays, comme chaque année depuis 25 ans, les activités de commémoration (…) de ce douloureux événement ne manqueront pas. Il faut éviter de tuer une seconde fois Nobert Zongo, qui avait mis sa plume au service de la vérité et des plus faibles, et dont les éditos restent plus que jamais d’actualité ».
Enfin, peut-être une explication, au sujet de la mystérieuse maladie qui a fait plusieurs dizaines de morts dans la région de Panzi, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo.« La maladie mystérieuse pourrait être le paludisme », titre Africanews. Plus précisément, explique le site d’information, « ce syndrome grippal pourrait être dû au paludisme, d’après les résultats d’échantillons de laboratoire prélevés sur des personnes infectées ». Selon le docteur Jean-Jacques Muyembé, directeur général de l’Institut National de recherche biomédicale de Kinshasa, « il est très probable qu’il s’agisse du paludisme, car la plupart des victimes sont des enfants. » « Les symptômes comprennent la fièvre, les maux de tête, la toux et l’anémie ».
Ceci étant, l’enquête n’est pas terminée. « En raison du manque de capacité d’analyse locale, des échantillons prélevés sur place ont été transportés à Kikwit, à plus de 500 kilomètres » de la zone de Panzi. « Une région, rappelle Africanews, qui présente des niveaux élevés de malnutrition et une faible couverture vaccinale, qui rend les enfants vulnérables à toute une série de maladies, dont le paludisme. »
À quelques jours du premier anniversaire de son second mandat, le président congolais a prononcé hier soir devant les deux chambres réunies en Congrès le traditionnel discours annuel sur l’état de la nation. L’occasion pour lui de faire le bilan de son action à la tête de l’État et de préciser ses intentions quant à une possible réforme institutionnelle. Un sujet brûlant…
« Dans une proposition susceptible d’attiser les débats, relate le site congolais Actualités CD, Félix Tshisekedi a affirmé qu’il “était peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique“. Il a toutefois précisé que cette initiative visait exclusivement à lancer un dialogue sincère entre les citoyens congolais pour construire un cadre institutionnel mieux adapté aux réalités du pays. (…) Cet appel du président intervient dans un contexte marqué par un débat houleux sur la révision ou le changement de la Constitution congolaise, relève Actualités CD. Si l’initiative est perçue par ses partisans comme une nécessité pour moderniser l’appareil d’État, l’opposition y voit une manœuvre visant à prolonger le mandat présidentiel au-delà des limites actuelles. »
En clair, lui permettre de briguer un troisième mandat…
Résultat, pointe le site congolais Beto : « l’Union Sacrée de la Nation, coalition politique menée par le Président Félix Tshisekedi, pourrait connaître des turbulences majeures dans les prochains mois. (…) Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Modeste Bahati, candidats potentiels à la succession, hésitent à s’aligner totalement sur le chef de l’État. En face, seuls l’UDPS et Sama Lukonde soutiennent sans réserve le Président. Une division qui pourrait redéfinir le paysage politique congolais. »
En tout cas, cette manie de vouloir tripatouiller la constitution est habituelle en Afrique… C’est du moins ce qu’estime WakatSéra au Burkina : « pourquoi, hélas, un troisième mandat, à l’africaine ? Là est tout l’enjeu de la problématique. L’explication va dans plusieurs sens, pointe le site ouagalais : appât du gain, soif inassouvie d’honneur et de puissance, narcissisme inqualifiable, mais dangereux… C’est dans cette obstination que le guinéen Alpha Condé a été poussé jusqu’au bout de l’opprobre, chassé du pouvoir par un coup d’Etat. Rattrapé par l’heure de vérité, le Sénégalais Macky Sall l’a échappé belle, après avoir cherché, sans succès, à faire tourner son peuple en bourrique. »
Et WakatSéra de conclure : « la liste n’est pas exhaustive. »
Reste que Félix Tshisekedi, dans son discours, ne s’est pas attardé sur cette question… C’est ce que relève Jeune Afrique pour qui le président congolais « est apparu étonnement modéré » sur cette possible révision de la constitution. « On était loin du ton quasi martial adopté en octobre à Kisangani, puis à Lubumbashi, Kipushi, Kalemie ou encore Isiro, quand le président avait vertement critiqué une Constitution, avait-il dit, “rédigée à l’étranger par des étrangers“ ou encore qui obligerait, dans son article 217, les Congolais à abandonner une part de leur souveraineté à des États voisins. »
En fait, pointe le site panafricain, « dans son discours qui aura duré près de deux heures, Félix Tshisekedi a préféré s’attarder sur des questions économiques et sociales, dressant un bilan positif des premières années de sa présidence. Baisse du prix des produits pétroliers et des produits de base, gratuité des soins de maternité pour 1,3 million de personnes, relance de la mine de zinc de Kipushi… Il a salué des “progrès notables“ et des “avancées concrètes“. »
Le Nouvel Observateur à Kinshasa n’est guère convaincu… « À analyser les propos du président de la République, on serait tenté de croire que ceux qui ont rédigé ce discours ne connaissent pas les réalités du pays. Comment peut-on parler des réserves en banque dès lors que beaucoup d’agents de l’Etat notamment les enseignants ne sont pas payés, certains depuis 10 ans d’autres plus ? Comment l’entourage du chef de l’Etat peut-il faire croire que le cadre macroéconomique est stabilisé alors que le roi dollar ne fait que grimper, avoisinant 3.000 FC pour 1 dollar ? (…) En définitive, peste encore le bi-hebdomadaire congolais, c’étaient les mêmes redites que le peuple congolais a suivies hier. Il n’y a rien eu de neuf sous le soleil. C’est du déjà entendu et rien n’assure que demain sera meilleur qu’hier. »
« Dans leur vacarme habituel, relateLe Monde Afrique, deux Mirage 2000D de l’armée française et un appareil de ravitaillement ont décollé hier vers 13 heures de la base aérienne Adji Kosseï de N’Djamena, donnant ainsi le coup d’envoi au retrait des forces françaises stationnées au Tchad. Ce départ fait suite à la décision tchadienne de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugés “obsolètes“ et “surannés“ par le président, Mahamat Idriss Déby. » Le troisième et dernier Mirage français au Tchad devrait décoller ce mercredi.
Désormais, pointe encore Le Monde Afrique, « le Tchad semble avoir trouvé d’autres partenaires sécuritaires. Son armée a récemment utilisé des drones de fabrication turque contre Boko Haram. La Hongrie s’est positionnée mais ce sont les Emirats arabes unis qui apparaissent aujourd’hui comme l’allié privilégié, fournissant à N’Djamena du matériel militaire et lui accordant en octobre un prêt de plus d’un milliard de dollars à un taux de 1 % sur 14 ans. »
En effet, préciseJeune Afrique, « N’Djamena a acquis en Turquie trois avions de combat légers Hürkuş, dont la capacité d’attaque reste toutefois limitée. Le pays a également reçu une livraison d’Ankara de deux drones de type Anka, conçus pour les missions de renseignement, mais pouvant être équipés de charges explosives pour des missions de destruction. Ces drones ont été récemment utilisés dans l’opération anti-terroriste Haskamite, dans le bassin du lac Tchad. Le Tchad se serait également équipé de drones fabriqués aux Émirats arabes unis, qui pourraient avoir accru sa capacité militaire aérienne. »
Toutefois, s’interroge un ancien ministre tchadien interrogé par le site panafricain : « est-ce que le Tchad est en capacité, aujourd’hui, de prendre le relais sur le plan de la dissuasion aérienne française ? Est-ce que, demain, si des colonnes rebelles déferlent sur N’Djamena, l’armée tchadienne aurait les moyens aériens de les stopper ? Sans doute pas », affirme-t-il, tout en déplorant que la dénonciation des accords de coopération militaire avec la France a été, dit-il, « précipitée. »
En tout cas, analyse le siteAfrik.com, « cette décision de mettre fin à la coopération militaire avec la France est avant tout une affirmation de la souveraineté du Tchad. Cette question de la souveraineté est d’autant plus importante pour le Tchad qu’il se trouve au cœur d’un Sahel instable, où les attaques djihadistes, notamment de Boko Haram, et les conflits régionaux, comme la guerre au Soudan, créent un environnement particulièrement difficile. Malgré ces défis sécuritaires, le Tchad semble déterminé à réduire la dépendance militaire vis-à-vis de la France et à promouvoir un nouvel alignement stratégique. »
D’ailleurs, poursuit Afrik.com, cette « décision de rompre les accords militaires avec la France a été largement soutenue par la population tchadienne. À N’Djamena, des manifestations massives ont eu lieu, rassemblant principalement des jeunes qui scandaient des slogans en faveur de l’indépendance militaire du pays. »
Reste que ce départ des Mirage a surpris N’Djamena… C’est ce que remarque WakatSéra au Burkina Faso. « Alors qu’il avait demandé un retrait total au bout d’environ six mois, puis dans les plus brefs délais, le gouvernement tchadien ne s’attendait, visiblement pas, à ce que Paris respecte, à la lettre, cette injonction. Les conditions de départ du reste de l’armée française, dont ses 1000 soldats, qui séjournent au Tchad, pour lui prêter main forte dans la lutte contre la rébellion et autres groupes armés, ces conditions de départ, sont toujours sur la table des discussions entre les deux pays. (…) En tout cas, pointe encore WakatSéra, ce n’est certainement pas pour revenir sur sa décision, que le gouvernement tchadien marque sa surprise, car la souveraineté, par le Tchad proclamée, ne s’en accommoderait guère, au moment où des manifestations hostiles à l’armée française ont déjà commencé. »
Enfin, nous revenons au Monde Afrique qui remarque que « ce départ des Mirage français survient au moment même où Mahamat Idriss Déby a été élevé, par décret présidentiel, au rang de “maréchal du Tchad“. Signe qu’il entend asseoir ce pouvoir dont il a hérité. Sept mois après son élection contestée par l’opposition, il devient le second personnage de l’histoire du pays à porter ce titre. Le premier était son père. »
La Syrie était la base arrière de la Russie pour toutes ses projections militaires vers le continent. Le bouleversement que vient de connaître le pays va-t-il changer la donne ? Question posée par Jeune Afrique.
« Moscou aurait obtenu de la rébellion arrivée au pouvoir la garantie de la sécurité de ses bases militaires et de ses représentations diplomatiques en Syrie. Mais, sur le terrain, des mouvements de troupes et de matériel ont été signalés autour des emprises russes que sont la base aérienne de Hmeimim, dans la région de Lattaquié, et la base navale de Tartous. Ces deux installations sœurs pourraient être abandonnées par la Russie, si aucun accord n’était trouvé avec Ahmed al-Charaa, le chef du groupe HTC. (…) Ces deux bases, rappelle Jeune Afrique, ont été utilisées, ces dernières années, par l’armée russe et ses supplétifs – Wagner et Afrika Corps – dans le cadre de transports de matériel et de troupes en Afrique, en particulier en Libye et au Sahel. Le ballet aérien était spécialement important entre les aéroports russes, la Syrie et le Mali, le Burkina Faso et la Centrafrique. C’est ce système qui pourrait être menacé par la disparition de l’emprise russe en Syrie, pointe le site panafricain.
À lire aussiChute du régime en Syrie: quel avenir pour les bases russes, essentielles aux opérations en Afrique?
Il est encore trop tôt pour mesurer les effets de l’abandon potentiel des bases de Hmeimim et Tartous. Néanmoins, les conséquences pourraient être particulièrement fortes en Libye, où la Russie et Wagner se tiennent aux côtés du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est du pays. Le port de Tobrouk pourrait apparaître comme une solution de repli, tout comme l’aéroport de Benghazi. »
Et Jeune Afrique de citer cet expert du groupe Wagner : « Moscou pourrait simplement décaler sa capacité de projection vers l’Afrique, de la Syrie à la Libye, en s’appuyant sur son alliance avec Haftar. »
« La Russie, soutien historique du régime syrien, accélère son désengagement. La Libye sera-t-elle son plan B ? », s’interroge en écho Le Point Afrique. Eh bien très certainement, estime le journal. « Le pan Est libyen, sous la férule du clan Haftar père & fils, a pactisé avec le régime de Vladimir Poutine pour asseoir son pouvoir en échange d’une présence accrue des soldats russes. La Libye est la porte d’entrée au Sahel. »
Et pour Le Point Afrique, il est clair que « la Russie veut consolider depuis le port de Tobrouk un véritable hub pour alimenter ses ambitions en Afrique, du Mali jusqu'à la Centrafrique. »
A la Une également, l’Afrique anglophone, porte-flambeau de la démocratie sur le continent… C’est ce que souligne le site Afrik.com : « après le Liberia, et tout récemment le Botswana, c’est au tour du Ghana de tenir une élection présidentielle remportée haut la main par l’opposition. Victoire reconnue avant la proclamation officielle des résultats par le candidat du parti au pouvoir. Une fois de plus, pointe le site panafricain, l’Afrique anglophone vient de donner l’exemple. (…) Elle a une longueur d’avance sur l’Afrique francophone en matière d’organisation d’élections transparentes exprimant véritablement la volonté populaire. »
L’Afrique francophone où « chaque élection présidentielle est chargée d’incertitudes, relève encore Afrik.com. (…) Très souvent, le jeu est gagné d’avance comme tout récemment au Tchad, aux Comores, et comme toujours au Cameroun, au Togo… Et on en passe. »
Exception qui confirme la règle, pointe le site : le Sénégal… « L’alternance exemplaire de mars dernier est l’une des illustrations les plus éloquentes de cette exception sénégalaise après la débâcle d’Abdoulaye Wade face à son ancien Premier ministre, Macky Sall, en 2012. »
Enfin, Ledjely en Guinée salue la prégnance de la démocratie au Ghana : « alors qu’en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les populations peinent à sortir de la transition militaire, le retour au pouvoir de John Dramani Mahama nous rappelle au moins que les urnes sont toujours une solution, affirme le site guinéen, et qu’au Ghana, les populations y croient encore. C’est d’autant plus rassurant que dans la confusion ambiante, certains n’ont pas tardé à célébrer le deuil de la démocratie électorale, au motif qu’elle ne serait pas adaptée au contexte africain. Or, conclut Ledjely, le Ghana et les Ghanéens nous disent que ce n’est pas le cas. »
La situation au Proche-Orient est toujours suivie avec attention par les médias du continent et la Syrie, bien sûr, ne fait pas exception…
« Syrie: les rebelles annoncent avoir renversé le président Bachar el-Assad », s’exclame WakatSéra à Ouagadougou.
« Lâché par la Russie, offensive fulgurante des rebelles : ce qui a perdu Bachar el-Assad », titre WalfQuotidien à Dakar. Le quotidien sénégalais qui s’alarme : « la chute du régime de Bachar el-Assad, jadis présenté comme un “président réformateur“, mais qui est devenu un “autocrate sanguinaire“, plonge la Syrie dans le chaos, et met le Moyen-Orient au bord de l’implosion. Et pour cause, à peine le cessez-le feu décrété entre Israël et le Hezbollah libanais, la guerre s’est réveillée en Syrie. Le Proche-Orient risque ainsi de s’embraser à nouveau, là où l’on ne l’attendait pas ».
Le site ivoirien Afrique sur 7 revient sur les raisons de cette chute : « la révolution de 2011, en parallèle du printemps arabe, n’a offert au peuple Syrien ni vainqueur ni vaincu mais une désolation totale. (…) À cela s’ajoute l’ampleur des sanctions économiques et l’isolement diplomatique imposées par la Communauté internationale. L’ancien président syrien était affaibli de l’intérieur et de l’extérieur. (Des années durant) des milliers de Syriens ont préféré quitter le pays, à la recherche de la paix loin des canons et des bombardements. C’est pour ces raisons que l’offensive lancée fin novembre par la coalition des rebelles a eu raison du régime de Bachar el-Assad ».
Désormais, pointe Afrique sur 7, « il y a la peur de l’inconnu : on craint que la Syrie d’après Bachir el-Assad ne devienne l’Irak d’après Saddam Hussein ».
« La sortie de l’histoire, par la fenêtre, de celui qu’on surnommait le boucher de Damas, rappelle la triste fin de certains chefs d’État africains », relève Le Pays au Burkina Faso. « Ces dirigeants qui ont fui leurs pays respectifs pour se réfugier à l’étranger. On se rappelle encore des cas de Mobutu de l’ex-Zaïre ou encore de Ben Ali de Tunisie, qui, finalement, sont morts, loin des leurs et dans des conditions peu enviables ».
Et Le Pays de s’interroger également sur la suite des événements : « maintenant que Bachar el-Assad n’est plus aux affaires, soufflera-t-il un vent de liberté sur la Syrie ? Ou alors la tyrannie continuera-t-elle de prévaloir ? Malgré les assurances qu’il donne, on ne saurait donner le bon Dieu sans confession au leader des rebelles (…). S’il est vrai que Bachar el-Assad n’est pas à plaindre, on ne saurait applaudir de facto l’arrivée de radicaux au pouvoir ; tant ces derniers peuvent être capables de tout. Il faut même craindre que le cas syrien n’ouvre une boîte de Pandore avec tout ce que cela pourrait engendrer comme conséquences. On croise les doigts. Mais en attendant, pointe encore Le Pays, il faut que les grandes puissances, qui ont joué les pyromanes, mettent les bouchées doubles pour assurer le service-après-vente en Syrie, au risque de voir le pays devenir une déglingue, comme c’est le cas de la Lybie, où on ne sait plus qui fait quoi et pourquoi ».
Le Matin d’Algérie s’interroge également : « quelle sera la conséquence de tout ce désastre ? (…) Que sera le destin de la Syrie avec des rebelles victorieux qui se proclament de l’islamisme ? Entre les islamistes, la mosaïque confessionnelle et le morcellement territorial, l’héritage est lourd en Syrie, pointe le site algérien d’opposition. Le monde arabo-musulman en est responsable car pour la gloire et le pouvoir d’un tyran, il faut un peuple qui chante ses louanges, un système militaro-policier qui le protège et des corrompus qui n’ont aucun intérêt à sa chute ».
En tout cas, conclut Le Matin d’Algérie : « pour le moment, le tyran est tombé, réjouissons-nous ».
Et, pour le site Tunisie Numérique, « on verra bien si cette coalition de rebelles, nébuleuse d’islamistes radicaux et de combattants, est vraiment éprise de liberté et de démocratie. On verra comment tout cela s’emboitera, comment cette mayonnaise très improbable prendra. Ce ne sera pas simple et le succès n’est pas garanti, mais l’essentiel est ailleurs, pointe le site tunisien. Il est dans cette joie profonde, ces liesses populaires qui n’ont rien de factice, ce sentiment de libération nationale, ces prisons qui se vident, des détenus dont certains étaient là sans aucune justification depuis le sombre règne d’Hafez el-Assad. (…) Tout ça, c’est terminé… Enfin, il faut l’espérer ».
Your feedback is valuable to us. Should you encounter any bugs, glitches, lack of functionality or other problems, please email us on [email protected] or join Moon.FM Telegram Group where you can talk directly to the dev team who are happy to answer any queries.