Aujourd'hui l'économie

Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’« Aujourd’hui l’économie, le Portrait », celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grand ou petite... La chronique Aujourd'hui l'économie prend ses quartiers d'été. Pour la remplacer, nous vous proposons 3 séries : Les grandes sagas industrielles (du 5 au 9 août 2019) ; Les objets/produits symbole d'un pays (du 12 au 16 août 2019) ; Les succès de l'économie verte (du 19 au 23 août 2019). Heures de diffusion (heure de Paris) : du lundi au jeudi à 7h17 (antenne Monde), 8h20 (antenne Afrique), et «Portrait Eco» le vendredi à 7h17 (antenne Monde), 8h20 (antenne Afrique), et 19h21 (toutes cibles).

  • 3 minutes 13 seconds
    La Chine se prépare à la politique économique de Donald Trump

    Donald Trump ne cesse de prévenir : la Chine sera sa grande rivale économique lorsqu'il sera à la Maison Blanche. Ses dernières décisions le prouvent, il a choisi un opposant notoire à Pékin pour être son chef de la diplomatie, ou encore, il promet d'imposer des droits de douane de 60% pour tout produit importé de Chine. Des décisions qui pourraient avoir des impacts sur la santé économique chinoise.

    Parfois, pour comprendre, un chiffre vaut mieux qu'une longue explication. Le chiffre, c'est celui-ci : 1 000 milliards de dollars, à savoir le montant de l'excédent commercial de la Chine pour cette année 2024. Cela veut dire qu'elle vend plus qu'elle n'achète, de beaucoup, c'est tout simplement un record mondial. Concrètement, cet excédent commercial démontre l'importance des exportations pour la Chine.

    Les États-Unis font partie des principaux partenaires commerciaux de la Chine avec 550 milliards de dollars de produits chinois exportés vers les États-Unis en 2022, malgré des mesures prises par Washington pour limiter le commerce avec Pékin lors du premier mandat de Donald Trump. Il avait déjà durci les règles entre 2016 et 2020. Ces règles sont toujours appliquées mais les autorités chinoises avaient pris conscience du risque que cela pouvait être pour leur économie.

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    Des lois anti-sanctions étrangères

    Depuis huit ans, la Chine se dote de lois contre les sanctions étrangères. Évidemment, elles sont plus ou moins radicales et elles permettent à Pékin de mettre notamment sur liste noire certaines entreprises étrangères. En cas de sanctions très dures, cela aurait des conséquences réelles sur l'accès aux chaines d'approvisionnement mondiales.

    Cela parce que la Chine est un marché très important et que le monde reste très dépendant d’elle. Qu'il s'agisse de composants, de pièces détachées ou même de voitures électriques, la Chine sait faire et elle exporte ou produit pour elle-même.

    Les États-Unis sont ainsi en première ligne. Cet exemple le prouve : si d'aventure Washington durcit les règles et taxe à hauteur de 60% comme Donald Trump le souhaite, il est tout à fait envisageable que Pékin réponde en faisant pression sur des groupes américains.

    Tesla en étant un, Pékin pourrait mettre des bâtons dans les roues à son développement en Chine. De mauvais augure pour le géant américain de la voiture électrique puisque Tesla est implantée sur le sol chinois et y voit un marché très important. Tesla est un exemple, mais toutes les entreprises américaines globalisées sont concernées.

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    Quels leviers d'action pour Pékin ?

    La Chine est sur une ligne de crête. Puisque si les États-Unis amplifient leurs mesures protectionnistes, elle va devoir trouver de nouveaux partenaires pour maintenir son excédent commercial. On l'a vu, la Chine doit son salut économique en ses exportations. Alors vers qui se tourner ? L'Union européenne ? Les 27 ont conscience de cette possibilité et justement, ils pourraient durcir les règles d'entrée sur leur marché.

    Donc, l'idée pour Pékin est d’intensifier ses échanges commerciaux avec des pays en développement, moins alignés sur les grandes puissances occidentales, en explorant d’autres secteurs que ces industries. La Chine a d’ailleurs largement anticipé cette possibilité. Cette illustration en est la preuve, ce 15 novembre 2024, au Pérou, avec l'inauguration d'un gigantesque port. Valeur de l'opération : 3 milliards et demi de dollars investis par Pékin qui vont lui permettre d'avoir une nouvelle porte d'entrée en Amérique latine.

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    15 November 2024, 8:27 am
  • 2 minutes 56 seconds
    COP29: des pistes innovantes pour financer l'aide climatique

    La COP29 se déroule du 11 au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Au cœur des discussions de ce grand rendez-vous pour le climat, ces questions : quel montant pour les pays en développement, et surtout, qui paie ? Les idées sont donc nombreuses pour financer l'aide climatique.

    En 2024, l'aide des pays riches pour les pays en développement est de 116 milliards de dollars par an. C'est conforme à ce qui avait été fixé il y a 15 ans à la COP de Copenhague, à savoir atteindre les 100 milliards de dollars d'aide par an à partir de 2020... Cet objectif a d'ailleurs été atteint avec un peu de retard en 2022. Mais les pays en développement demandent plus, évoquant une dette climatique contractée par les pays riches, qui ont contribué au changement climatique depuis plus d'un siècle. Par exemple, l'Inde, le groupe Afrique et le groupe arabe proposent de nouveaux objectifs de financement, de 1 000 à 1300 milliards de dollars par an à l'horizon 2030

    Qui va payer ?

    C'est là que ça coince. De COP en COP, certains pays se sont enrichis et « changent de camp ». C'est par exemple le cas de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, première pollueuse au monde, mais Pékin estime payer assez. Il y a aussi le cas des États-Unis avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Il a répété vouloir couper les financements mondiaux pour le climat. Et puis, il y a l'Europe qui veut contribuer davantage, mais qui n'en a pas les moyens, dans un contexte où les pays du continent adoptent des budgets d'austérité pour juguler leurs déficits.

    Il faut donc plusieurs acteurs. Les spécialistes font souvent la comparaison avec un oignon. Chaque épaisseur correspond à une couche de financement. En son cœur, les financements publics. Les couches plus périphériques correspondent à d’autres financements privés !

    De multiples formes de financement

    On parle de plusieurs taxes, comme celles sur les transactions financières. Ce sont de petites taxes, entre 0,01 et 0,5 % et sont appliquées lorsqu'il y a achat-vente d'actions ou d'obligations. Puisque qu'il y a des milliers de transactions financières par minute, cela pourrait permettre de rapporter un produit fiscal conséquent et utile pour financer l'aide au développement. Le recours à cette option était d'ailleurs inenvisageable il y a quelques années, aujourd'hui, elle est de plus en plus prise au sérieux par les spécialistes et devient une piste concrète.

    D'autres taxes sont mises en avant comme, par exemple, la taxe sur les énergies fossiles. Toujours la même stratégie : une sorte d'impôt prélevé lors d'achat de charbon, de pétrole ou gaz. Taxation également sur le transport maritime, secteur très peu taxé. Les armateurs disposent d'un régime fiscal d'exception, d'autant que c'est un secteur qui pollue beaucoup également. Autre possibilité, le secteur aérien avec une sorte de taxe grands voyageurs. Le système fonctionnerait comme celui des Miles de fidélité mais à l'inverse : plus un passager prendrait l'avion, plus le prix du billet augmenterait.

    Les super-riches dans le viseur

    L'idée d'une ponction annuelle de 2 % sur le patrimoine des milliardaires fait son chemin. Cette taxe est surnommée la taxe Zucman, du nom de l'économiste qui l'a proposée. La mesure peut sembler intéressante car, aujourd'hui, ce sont 3 000 milliardaires de la planète qui échappent largement à l'impôt via de nombreuses stratégies fiscales. Cela pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. L'idée est donc que tout le monde participe au financement de l'aide climatique... D'ailleurs, la COP29 de Bakou sert à trouver une stratégie commune, de discuter de toutes ces options possibles afin que chacun y mette du sien et trouver des financements communs.

    14 November 2024, 10:15 am
  • 3 minutes 4 seconds
    Malgré l'opposition de la France, l'accord UE-Mercosur en passe d'être conclu?

    Les agriculteurs français promettent de reprendre leur mobilisation lundi, notamment pour protester contre la perspective d'un traité de libre-échange UE-Mercosur. Pourtant, après un accord politique trouvé en 2019 et près de 25 ans de tractations, la majorité des États de l'Union européenne poussent pour conclure les dernières négociations, si possible avant l'intronisation de Donald Trump le 20 janvier. 

    Voitures allemandes d'un côté, bœuf argentin et poulet brésilien de l'autre : le traité de libre-échange UE-Mercosur, négocié depuis près d'un quart de siècle, doit supprimer ou réduire les droits de douane sur de nombreux services, produits agricoles ou encore produits industriels entre les pays membres de l'Union européenne et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie). Un accord politique avait été trouvé en 2019, afin de créer l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde. Pourtant, le texte n'a toujours pas été officiellement adopté, notamment en raison de l'opposition de la France. Face à la perspective de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump – il prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier – la Commission européenne, poussée notamment par l'Allemagne et l'Espagne, cherche à conclure les négociations. 

    Face au protectionnisme de Trump, diversifier les exportations

    Le milliardaire américain a promis pendant sa campagne des droits de douane de 10 à 20 % sur les importations aux États-Unis et même de 60 % sur les produits chinois, ce qui pourrait bien déclencher des représailles commerciales. Face à la perspective d'un regain de protectionnisme chez les deux plus grandes économies mondiales, « il y a une impatience des États membres [de l'Union européenne] qui soutiennent cet accord. On va être confrontés sans aucun doute à une guerre commerciale qui va secouer le commerce international. À travers cet accord commercial, il s'agit d'avoir une alliance resserrée avec les pays d'Amérique latine, et de rapprocher des intérêts stratégiques », explique Elvire Fabry, chercheuse senior en géopolitique du commerce à l'Institut Jacques Delors. « La place qu'on ne prend pas en ne signant pas l'accord, c'est la Chine qui la prend », estime la chercheuse du think tank européen.

    La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud, devançant les États-Unis. Pour les pays du Mercosur, l'intérêt est également de diversifier leurs exportations, ainsi que d'accéder à un marché de 450 millions de consommateurs européens. Une nouvelle session de négociations entre la Commission européenne et le Mercosur est prévue à la fin du mois de novembre.

    Dernières négociations sur l'environnement

    Les discussions renouées ces dernières semaines ne portent pas sur l'accord politique déjà conclu en 2019, mais sur une annexe au texte. L'UE cherche davantage d'engagements environnementaux de la part des pays du Mercosur. La Commission européenne souhaite inclure comme « clause essentielle » le respect de l'accord de Paris de 2015, dont l'objectif est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à l'ère préindustrielle. De leur côté, les pays du Mercosur négocient les règles des marchés publics pour protéger leurs industries nationales. Le Brésil, par exemple, souhaite des garanties pour son industrie automobile, face à la concurrence des exportations de voitures allemandes.

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    Vive opposition au traité en France

    Malgré la volonté de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Commission européenne d'avancer rapidement, l'accord reste très impopulaire en France. Les agriculteurs prévoient de reprendre leurs mobilisations dès lundi, ce qui coïncidera avec le début du G20 au Brésil, où ils craignent qu'un accord UE-Mercosur soit conclu en marge du sommet. Par ailleurs, plus de 620 parlementaires français de tous bords politiques ont signé mardi 12 novembre une lettre adressée à la Commission européenne pour manifester leur opposition au traité.

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    Pourtant, Bruxelles souligne que la France bénéficierait de l'accord pour ses exportations de vin et de produits laitiers. De plus, les quotas de viande importés depuis le Mercosur avec des droits de douane réduits sont faibles par rapport à la production européenne, estime la Commission : ces quotas équivalent à 1,6 % de la production européenne de bœuf et 1,4 % pour la volaille. Des moyennes qui pourront se traduire par des pourcentages plus élevés dans certains pays. La France, soutenue par l'Irlande et les Pays-Bas, cherche à rallier la Pologne et d'autres pays européens à sa cause. Mais « pour le moment, on est encore en dessous du seuil d'une mobilisation suffisante pour bloquer une ratification » au niveau européen si le texte devait être adopté à la majorité qualifiée, pointe Elvire Fabry.

    13 November 2024, 12:09 pm
  • 3 minutes 26 seconds
    Trump à la Maison Blanche: quelles conséquences économiques pour l'Afrique?

    Commerce, aide au développement, relations économiques, même si Donald Trump semble ignorer le continent lors de ces prises de parole, les répercussions sur l'Afrique de sa politique économique pourraient être plus importantes que lors de son premier mandat. 

    Les économies africaines seront-elles affectés par le protectionnisme à la sauce Trump ? L'augmentation des droits de douanes de 10 voire même 20 % aura nécessairement des conséquences. Toutes les importations américaines seront touchées et les produits africains ne devraient pas échapper à la règle.

    Les véhicules sud-africains, les diamants du Lesotho, les hydrocarbures comme le pétrole brut du Nigeria ou certains minerais : si Donald Trump applique son programme, les droits de douane augmenteront sur tous ces produits.

    Les exportations touchées par le protectionnisme

    Si l’on tient compte du poids des exportations dans le PIB des pays, le Lesotho, Madagascar, le Ghana, la Libye et l’Afrique du Sud seraient les plus touchés selon une étude du cabinet indépendant Global Sovereign Advisory publiée quelques semaines avant l'élection. 

    En 2017, lors de la première élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les mesures protectionnistes ne concernaient qu'un petit nombre de produits. Les effets avaient donc été très faibles pour l'Afrique. Là, encore une fois, si Trump fait ce qu'il dit, ça sera plus dur à supporter.

    À écouter aussiDonald Trump, commerce, guerre en Ukraine, IA : l'état du monde selon trois grands économistes

    L'Agoa dans le viseur ?

    Les incertitudes concernent également l'avenir des accords commerciaux et en particulier le principal accord : l'African Growth and Opportunity Act plus communément appelé l'Agoa et qui permet aux pays africains d'exporter vers les États Unis sous conditions.

    Donald Trump ne s'en cache pas, il est sceptique sur ces cadres multilatéraux. En 2018 il avait déjà suspendu le droit du Rwanda d'exporter des vêtements via l'Agoa. Une sanction envers Kigali qui avait décidé d'augmenter les droits de douanes sur les importations de fripes. Donald Trump utilise cet accord commercial pour faire pression sur les pays bénéficiaires... qui sont d'ailleurs régulièrement soumis à une réévaluation. 

    Le programme arrive à échéance en septembre 2025, et certains experts s'inquiètent. Donald Trump n'a rien spécifié durant sa campagne, mais il pourrait tout à fait décider de modifier l'Agoa qui générait l'année dernière quasiment 50 milliards de dollars d'échanges commerciaux.

    À écouter aussiDonald Trump: le retour du protectionnisme à la Maison Blanche?

    Chine touchée = Afrique impactée

    Il y aura aussi des conséquences indirectes, notamment si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s'intensifie. Des droits de douanes massifs sont attendus sur les produits chinois vendus aux États-Unis. et l'effet mécanique est le suivant : ralentissement de l'économie chinoise donc les pays africains qui exportent beaucoup vers la chine pourraient être affectés. Là, les économistes parlent de pays, comme l'Angola ou la République démocratique du Congo qui exportent leurs minerais vers la Chine.

    Autre incertitude : l'aide au développement américaine sera-t-elle rabotée par le président Trump ? Elle est très importante pour le continent africain, près de 4 milliards de dollars cette année.

    Les médias sud-africains se demandent par exemple si le programme américain de lutte contre le VIH se poursuivra. 

    En attendant, les chefs d'États africain font de la politique. C'est un concert de félicitations au président élu depuis une semaine. Car si l'Afrique n'intéresse pas Trump... il est primordial de ne pas se fâcher tout de suite.

    12 November 2024, 10:54 am
  • 3 minutes 10 seconds
    COP29: les banques et le financement climatique, une vaste hypocrisie?

    Alors que s'ouvre, ce 11 novembre, la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, qui sera principalement axée sur le financement climatique, le rôle des banques dans la transition verte qu'elles disent accompagner est pointé du doigt par certaines ONG. Les participants doivent adopter un nouvel objectif mondial pour remplacer celui fixé en 2009, qui prévoyait que les pays riches mobilisent 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) d’aide annuelle à destination des pays en développement.

    Dans un rapport publié à la veille de l'ouverture de cette COP29, l'ONG Reclaim Finance a passé au crible les transactions de 20 grandes banques européennes depuis 2021, et note près de 1000 transactions auprès de majors telles que TotalEnergies, Shell ou BP. 

    Si les banques affirment soutenir ces grandes entreprises pétro-gazières pour les accompagner dans leur transition, leurs financements vont majoritairement aux activités fossiles et notamment aux nouveaux projets de terminaux GNL. La parade est simple et s'appelle le financement « corporate », qui revient à financer l’entreprise qui développe le projet et non l'infrastructure. C'est par ce subterfuge que les banques affirment ne participer à aucun projet lié aux hydrocarbures de manière directe alors qu'elles sont impliquées dans nombre de « bombes carbones », ces mégas projets d'extraction de combustibles fossiles.

    Les institutions financières se défendent en affirmant que les énergies fossiles continuent de jouer un rôle important dans le mix énergétique mondial, avec une demande croissante, un argument qui est aussi régulièrement avancé par les producteurs d'énergie.

    Risque accru pour la finance mondiale

    Ces financements comportent pourtant aussi un risque pour le secteur financier lui-même. La banque de France a elle-même publié un rapport dénonçant des conséquences sur les marchés ou encore le crédit. Car le réchauffement climatique qui génère des phénomènes météorologiques de grande ampleur et plus fréquents, on l'a vu récemment en Espagne, déstabilise aussi les tissus économiques locaux et peut fragiliser le système financier via les actifs dont la valeur peut très vite se dégrader. Le secteur financier a donc tout intérêt à s'engager pleinement dans cette transition sous peine d'un contrecoup très dur . 

    Des subventions très généreuses 

    Il n'y a pas que les banques qui sont mises en cause, les subventions des pays développés aux combustibles fossiles explosent elles aussi.

    Ces pays riches ont dépensé six fois plus sur douze ans en subventions pour les combustibles fossiles qu’ils ne se sont engagés dans le financement international contre le changement climatique pour soutenir les pays les plus vulnérables. C'est ce qu'affirme l’ONG ONE dans une étude : l'argent dépensé chaque année par les économies avancées en subventions vers le fossile couvrirait près de la moitié du déficit de financement public international pour répondre aux besoins de financement du climat des économies en développement. À l'exclusion notable de la Chine ... 

    L’Azerbaïdjan, hôte de la COP29 cette année, est le pays le pire en la matière, toujours selon cette étude, le pays s’est illustré ces douze dernières années avec des subventions 1 800 fois plus élevées aux combustibles fossiles qu’au financement climatique.

    11 November 2024, 8:41 am
  • 3 minutes 6 seconds
    Volkswagen, Michelin, Auchan, les plans sociaux se multiplient en Europe

    Chez Michelin, la colère des salariés au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Une grève en soutien aux usines de Vannes et de Cholet. Après Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ?

    Chez Michelin, les salariés expriment leur colère au siège de l'entreprise à Clermont-Ferrand. Un débrayage initié par la CGT en soutien à leurs collègues de Vannes et de Cholet concernés par des suppressions d'emplois. Après le constructeur de voitures allemand Volkswagen, c'est au tour du numéro un mondial des pneus d'annoncer un plan social. Des annonces qui ont fait l'effet d'une bombe. Serait-ce une lame de fond qui touche l'industrie européenne ?

    L’automobile et l’industrie de la chimie en crise

    Depuis plusieurs années des crises couvent un peu partout en Europe. À commencer par celle qui touche l'automobile. Volkswagen cherche à réduire ses coûts et à économiser quatre milliards d'euros. Avec à la clé des emplois détruits et des fermetures d'usines. Le premier groupe automobile européen vend moins, notamment en Chine, son principal marché. C'est aussi l'effondrement de l'activité qui est à l'origine de la fermeture avant 2026 de deux sites de Michelin dans l'ouest de la France. 1200 personnes vont perdre leur travail.

    Les équipementiers automobiles souffrent aussi. 32 000 emplois détruits en Europe chez les sous-traitants des grands groupes. La faute à la stagnation des ventes, aux prix élevés de l'énergie et à la concurrence chinoise qui provoque par ailleurs l'effondrement de l'industrie de la chimie européenne.

    Les difficultés d’Auchan

    La crise n'épargne pas la grande distribution. Si Leclerc, Système U ou Intermarché tirent leur épingle du jeu, Auchan est en difficulté. 2 400 postes doivent être supprimés. Durant des années, le groupe pouvait compter sur ses activités à l'international pour essuyer les pertes françaises. Mais après avoir quitté l'Italie en 2019 et la Chine l'année suivante, Auchan s'apprêterait à abandonner sa principale bouée de sauvetage : la Russie. Si la flambée des prix a contribué à augmenter le chiffre d'affaires de la grande distribution, elle a aussi grignoté le pouvoir d'achat des consommateurs. Les clients dépensent moins dans les grandes surfaces.

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    La filière sidérurgique en panne

    Outre l'automobile, la chimie et la grande distribution, la sidérurgie européenne tire aussi la sonnette d'alarme. La production pâtit de la faiblesse de la demande et de la concurrence asiatique. La crise s'est aggravée cet été avec une faillite des aciéries de Liberty Steel en Pologne et en République tchèque. Elle risque ainsi de se propager à d'autres secteurs : les énergies éolienne et solaire, la construction, l’électroménager, la production de machines, la défense et les équipements techniques.

    Les exportations européennes tributaires du marché américain

    À cette situation critique pour l'industrie européenne, s'ajoute la menace des droits de douanes que Donald Trump, fraichement élu président, veut imposer aux importations du monde entier. Or, l'UE est de plus en plus dépendante du marché américain pour ses exportations. Ce qui la rend vulnérable aux chocs potentiels de la future politique commerciale des États-Unis.

    8 November 2024, 7:05 am
  • 2 minutes 56 seconds
    Donald Trump: le retour du protectionnisme à la Maison Blanche?

    Le milliardaire réélu président des États-Unis mardi 5 novembre a fait des tarifs douaniers le cœur de sa politique économique. Il menace cette fois de les augmenter considérablement, au risque de déclencher une guerre commerciale de grande ampleur aux risques imprévisibles.

    « Les taxes douanières sont la plus grande invention du monde », répète Donald Trump. Son premier mandat avait été marqué par de nouvelles taxes à l'importation sur l'acier, l'aluminium, les panneaux solaires et même les machines à laver. Cette fois il veut aller plus loin encore avec une nouvelle taxe douanière de 10 % sur tous les produits importés. Et il menace d’aller beaucoup plus loin encore. « Je vois vos usines partir en Chine ou au Mexique : ne les laissez pas vous prendre votre industrie automobile. Ils fabriquent ces énormes usines, et ils pensent qu’ils vont pouvoir fabriquer des dizaines de milliers de voitures et les vendre ici ? Je ne les laisserai pas faire », a-t-il promis en septembre dernier dans le Michigan. « Nous allons augmenter les taxes douanières de 200 %, leurs voitures vont devenir invendables aux États-Unis ! »

    Donald Trump s’adresse aux ouvriers de l’ancienne « ceinture de l’acier » du nord des États-Unis, devenue la « ceinture de la rouille ». Il prononce son discours à une centaine de kilomètres à peine de Detroit, capitale déchue de l’automobile mondiale devenue le symbole de la désindustrialisation. En revenant à l’étymologie du mot, le protectionnisme pour protéger les industries et les ouvriers américains, Donald Trump fait mouche. En 2020 Joe Biden avait emporté le Michigan avec plus de 150 000 voix d’avance. Cette fois c’est Donald Trump que les électeurs de ce swing-state ont choisi. Le milliardaire ne voit pas le protectionnisme que comme un bouclier, à ces yeux c’est aussi une arme et un moyen de pression. Pour lutter contre l’immigration ou le trafic de drogue, il menace par exemple le Mexique d’imposer de nouvelles taxes douanières arbitraires si Mexico ne contrôle pas mieux ses frontières. Le protectionnisme est aussi une arme dans la guerre d’influence à laquelle se livrent Washington et Pékin. Pendant son premier mandat Donald Trump avait augmenté les taxes sur certains produits chinois à 25 %.

    Trump menace la Chine mais aussi les alliés des États-Unis

    Il menace désormais de les augmenter à 60 %. Un chiffre qui n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre, Donald Trump se vante de lancer parfois des chiffres au hasard comme outil de négociation, mais les termes du débat sont posés. Une mauvaise nouvelle pour l’économie chinoise qui peine toujours à se remettre de la pandémie et des difficultés de son marché immobilier. Pékin est en moins bonne posture face à Trump qu’elle ne l’était lors de son premier mandat. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne constituera pas pour autant une rupture dans les relations commerciales entre la Chine et les États-Unis. Joe Biden a eu beau se montrer très critique des mesures prises par Donald Trump, il n’est pas revenu sur les tarifs douaniers imposés par son prédécesseur sur 300 milliards de dollars de produits importés. Il en a même ajouté 18 milliards ciblés sur les technologies sensibles et notamment les semi-conducteurs.

    L’élection du milliardaire est en revanche regardée avec beaucoup d’appréhensions dans les capitales européennes. « Notre problème ce sont les autres pays qui profitent de nous », répétait Trump en campagne. « Le pire c’est que ceux qui nous traitent le plus mal, ce sont nos soi-disant alliés, je dis soi-disant parce qu’à bien des égards ce ne sont pas des alliés, ils abusent de nous. » Le message est clair, il s’adresse aux Européens mais aussi au Canada ou au Japon : il n’y aura pas de passe-droit. Là encore, il faut attendre de voir au-delà des coups de menton si ces menaces se traduisent concrètement en actes, mais on imagine mal, en cas de fortes augmentations des taxes douanières aux États-Unis, les pays concernés ne pas répliquer en augmentant à leur tour les taxes à l’importation sur les produits américains. À grande échelle, cela s’appelle une guerre commerciale.

    L'exemple des machines à laver

    Avec quelle conséquence pour l’économie mondiale ? Il est trop tôt pour le dire mais l’hypothèse donne des sueurs froides aux économistes. À plus court terme, le retour du protectionnisme risque de se traduire par une inflation généralisée. Quand l’administration Trump a augmenté les taxes à l’importation sur les machines à laver d’environ 10 % au début de son premier mandat, la mesure a eu en partie l’effet escompté, les fabricants ont investi aux États-Unis, ouvert des usines pour un total de 1800 emplois créés environ. Mais le prix des machines a lavé a augmenté de presque 100 dollars pour les consommateurs. Pire, les sèche-linges qui n'étaient pourtant pas concernés par la nouvelle taxe ont suivi le même chemin. Des chercheurs ont fait le calcul : chaque emploi créé a coûté 815 000 dollars au consommateur ou au contribuable.

    7 November 2024, 10:48 am
  • 2 minutes 46 seconds
    Trump ou Harris: quels effets sur le dollar?

    Le billet vert a reculé sur les marchés à quelques heures des élections de ce mardi 5 novembre aux États-Unis, après des sondages un peu moins favorables à Donald Trump ces derniers jours. Le résultat du scrutin est particulièrement incertain. Si l’ancien président revient au pouvoir, quelles conséquences peut-on attendre pour le dollar ?

    Le dollar américain continue d'occuper une place centrale dans le monde, malgré la volonté des pays des Brics+ et de pays rivaux des États-Unis de s'en affranchir. Le billet vert est utilisé dans près de 40% des paiements internationaux. C’est encore de très loin la principale monnaie de facturation des exportations à l’échelle mondiale. Dans des pays où les habitants n'ont pas ou peu confiance dans leur monnaie, comme au Liban, en République démocratique du Congo ou encore au Venezuela, la devise américaine est une alternative parfois très recherchée.

    Enfin, les banques centrales à travers la planète continuent de privilégier le billet vert pour leurs réserves de change : elles stockent des dollars pour garantir la stabilité de leur propre monnaie nationale ou pour pallier un déséquilibre de leur balance des paiements (autrement dit : pour régler la facture des importations). Le dollar, c'est 60% des réserves de change mondiales.

    Ces chiffres ont un peu baissé ces dernières années, mais restent disproportionnés par rapport à la taille de l’économie américaine, qui pèse « seulement » un quart du PIB de la planète.

    Donald Trump partisan d'un dollar plus faible

    L'ancien président américain Donald Trump, de nouveau candidat à la Maison Blanche, a répété plusieurs fois qu’il veut un dollar plus faible. « Nous avons un gros problème de monnaie », a-t-il répété en juillet à des journalistes de l'agence de presse Bloomberg. En réalité, son programme devrait plutôt tirer la monnaie américaine vers le haut. En effet, expulser massivement les migrants, ou encore imposer des droits de douane gigantesques sur les produits importés risque bien d'alimenter l’inflation et donc de pousser la Fed (la banque centrale américaine) à augmenter ses taux d’intérêts, ou à cesser de les réduire. Ce qui ferait grimper le dollar par rapport à d’autres monnaies, au moins à court terme.

    Kamala Harris, la continuité ?

    Les effets sur le dollar d'une éventuelle élection de Kamala Harris à la présidence des États-Unis semblent plus incertains. Plusieurs mesures qu’elle défend pourraient gonfler les prix, comme l’aide de 25 000 dollars qu'elle promet aux primo-accédants, les Américains souhaitant acheter un logement pour la première fois. Ses promesses envers les classes moyennes (réduire le prix des médicaments, supprimer les impôts sur les pourboires, entre autres) pourraient relancer la consommation. Mais les mesures qu'elle pourrait effectivement mettre en œuvre dépendront de la marge de manœuvre dont elle disposerait au Congrès, où le résultat s’annonce très serré. Pour l'instant, les analystes s’attendent plutôt à ce que la Fed ne change pas sa politique à court terme si Kamala Harris remportait la présidentielle ce mardi.

    La Réserve fédérale, face au reflux de l’inflation aux États-Unis, a laissé entendre qu’elle allait à nouveau baisser ses taux directeurs ce jeudi 7 novembre, ce qui pousserait plutôt le dollar à la baisse.

    Dollar fort, dollar faible : quelles conséquences mondiales ?

    Un dollar faible rend les produits américains moins chers pour le reste du monde et favorise donc les exportations états-uniennes. Au contraire, un dollar fort rend moins chers pour les Américains les produits qu’ils importent (sauf si Donald Trump est élu et applique sa promesse d'imposer des taxes sur les importations). En revanche, en particulier pour les pays en développement, un dollar fort tend à alourdir la facture des importations et à alimenter l’inflation au niveau local.

    5 November 2024, 11:03 am
  • 3 minutes 6 seconds
    Temu, le géant chinois du e-commerce dans le viseur de l'UE

    En un an et demi, la plateforme Temu s’est imposée en Europe. La Commission européenne a ouvert une enquête contre les pratiques commerciales du géant du e-commerce. Bruxelles s’interroge sur la qualité des articles et ses méthodes de vente « addictives ».

    Des vêtements, des bijoux, des accessoires de décoration... Temu est le royaume en ligne des prix cassés. Des tarifs imbattables, des articles expédiés en quelques jours, et une livraison gratuite : la plateforme chinoise d'e-commerce fait un carton en Europe avec 92 millions d’utilisateurs chaque mois.

    Le 31 octobre, la Commission européenne a ouvert une enquête contre les pratiques commerciales de Temu. Bruxelles soupçonne à la plateforme en ligne de ne pas en faire assez pour lutter contre la vente de produits dangereux ou illicites. Des associations de consommateurs ont par exemple recensé des jouets pour bébés avec de petites pièces qui peuvent être avalées. D’autres articles, qui comportent des notices disponibles uniquement en chinois ou des produits cosmétiques sans la liste des ingrédients, ne sont pas conformes aux normes européennes. Certains ont été retirés du site, avant de réapparaitre un peu plus tard.

    À écouter aussiLes géants du commerce en ligne Shein et Temu dans le collimateur de l’UE

    « Pousser le consommateur à acheter »

    Bruxelles s'interroge aussi sur les méthodes de vente « addictives » de Temu. « Il y a deux grandes catégories de pratiques qui se détachent, relève Marie-Amandine Stevenin présidente de l’association de consommateurs UFC Que Choisir qui a alerté dès le mois de mai la Commission européenne avec le dépôt d’une plainte au côté de seize autres associations de consommateurs. Il y a d’abord le système des recommandations. Le consommateur est souvent tracé en fonction des achats, et lorsqu’il clique sur le détail, il a des recommandations. On ne sait pas quel est l’algorithme qui va gérer ces recommandations. »

    Les associations alertent également sur les « dark patterns ». « Ce sont ces interfaces trompeuses où on vous affiche, "attention, ce produit ne sera plus disponible dans 12 jours, 4 heures et 26 minutes", détaille la présidente de l’UFC Que Choisir. Ces interfaces sont utilisées pour amener le consommateur à acheter bien plus vite que si elles n’avaient pas été mises en place. »

    La Commission européenne qui soupçonne Temu de contrevenir au nouveau règlement de l’UE sur les services en ligne, le DSA (Digital Services Act) réclame des explications. Si les réponses de la plateforme ne sont pas satisfaisantes, elle s’expose à une amende : l'équivalent de 6 % de son chiffre d’affaires mondial. 

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    « Effet d’aubaine pour le consommateur »

    Temu est une émanation d’un des géants du commerce en Chine, le groupe Pinduoduo (PDD Holdings). La plateforme, arrivée en Europe en avril 2023, a investi des sommes colossales sur le marketing digital pour se faire connaître, mais son principal argument de vente réside dans ses tarifs très bas. « Quand vous voyez des prix qui écrasent tous les concurrents, avec parfois des récompenses à l’achat de produits et une livraison gratuite : c’est un effet d’aubaine pour les consommateurs, explique Franck Rosenthal, expert en marketing du commerce. Ça ne peut que marcher très fort. »

    Pour proposer ces prix cassés, la plateforme s’appuie sur les commandes groupées réalisées par sa maison mère PDD Holdings, mais cherche aussi à réduire au maximum les intermédiaires. « Le modèle, c’est d’aller au plus court, de mettre l’usine en rapport quasi-direct avec le consommateur, détaille Franck Rosenthal. Temu va prendre une marge très, très faible, ça va faire la différence parce que ce sont des prix qu’on ne peut pas proposer en Europe, parce que nous n’avons pas les mêmes coûts de production, pas les mêmes taxes ni les mêmes normes. »

    Avec des prix très bas et des marges très faibles, Temu ne gagne pas d'argent. D’après une étude du magazine américain Wired, elle perdrait même aux États-Unis environ 30 dollars par commande.« Le modèle économique interroge, poursuit Franck Rosenthal, mais les équipes de Temu misent sur 2026 ou 2027 pour être bénéficiaire. D'autres géants du e-commerce comme Amazon ont mis quinze à vingt ans avant de gagner de l'argent. On ne sait pas comment Temu peut inverser la tendance en si peu de temps. »

    En attendant, la plateforme se construit une énorme base de clients et capitalise sur la revente des données de ces millions d’utilisateurs.

    Après la diffusion de cette chronique, Temu a réagi et précise prendre « très au sérieux ses obligations » et assure coopérer avec les régulateurs pour soutenir un « marché sûr et fiable pour les consommateurs ». « Nous investissons continuellement dans le renforcement de nos procédures de contrôle de la conformité des produits vendus sur notre plateforme, indique Temu, afin de garantir les intérêts et la sécurité de nos clients. »

     

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    4 November 2024, 9:52 am
  • 3 minutes 11 seconds
    Lutte contre les monopoles: l'héritage de Joe Biden menacé par les élections

    Après quatre décennies de « laisser-faire », le mandat de l'actuel locataire de la Maison Blanche a marqué un tournant dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des mégacorporations. Une rupture incarnée par le choix de Lina Khan, une juriste combative, pour diriger la puissante commission fédérale du commerce. Un héritage menacé sous la pression de Wall Street, même en cas de victoire de Kamala Harris.

    Il aura beaucoup été question pendant la campagne présidentielle qui s’achève d’immigration, du droit à l’avortement, de politique étrangère ou de pouvoir d’achat. Lors de cette campagne aussi courte qu’elle a été âpre, Donald Trump et Kamala Harris ont beaucoup moins parlé de ce qu’ils entendaient faire pour lutter contre les pratiques monopolistiques. La position de l’État fédéral vis-à-vis des mégacorporations, et notamment des géants de la tech, fait pourtant l’objet d’une guerre d’influence farouche dans l’entourage des candidats.

    Pour comprendre, il faut remonter plus de 40 ans en arrière, jusqu’à Ronald Reagan. Celui-ci a été le premier, avant Donald Trump, à adopter le slogan « Make America great again ». Le quarantième président des États-Unis était un néolibéral convaincu, partisan du « laisser-faire ». « Les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont "je fais partie du gouvernement et je suis là pour aider"», répétait-il. Pour lui, l’État devait en faire le moins possible pour ne pas perturber le sacro-saint marché.

    Si ses successeurs sont revenus au fil des ans sur certains aspects de sa politique économique, aucune administration, aucun locataire de la Maison Blanche, n’est intervenu quand les grandes entreprises fusionnaient ou achetaient leurs rivales jusqu'à former d'énormes mastodontes. Pas même les démocrates Bill Clinton ou Barak Obama, Aucun, jusqu'à Joe Biden. « Cela fait 40 ans qu'on laisse les multinationales amasser de plus en plus de pouvoir. Et qu'a-t-on obtenu en retour ?, interrogeait le président américain en 2021Moins de croissance, moins d'investissement et moins de petites entreprises. »

    Une jeune et brillante juriste bataillant contre des brevets « bidon »

    Décidé à brider les mégacorporations, Joe Biden choisit une jeune et brillante juriste pour diriger la Federal Trade Commission (FTC) : Lina Khan. À Yale, sa thèse sur les pratiques monopolistiques d’Amazon avait fait sensation. À 32 ans, elle réveille la commission fédérale du commerce et n’hésite pas à activer tous les leviers à sa disposition pour s’attaquer aux géants de la tech comme aux « Big Pharma ». Elle cite souvent l’exemple des inhalateurs, pour les personnes souffrant d’asthme. En France, ils coûtent l’équivalent de 7 dollars. Aux États-Unis, la facture pour les malades pouvait grimper jusqu’à 500 dollars.

    « On s'est rendu compte que les entreprises avaient déposé des brevets qui n'avaient rien à voir avec le médicament ou sa composition, par exemple sur le bouchon des inhalateurs », raconte-t-elle d’interview en interview. Des brevets « bidon » qui permettent aux entreprises de prolonger leur mainmise sur le marché de manière totalement artificielle. La FTC envoie plusieurs mises en demeure aux entreprises concernées, qui rétractent leurs brevets les unes après les autres. Dans les semaines qui suivent, le prix des inhalateurs redescend comme par magie à 35 dollars.

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    La « personne la plus détestée de Wall Street »

    Tous ses combats ne se terminent pas par des victoires. Les 1 200 fonctionnaires de la FTC ne font pas toujours le poids face aux armées d’avocats et de juristes aux services des mégacorporations auxquelles elle s’attaque. En 2023, au terme d’une longue procédure, elle échoue par exemple à empêcher Microsoft de racheter le studio de jeux-vidéos Activision Blizzard.

    Mais elle a réussi son pari : la FTC est à nouveau une institution respectée et crainte. Lina Khan obtient le surnom de « personne la plus détestée de Wall Street ». Un titre qu’elle porte comme un badge d’honneur. « De la même manière que la Constitution garantit l’équilibre des pouvoirs sur le plan politique, il faut des règles sur la concentration des entreprises, martèle-t-elle. On ne veut pas plus d’un despote commercial qu’on ne veut d’un autocrate au pouvoir. »

    Sous son mandat, la FTC prête une attention particulière aux « Big 5 » - Google, Amazon, Meta, Amazon et Apple -, et notamment aux développements autour de l’intelligence artificielle. « Les entreprises essayent de subjuguer le législateur en disant "oh ces technologies sont tellement nouvelles, il vaut mieux ne pas intervenir", et c'est ce qu'on a fait il y a 20 ans avec l'émergence des réseaux sociaux et on en paye le prix aujourd'hui. »

    De puissants alliés et ennemis dans les deux camps

    En trois ans, Lina Khan s’est fait un nom et de puissants ennemis qui manœuvrent pour que cette élection soit l’occasion d’un retour au statu quo reaganien. Une victoire de Donald Trump marquerait certainement la fin de son mandat, même si elle a des admirateurs parmi les républicains et non des moindres : JD Vance, le candidat de Trump a la vice-présidence a dit publiquement qu’il considérait Lina Khan comme « l’une des rares personnes au sein de l’administration Biden à faire du bon boulot ».

    En revanche, Elon Musk, l’un des soutiens les plus actifs de l’ex-président qui a eu affaire à elle, a décrété sur le réseau social X qu’elle « serait bientôt virée ».

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    Le patron de Tesla n’a pas le monopole de la rancœur et à l’inverse, une victoire de Kamala Harris n'est pas une garantie de continuité dans la lutte contre les pratiques monopolistiques. Plusieurs gros donateurs de la candidate Démocrate font pression pour une FTC moins interventionniste. Le patron de LinkedIn, par exemple, le milliardaire Reid Hoffman qui a contribué à hauteur de 10 millions de dollars à la campagne de Kamala Harris. Il réclame ouvertement la tête de Lina Khan, considérant qu’elle était « en guerre contre les entreprises américaines ».

    Comme en réponse à ces critiques, Lina Khan fait état de chaque victoire sur les réseaux sociaux. Le 25 octobre, elle écrivait sur X : « La FTC continuera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour que les entreprises rendent des comptes quand elles violent la loi et exploitent les employés américains ». Au moins jusqu’au 20 janvier prochain.

    1 November 2024, 11:28 am
  • 3 minutes 16 seconds
    Budget 2025: la rigueur est-elle souhaitable pour l'économie?

    Le projet de loi de finance 2025 est examiné à l’Assemblée nationale depuis une dizaine de jours en France. 60 milliards d'euros d’économies prévues par le gouvernement avec l’augmentation de certains impôts, et des coupes notamment dans la Sécurité Sociale, et pour les collectivités locales. Les effets économiques de cette austérité budgétaire proposée.

    Les efforts demandés par le gouvernement Barnier pourraient diviser par deux la croissance en 2025, d’après les économistes de l'OFCE, l'observatoire français des conjonctures économiques. Autre effet prévu : la destruction de 130 000 emplois. Ironie du sort, ce budget pourrait rendre plus difficile la réduction des déficits. « L'austérité appelle l'austérité », résume Simon-Pierre Sengayrac, directeur de l'observatoire de l'économie à la fondation Jean Jaurès. « On ne réduit pas les déficits en faisant de l'austérité, ça c'est la vérité générale que l’on est censé avoir tous compris depuis la crise des dettes souveraines qu'ont connu les pays du sud de l'Europe dans les années 2010. Lorsque la croissance est plus faible, les rentrées fiscales sont plus faibles et donc on se retrouve avec un problème "accentué" l'année suivante ».

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    Réajustements : une question de rythme

    Le défi du gouvernement : trouver des leviers de réduction de déficit qui ne touchent pas trop la croissance future. D'où ces hausses ciblés d'impôts sur les plus aisés et la révision de certaines niches fiscales. La question qui se pose également : c'est le rythme de ce réajustement budgétaire. Le nouveau cadre de l'Union européenne n'impose pas d'aller aussi loin que ces 60 milliards d'euros d'économie. Les exemples du Portugal et de la Grèce au début des années 2010 sont restés dans les esprits. Si on va trop vite, trop fort dans les coupes budgétaires, impossible de réduire l'endettement. Il est désormais autorisé d'étaler sur sept années ces réajustements budgétaires. Si l'on suit les textes européens, un effort de « seulement » 20 milliards d'euros d'économie serait réalisable, explique Simon Pierre Sengayrac : « Cet effort de 20 milliards, que ce soit en recette comme en dépense, est beaucoup plus facile à atteindre. Évidemment, c'est un effort sur 2025 qu'il faudrait faire à nouveau en 2026. Mais les marches sont beaucoup plus faciles à enjamber que l'énorme effort de 60 milliards qui est proposé par le gouvernement Barnier ».

    L’avertissement des agences de notation

    Le gouvernement Barnier insiste sur les efforts à faire immédiatement pour rassurer les marchés, Bruxelles et les investisseurs. Même si la dette française reste un investissement solide et profitable, c'est un budget pour garder le contrôle, disait Michel Barnier devant la représentation nationale. « C'est un budget de souveraineté. Si nous laissons filer cette dette et la crise qui ira avec, nous perdrons notre souveraineté. Le gouvernement n'a pas envie et n'acceptera jamais que l'avenir de nos enfants soit décidé à Washington, à New York ou à Pékin ».

    New York où sont basées les trois plus importantes agences de notation, met tout de même la pression. Pas de dégradation de la note de la dette souveraine pour l'instant, mais vendredi dernier Moody's y a ajouté une perspective négative. Le message est clair, il n'y aura pas la place pour une troisième année consécutive de dérapages budgétaires.

    31 October 2024, 12:05 pm
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