Aujourd'hui l'économie

Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’« Aujourd’hui l’économie, le Portrait », celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grand ou petite... La chronique Aujourd'hui l'économie prend ses quartiers d'été. Pour la remplacer, nous vous proposons 3 séries : Les grandes sagas industrielles (du 5 au 9 août 2019) ; Les objets/produits symbole d'un pays (du 12 au 16 août 2019) ; Les succès de l'économie verte (du 19 au 23 août 2019). Heures de diffusion (heure de Paris) : du lundi au jeudi à 7h17 (antenne Monde), 8h20 (antenne Afrique), et «Portrait Eco» le vendredi à 7h17 (antenne Monde), 8h20 (antenne Afrique), et 19h21 (toutes cibles).

  • 3 minutes 24 seconds
    La guerre en Ukraine relance la course à la production des isotopes

    Le Congrès américain a profité du déblocage d’une enveloppe de 60 milliards de dollars à destination de l’Ukraine pour financer la relance de la production d’isotopes aux États-Unis. Ces produits de l’industrie nucléaire sont essentiels à de nombreux secteurs, de l’énergie à la recherche scientifique en passant par la production de médicaments et la médecine. Un marché aujourd’hui largement dominé par la Russie.

    Le vote, après plus d’un an et demi de tergiversations entre démocrates et républicains, d’un vaste plan d’aide des États-Unis à l’effort de guerre ukrainien a été beaucoup commenté cette semaine, mais une ligne du texte est largement passée inaperçue et a pourtant de quoi intriguer. Entre une dotation de 14 milliards pour fournir à l’Ukraine des armes et des munitions, et une autre de 9 milliards pour permettre le fonctionnement des institutions à Kiev, le texte voté successivement par la Chambre des représentants et le Sénat prévoit d’augmenter le budget du ministère de l’Énergie de 98 millions de dollars afin qu’il investisse « pour le développement de la production d’isotopes » sur le territoire américain. 

    Le rapport avec l’Ukraine ne saute pas immédiatement aux yeux. Un premier indice : juste après cette ligne sur les isotopes, on trouve le déblocage de 150 millions de dollars pour préparer l’Ukraine à la perspective d’une attaque nucléaire sur son sol. Les isotopes ce sont des atomes avec des propriétés bien particulières, ils peuvent être stables ou radioactifs. Un exemple très connu : le carbone 14, utilisé en archéologie pour dater des objets ou des squelettes très anciens, est un isotope. Les isotopes existent à l’état naturel, mais ils peuvent aussi être créés de manière artificielle à l’aide d’accélérateurs de particules ou de centrales nucléaires. Ils servent dans l’industrie, dans l’énergie, pour la recherche scientifique, dans la production de médicaments, en médecine nucléaire. Ils sont notamment indispensables en imagerie médicale, pour diagnostiquer certains cancers par exemple. Il a même été question dans les années 1960 d’utiliser les isotopes pour relancer la production agricole en Afrique de l’Ouest.

    La Russie, acteur incontournable de la filière des isotopes

    Mais pourquoi inclure cette disposition sur les isotopes dans le paquet d’aide à l’Ukraine ? En vérité, le Congrès américain n’a pas adopté une enveloppe de 60 milliards pour l’Ukraine, c’est un raccourci, mais une extension du budget des États-Unis « dans le contexte de la situation en Ukraine ». Ce qui ne veut pas dire que l’essentiel de cette somme ne servira pas à fournir directement ou indirectement à Kiev les munitions et les ressources dont elle a besoin, après tout le budget consacré aux isotopes représente à peine un millième de l’enveloppe totale.  

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    Mais la Russie domine aujourd’hui la chaîne de production des isotopes et des radioisotopes. Pour certains isotopes, elle est même le seul fournisseur au monde. L’invasion à grande échelle de l’Ukraine, deux ans après une première alerte liée à la pandémie de Covid-19, a fait prendre conscience aux Américains de leur dépendance vis-à-vis de Moscou sur ces produits sensibles et qui nécessitent d’être souvent remplacés. D’où cette ligne budgétaire au premier abord incongrue au milieu d’une liste de dépenses militaires.

    L’industrie nucléaire russe échappe encore aux sanctions occidentales

    La Russie, à travers Rosatom, le géant national du nucléaire, a continué – et continue encore – d’investir dans la production des isotopes, alors même que les vieux réacteurs européens, australien, sud-africain et canadien qui les produisaient déclinaient. Cette situation accentue encore la dépendance des Européens et des États-Unis vis-à-vis de Rosatom. Non seulement le géant nucléaire russe continue d’alimenter de 25 à 30% des centrales nucléaires européennes en uranium enrichi, mais Rosatom – et donc le gouvernement russe par extension – contrôle aussi les réacteurs de recherche qui produisent ces radio-isotopes.

    Cette double dépendance explique que Rosatom échappe encore aux sanctions occidentales décidées après février 2022. Pour les États-Unis, il s’agit d’un enjeu de sécurité nationale. Fort de ce soutien public, des entreprises privées ont déjà entrepris de relocaliser une partie de la production. Mais il faudra du temps, on ne relance pas un processus industriel nucléaire d’un claquement de doigts. Les spécialistes prédisent que cette dépendance pourrait durer au moins jusqu’à 2032.

    26 April 2024, 11:02 am
  • 3 minutes 8 seconds
    Comment l’Europe cherche à aimanter les capitaux

    Comment faciliter l’accès aux capitaux sur les marchés européens ? Christian Noyer, l’ancien gouverneur de la Banque de France, a planché sur l'union des marchés, ses conclusions seront présentées dans la matinée. Peut-être un début de réponse au casse-tête qui divise l’Europe. 

    Contrairement aux marchandises et aux hommes, les capitaux ne peuvent toujours pas circuler librement dans l’Union. C’est pourquoi cela reste très compliqué de lever les centaines de milliards nécessaires pour financer la transition énergétique, la défense ou l’innovation. Les start-ups le savent mieux que quiconque. Les banques, l’instrument le plus commun pour financer l’économie européenne, sont souvent trop frileuses pour les accompagner. Les plus prometteuses s’en remettent aux investisseurs étrangers, surtout américains, pour se développer. Cela fait dix ans que les 27 parlent de la libéralisation du marché des capitaux. Dix ans de négociations et toujours pas d'accords en vue.

    La résistance des petits États européens

    Au dernier conseil européen, une douzaine d’États se sont ligués contre toutes les initiatives avancées récemment par la France. Paris, avec le soutien de l'Allemagne, la Pologne, l'Italie et l'Espagne, souhaite doter l’Europe d’un marché à la hauteur de son PIB et de ses besoins. Mais les petits États, comme le Luxembourg, l’Irlande ou les pays baltes, s'opposent à tout rapprochement. Les régulations ou le régime fiscal accommodants qu'ils ont mis en place pour attirer les capitaux pourraient être remis en cause par l'union des marchés.

    Le rapport présenté ce jeudi 25 mars par Christian Noyer cherche à sortir de cette impasse avec des propositions concrètes. Elles serviront de base au travail technique. L'accord politique, lui, ne sera pas trouvé avant la formation de la nouvelle commission prévue à l'automne.

    Un nouveau produit d’épargne européen

    Pour financer l'économie européenne, Christian Noyer propose un nouveau produit d'épargne européen. Un produit qui bénéficierait d'un label européen, mais qui pourrait être décliné dans chaque pays en fonction de ses spécificités. Il faudra que le produit soit assez alléchant pour drainer l'épargne des particuliers qui dort sur des comptes bancaires. Selon Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, favorable à ce plan d'épargne européen, 35 000 milliards d'euros seraient disponibles, bloqués sur les assurances-vie ou d'autres comptes épargne des 27 États membres. L’argent serait investi à 80% dans des entreprises européennes.

    L’autre piste concerne les banques. Christian Noyer propose de transformer leurs créances en paquet de titres qu’elles pourraient revendre sur le marché de la dette privée. Cette titrisation allégerait leur bilan, elles retrouveraient ainsi des marges de manœuvre pour financer l’économie réelle. C'est ce qui pratique couramment dans les pays anglo-saxons, parfois au mépris des règles internationales très strictes mises en place après la crise financière de 2008. Christian Noyer considère que les règlements européens sont déjà suffisamment protecteurs. L'ancien gouverneur souhaite enfin améliorer la régulation des marchés en la centralisant, un sujet qui demandera sans doute encore beaucoup de discussions avant d'aboutir.

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    25 April 2024, 9:53 am
  • 3 minutes 1 second
    Comment le drone kamikaze révolutionne l’économie de la guerre

    Gros plan sur la nouvelle arme du pauvre : le drone à bas coût fabriqué par l’Iran est en train de bouleverser l’art et l’industrie de la guerre.

    C’est entre autres avec une myriade de drones Shaheb conçus et fabriqués en Iran que la République Islamique a mené sa première attaque directe contre Israël. La quasi-totalité de ces drones a été interceptée par Tsahal et ses alliés. Mais à quel prix ? La défense aérienne de l'Etat hébreu aurait coûté 1 milliard 500 millions de dollars. L’attaque quelques centaines de millions de dollars seulement. Téhéran a ainsi démontré sa capacité à épuiser les ressources de son ennemi. Autre exemple de cette asymétrie économique vertigineuse que le drone impose sur le champ de bataille : en Ukraine, en deux mois, 5 des 31 chars Abraham déployés par les Etats-Unis ont été détruits par ces drones iraniens lancés par l'armée russe. Une arme coûtant seulement quelques dizaines de milliers de dollars suffit pour anéantir un char à dix millions de dollars.

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    L’industrie iranienne des drones dopée par les sanctions

    L’Iran a été un précurseur dans cette industrie. C’est une conséquence directe des sanctions économiques. Comme elle n’avait plus les moyens financiers et matériels de développer son aviation, elle s’est repliée sur le drone de combat à bas coût. Le premier modèle développé par la société Shaheb a été présenté dans un salon iranien il y a dix ans de cela. 4 ans plus tard ce Shaheb 131 était employé contre l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui on retrouve les deux versions les plus courantes de ce drone kamikaze de longue portée, le 131 et le 136, aussi bien au Yémen dans les mains des Houthis, qu’au Liban dans l’arsenal du Hezbollah qu’en Russie. Moscou a passé un accord avec Téhéran pour en produire sur son territoire.

    Le drone incontournable dans la guerre Russie-Ukraine

    Un contrat à un milliard de dollars avec l'objectif d'en produire au moins 6000 dès 2025. L’Ukraine n’est pas en reste, elle n'avait que 400 drones en stock au début de la guerre, elle prévoit d'en fabriquer un million cette année. Cela fait deux ans que ces armes bon marché pallient la faiblesse des équipements des deux camps et permettent d'économiser les précieuses ressources humaines. A peu de frais les belligérants causent d’immenses pertes économiques. Les Russes ciblent ainsi les centrales thermiques ukrainiennes et les Ukrainiens les raffineries russes.

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    L’Europe à la traîne

    L’occident doit s’adapter à cette irruption des drones développés dans le grand Sud. Les grands fournisseurs de l’armée américaine capables de produire les drones de grande qualité mais assez chers comme le Reaper rechignent à produire des armes à bas coût à la rentabilité très limitée. Les start ups ont pris le relais grâce à des financements privés. Comme la société Anduril, l’une des plus rapides sur ce type d’armes, qui va livrer des drones de défense dès cette année à l’armée américaine. L'Europe est à la peine. La technologie est disponible mais les décisions sont longues à prendre. En France par exemple c'est seulement en février que le ministère a passé sa toute première commande de mini drone suicide.

    24 April 2024, 1:44 pm
  • 3 minutes 10 seconds
    Pourquoi TikTok s’accroche au marché américain

    Aux États-Unis, le Sénat examine à partir de ce mardi 23 avril le projet de loi en faveur de l'interdiction de l'application chinoise, déjà voté par la Chambre des représentants. Si la loi passe, sa maison mère, Bytedance, ira certainement en justice pour protéger l'un de ses marchés les plus florissants.

    L’application chinoise était en 2023 la plus téléchargée sur le marché américain. Comme en 2022. Comme en 2021. Cette popularité a fait exploser son chiffre d’affaires : 16 milliards de dollars pour 2023 selon le Financial Times. C’est une estimation, car la société mère, Bytedance ne publie pas ses résultats annuels. TikTok qui a conquis le public avec ses vidéos de courte durée a aujourd’hui un milliard d’utilisateurs à travers le monde. Ce succès phénoménal en a fait l’un des acteurs clés de l’économie numérique. TikTok assure soutenir l'essor de 7 millions de PME américaines, créant au passage plus de 200 000 emplois. TikTok contribue donc indirectement à la croissance américaine et aux recettes fiscales de l’Etat.

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    L’impact économique de TikTok

    Ce sont les arguments utilisés par la filiale de Bytedance pour dissuader les élus du congrès de voter contre elle. Un plaidoyer basé sur une étude d’impact réalisée par Oxford Economics. TikTok est un catalyseur pour les activités très visuelles, comme celle de la restauration ou de la cosmétique. Un tiers des entreprises américaines interrogées pour l'étude disent dépendre entièrement de l’application pour leurs ventes. Les grandes marques sont, elles aussi, très présentes sur ce nouveau média, via les influenceurs. Même la très indépendante et très puissante Taylor Swift, la chanteuse la plus rentable au monde, a fini par revenir sur TikTok, il y a quelques jours, alors qu’elle avait claqué la porte, mécontente de la très faible rémunération des droits d'auteur. TikTok est devenu incontournable. Mais pas irremplaçable. Si l'appli venait à disparaître des smartphones américains, les concurrents, comme Instagram Shopping ou Amazon Inspire, pourraient aspirer une grande partie des utilisateurs.

    L’effet tache d’huile redoutée par la maison mère

    TikTok pourrait aussi survivre sur le sol américain, à condition qu'elle soit cédée à des repreneurs américains. Une option rejetée par la maison mère. De toute façon, le gouvernement chinois a un droit de veto sur la vente des entreprises à des groupes étrangers, et il s’y opposera. Si l'interdiction est confirmée par le vote du Sénat, TikTok devrait avoir un sursis d'une année. Ensuite, elle perdrait 14 % de ses utilisateurs, et surtout des utilisateurs de premier choix, parce que leur pouvoir d’achat est l’un des plus élevés au monde. Les dirigeants craignent aussi que cette décision américaine ne fasse tache d’huile. Les autres pays sont très vigilants sur l'aspect sécuritaire et sociétal.

    Hier, la Commission européenne a ouvert une enquête contre la dernière trouvaille du média chinois : la rémunération des adolescents en fonction des heures passées sur l’application. Cette nouvelle fonction « TikTok lite » est aujourd’hui en phase de test en France et en Espagne ; dès jeudi, elle pourrait être proscrite dans toute l’Union européenne.

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    23 April 2024, 8:39 am
  • 2 minutes 55 seconds
    Michelin veut un «salaire décent» pour l’ensemble de ses employés

    On le connaît pour ses pneus, mais ces derniers jours, le groupe Michelin a fait les gros titres pour une toute autre raison. L'entreprise française, présente dans 175 pays à travers le monde, généralise ce qu'elle appelle le « salaire décent ».

    Depuis plusieurs jours, Florent Menegaux, le patron de Michelin, court les plateaux de télévision. C’est lui qui, la semaine dernière, annonçait vouloir généraliser le « salaire décent » à l’ensemble des 132 000 salariés du groupe français, présent dans 175 pays à travers le monde.

    Ce « salaire décent » n’est pas à confondre avec le salaire minimum légal. Il s’agit en réalité d’un salaire qui « permet de vivre correctement », selon les mots du patron de Michelin. Pour le calculer, la marque se base sur les critères d'une ONG, Fair Wage Network. L'idée est la suivante : un salaire décent, c'est une somme qui permet de faire vivre une famille de quatre personnes, deux parents et deux enfants. Elle doit aussi aider à acheter des biens de consommation courants et constituer une épargne de précaution.

    9 000 euros en Chine, 40 000 aux États-Unis

    Concrètement, son montant varie selon les pays et même selon les villes. À Paris, par exemple, il avoisine les 40 000 euros par an, tandis qu'à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France, il est de 25 000 euros. Dans les deux cas, ce salaire est bien plus élevé que le SMIC, le salaire minimum légal.  Ce « salaire décent » est de 9 000 euros en Chine, 40 000 aux États-Unis, et est calculé de la même manière même dans des pays qui ne disposent pas de rémunération minimum légale.

    Sur les 132 000 salariés du groupe Michelin dans le monde, environ 5 % devraient donc être augmentés suite à ces annonces. Reste désormais une question : combien cela va-t-il coûter à l’entreprise ? Florianne Viala, directrice de la rémunération et des avantages sociaux du groupe, assure que Michelin n’a « pas regardé combien ça allait coûter ». « Moralement, on s’est dit que c’était une obligation et que faire du profit sur de la misère sociale n’était pas envisageable », poursuit-elle. De leur côté, les dirigeants sont certains de s’y retrouver. En augmentant les salaires, ils espèrent également une hausse de la productivité.

    « C'est l'arbre qui cache la forêt »

    L’annonce de la mise en place d’un « salaire décent » a été plutôt bien accueillie par les syndicats, qui, après les paroles, attendent désormais les actes. Les organisations syndicales alertent cependant sur un point : ce « salaire décent » comprend des primes, qui ne sont pas prises en compte dans le calcul des retraites. « Il vaudrait mieux parler de rémunération », estime Romain Baciak, délégué syndical CGT. Il s’inquiète aussi de ce qui pourrait se cacher derrière ces annonces. « C’est l’arbre qui cache la forêt, ça va annoncer quelque chose très rapidement. On sait qu’il y a des sites Michelin France menacés par des restructurations, voire peut-être des fermetures », s’inquiète-t-il.

    De son côté, la direction assure que ce nouveau « salaire décent » n’a rien à voir avec « l’adaptation de l’entreprise à l’évolution industrielle et l’évolution du marché », ce sont « deux choses différentes et pas antinomiques ». Après tout, la firme au Bibendum reste une entreprise qui pense aussi à ses actionnaires.

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    22 April 2024, 8:55 am
  • 2 minutes 57 seconds
    Bitcoin: qu'est-ce que le «halving»?

    La principale cryptomonnaie, le bitcoin, se prépare à un événement qui se produit tous les quatre ans à peu près : le halving (la « division par deux », en français). Il devrait avoir lieu ce vendredi 19 ou ce samedi 20 avril. Qu'est-ce que cette règle et quelles conséquences a-t-elle ?

    Dans le monde du bitcoin, outre les acheteurs et utilisateurs de cette monnaie, il existe des personnages clés : les mineurs. Ce sont eux qui enregistrent et garantissent les transactions. Pour cela, ils doivent recourir à de nombreux calculs informatiques, ce qui consomme beaucoup d’électricité. Les sociétés de minage les plus importantes sont de grandes entreprises cotées en Bourse (comme Marathon, Riot, ou encore Hut 8, pour ne prendre que le cas des États-Unis). Ces mineurs sont récompensés en bitcoin. « Jusqu'à aujourd’hui, cette récompense était de 6,5 bitcoins par bloc [par unité « minée »]. À partir de ce vendredi ou ce samedi, elle sera divisée par deux pour passer à 3,125 bitcoins », explique Bruno Biais, professeur d’économie et de finance à l'école de commerce HEC à Paris. Le fait que cette récompense soit divisée par deux explique pourquoi on parle de halving en anglais. 

    Une règle créée pour « éviter l’inflation »

    Le bitcoin est une monnaie. Sa valeur repose donc sur la confiance, rappelle Bruno Biais. « Le risque pour une monnaie est qu’elle perde de sa valeur. Pour éviter cela, il faut s’assurer que la quantité de monnaie créée soit limitée. Le halving limite la création de nouveaux bitcoins et contribue à maintenir la valeur du bitcoin », souligne-t-il.

    Cette règle du halving a été mise en place lors des débuts du bitcoin. Elle a déjà été appliquée quatre fois et se répètera tous les quatre ans jusqu'en 2140. Ensuite, si les règles ne changent pas, plus aucun nouveau bitcoin ne sera créé. Au cours actuel, les bitcoins déjà émis représentent plus de 1 100 milliards de dollars.

    Les entreprises de minage de bitcoin seront moins payées

    Pour les personnes qui ont des bitcoins, le halving n'a aucun impact direct. En revanche, la récompense des mineurs et des entreprises dédiées à cette activité sera divisée par deux. Les entreprises de minages s’y préparent depuis longtemps, comme BigBlock, une société de minage implantée en France, en RDC, au Paraguay et bientôt en Éthiopie. « On ne peut rien faire pour contrer le halving, on sait que ça va arriver et nous ne sommes donc pas surpris. Tous les jours, bien avant le halving, nous travaillons à chercher les kilowattheures les moins chers possibles, explique Sébastien Gouspillou, son président et fondateur. Nous faisons le tour du monde pour chercher de l’électricité bon marché. Dans notre cas, nous n’achetons que des surplus d’électricité, qui ne sauraient être vendus ailleurs » et coûtent donc moins cher, affirme-t-il.

    L’industrie du bitcoin est très énergivore. Le New York Times a ainsi calculé que l’une des plus grandes usines de minage de bitcoin aux États-Unis consommait autant d’électricité que 300 000 Américains. La baisse des revenus des mineurs provoquée par le halving les pousse à chercher une énergie toujours moins chère pour que leur activité reste viable économiquement. Cela explique que le bitcoin repose beaucoup sur l’électricité de centrales à charbon, peu coûteuse, mais très polluante. Aux États-Unis, l’industrie de cette cryptomonnaie repose à 85% sur les énergies fossiles. Dans d’autres pays très importants pour le secteur, comme le Kazakhstan, le minage de bitcoin crée aussi de fortes tensions sur le réseau électrique, ce qui a poussé Astana à davantage réguler cette activité après 2022.

    Quel avenir pour les entreprises du secteur ?

    Le bitcoin a perdu plus de 10% de sa valeur depuis le début du mois. Mais la monnaie avait tellement augmenté cette année que Sébastien Gouspillou y trouve son compte. En effet, le bitcoin a presque doublé depuis trois mois, ce qui compense la division par deux du nombre de bitcoins qui seront versés aux mineurs. Les plus grosses entreprises du secteur ont tout de même miné le plus qu'elles pouvaient avant le halving. « À long terme, ce qui va déterminer les revenus des mineurs, c'est donc surtout le prix du bitcoin », avance Bruno Biais. Ces entreprises ont besoin d'une hausse des cours pour continuer d'être rentables.

    Un pari, car comme toute monnaie, le bitcoin a connu et pourra encore connaître des crises. « Ce qui déterminera la survie et le succès (ou non) du bitcoin sera l'utilité de cette monnaie » pour les utilisateurs, estime le professeur d'économie et de finance. « Le bitcoin sera utile s'il permet de continuer d'effectuer des paiements sans passer par les institutions » financières classiques, précise-t-il, notamment dans les pays touchés par l'hyperinflation ou encore les dévaluations.

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    19 April 2024, 10:10 am
  • 3 minutes 7 seconds
    Inde: pourquoi les succès économiques de Narendra Modi sont insuffisants

    J-1 en Inde pour les élections législatives. Le BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi, est donné favori en raison de son excellent bilan économique. Un succès pourtant contesté, y compris dans les milieux d’affaires.

    L’Inde deviendra la troisième puissance mondiale d'ici à 2029, c'est-à-dire avant la fin de son prochain mandat, promet Narendra Modi, avec de solides arguments en sa faveur. La croissance est vigoureuse depuis plusieurs années, 6,8% pour cette année, selon les prévisions du FMI. Les grands chantiers lancés depuis son arrivée au pouvoir ont nettement amélioré le quotidien des Indiens et ont dopé l’activité économique. Et enfin, le pays bénéficie aujourd’hui des investissements des multinationales quittant la Chine depuis le Covid. Le BJP et Narendra Modi en font des tonnes sur cette trajectoire flatteuse. En réalité, dénonce un ancien gouverneur de la Banque centrale, l’Inde est encore et restera un pays pauvre.

    Un enrichissement très relatif

    Cette croissance ultra-rapide et solide est trop faible pour améliorer le niveau de vie des 1,4 milliard d’habitants. Le revenu par habitant n’est que de 2 600 dollars par an. C'est le plus bas des Brics, comme du G20, renvoyant l’Inde à la 139e place du classement mondial en termes de richesse par habitant.

    Depuis dix ans, le nombre de milliardaires a triplé, mais le revenu de l’immense majorité des Indiens stagne. Avec si peu de redistribution, on voit mal comment le marché intérieur peut entretenir la croissance. Le symptôme le plus flagrant de cette pauvreté est le chômage à 8% – le taux d’activité est très faible, les femmes sont quasiment absentes du marché du travail. La plupart des Indiens vivotent grâce au secteur informel, à des années-lumière de la prospérité de la classe moyenne employée dans les services.

    Pas de miracle chinois à l’horizon

    L’ouverture des usines à vocation exportatrice, comme celle d’Apple pour fabriquer des iPhone, est un bienfait pour l’industrie, et donc, pour l’emploi indien. Mais il ne faut pas non plus en exagérer les effets. Les investisseurs étrangers pensent diversification, ils ne veulent plus dépendre d’un seul pays, mais l’Inde ne bénéficie que d’une petite partie de ce vaste mouvement de relocalisation.

    Le soutien à la tech, affiché comme une priorité par le gouvernement, est bon en soi, explique un autre ancien gouverneur de la Banque centrale, Raghuram Rajan, lui aussi très critique envers le récit très romancé des succès économiques du Premier ministre indien. Mais, selon lui, c'est insuffisant pour donner du travail à tous. Il faut, recommande-t-il, regarder du côté des industries traditionnelles du pays et améliorer l’environnement des investissements. Un domaine où beaucoup reste à faire, estiment les entrepreneurs indiens.

    Certains préfèrent aller à Singapour pour monter une start-up, faute de confiance dans l’environnement de leur pays. L’arbitraire politique, les mesures protectionnistes encore trop nombreuses dans l’industrie, la faiblesse du marché intérieur sont parmi les repoussoirs les plus fréquemment identifiés, y compris parmi les grandes dynasties économiques totalement acquises à Narendra Damodardas Modi.

    À lire aussiÉlections législatives en Inde: grandeur et déclin de la plus grande démocratie du monde

    18 April 2024, 8:26 am
  • 3 minutes 7 seconds
    Pourquoi le baril de pétrole n’a pas flambé malgré la menace de guerre

    Les marchés pétroliers sont restés quasiment impassibles après l’attaque menée par l’Iran contre Israël. Depuis la semaine du 8 avril, le cours du brut reste collé à la barre des 90 dollars le baril de Brent. Une inertie inhabituelle dans ce contexte hautement inflammable.

    Cette absence de réaction est contraire à tous les schémas en vigueur depuis cinquante ans. Depuis la Révolution islamique de 1979, une agression militaire menée par la République des mollahs est perçue comme une alerte rouge pour les marchés pétroliers. Parce que cette perspective est considérée comme débouchant forcément sur une guerre ; et parce que les pays consommateurs, les Occidentaux, redoutent par-dessous tout que Téhéran mette à exécution sa menace favorite : le blocage du détroit d’Ormuz, par où transite 20% du brut.

    Le détroit d’Ormuz, vraie fausse menace

    Mais cette menace ultime, une fois encore, ne s’est pas matérialisée. Hormis la saisie samedi 13 avril d’un navire accusé d'être lié à Israël dans la zone du détroit, le trafic continue, comme si de rien n’était.

    Quant à la guerre, c'est une épée de Damoclès qui n'est pas encore tombée. Les marchés sont très sensibles aux risques géopolitiques, mais ils sont d’abord orientés par les fondamentaux, c’est-à-dire par l’équilibre entre l’offre et la demande. Et de ce point de vue, les données sont rassurantes. Car il y a partout dans le monde des provisions disponibles.

    Il y a aujourd’hui un potentiel de croissance de l’offre de pétrole aux États-Unis, au Brésil, au Canada et au Guyana, autrement dit dans des pays non membres de l'Opep. En cas d’embrasement du Moyen-Orient, il y a donc une capacité disponible substantielle de l’autre côté de l’Atlantique. Et le cartel dispose, lui aussi, de grosses réserves. Car pour redresser les cours, l'Opep+, à savoir l'Opep et la Russie, a resserré les vannes.

    En cas de crise, ils peuvent donc facilement rouvrir le robinet, approvisionner le marché et faire baisser la pression sur les cours. L’Arabie saoudite, le parrain du cartel, comme son allié de circonstance, la Russie, ont tous les deux besoin d’un cours du brut élevé, la zone actuelle des 90 dollars le Brent est idéale. Mais ils n'ont pas intérêt à ce que les cours explosent, pour éviter de décourager la demande. C’est pourquoi l’Opep augmentera son offre si nécessaire.

    Des réserves stratégiques en cas de crise

    Du côté des pays consommateurs, les grands pays occidentaux disposent de réserves stratégiques. La plus importante est aux États-Unis. Étant donné l’inflation encore élevée outre-Atlantique, Joe Biden pourrait très bien envisager de libérer une partie des réserves si le marché pétrolier venait à flamber. Pour tranquilliser les Américains, à la veille des grandes transhumances estivales, mais aussi à quelques mois de l’élection présidentielle.

    Toutes ces informations sont intégrées par les marchés pétroliers, c’est pourquoi ils restent relativement confiants. Les plus audacieux se préparent au pire, avec des options posées sur 3 millions de barils à 250 dollars livrables en juin.

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    17 April 2024, 7:37 am
  • 3 minutes 3 seconds
    Le chancelier Olaf Scholz en Chine pour préserver les intérêts des usines allemandes

    Olaf Scholz termine sa visite en Chine ce mardi par une rencontre avec Xi Jinping. Pour parler Ukraine, Moyen-Orient, mais aussi affaires. Malgré les tensions commerciales et géopolitiques entre l’occident et l’empire du milieu, le chancelier allemand entend défendre les liens économiques qui unissent les deux pays.

     

    Les liens patiemment construits par les entreprises allemandes à partir des années 1980 ont pris une importance vitale pour l'économie de la première puissance européenne. La Chine est son premier partenaire commercial avec des échanges qui se montent à 250 milliards d’euros en 2023. 5 000 entreprises allemandes sont présentes dans l’empire du milieu, c’est cinq fois plus que le nombre d'entreprises françaises.

    La masse est considérable, mais elle est en train de se contracter, au détriment de l’Allemagne. Les échanges entre les deux pays ont fortement reculé entre 2022 et 2023, de 8%, à cause essentiellement de la baisse des importations de la Chine, en raison de l'essoufflement de son économie. Et aussi, parce qu'elle a dépassé le maitre à l'export.

    L’Allemagne dépassée par la Chine à l’export

    Elle est aujourd’hui en mesure de fabriquer et d'exporter ce qu’elle achetait auparavant en Allemagne. Dans une note publiée la semaine dernière, l’assureur Allianz constate que la Chine exporte désormais davantage que l’Allemagne dans ses domaines d’excellence. C’est le cas depuis longtemps dans l’équipement électrique et la machine outil, et plus récemment dans le secteur de la chimie. L’Allemagne conserve une longueur d’avance dans l’industrie automobile, mais la concurrence chinoise est de plus en plus vive. L’Europe est la première à s’inquiéter du déferlement des voitures électriques chinoises à bas prix et envisage de les taxer si l’enquête lancée par Bruxelles confirme les subventions supposées. Olaf Scholz est beaucoup plus prudent sur cette question.

    Il a peur des représailles contre les constructeurs allemands. Et il reste fidèle à la position de ses prédécesseurs contemporains. Berlin a toujours considéré que le commerce était favorable à la paix. Malgré le camouflet avec la Russie, son ancien fournisseur de gaz qui a envahi l’Ukraine, malgré l’absence totale d’avancée démocratique en Chine, ce credo reste de mise au gouvernement allemand. En 2023, Berlin a bien annoncé une révision de sa stratégie à l’égard de la Chine. Pour prendre ses distances avec ce partenaire devenu entre-temps un concurrent et même un rival systémique, selon la formulation employée à Berlin. Mais une fois le document adopté, les affaires ont repris comme si de rien n’était.

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    Un pari à court terme

    Au moment où l’économie allemande chancèle, pas question de renoncer à ce précieux débouché. Indispensables pour BMW, Mercedes ou Volkswagen qui réalisent le tiers de leur chiffre d’affaires en Chine. Pas question non plus de se passer des fournisseurs chinois, devenus au fil du temps indispensables, aussi bien pour la pharmacie que les terres rares. Les industriels allemands revoient leur approvisionnement, mais cela prendra du temps, environ dix ans. À court terme, du point de vue allemand, il faut donc plutôt renforcer cette relation particulière que la négliger. Et il n’y a pas non plus d’alternative immédiate au plus grand marché du monde. 

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    16 April 2024, 7:50 am
  • 3 minutes 31 seconds
    Le Japon cherche à relancer sa production de semi-conducteurs

    Depuis deux ans le gouvernement japonais investit très lourdement pour doper la production nationale de semi-conducteurs, un secteur où l'Archipel s'est fait distancer ces dernières décennies par ses voisins taïwanais et sud-coréen. 27 milliards de dollars sur trois ans ont été prévus pour relancer cette industrie hautement stratégique.

    Le Japon est-il en train de réussir son retour dans le secteur des puces ? La rapidité avec laquelle la première fonderie du géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC, a été construite en un peu plus de deux ans dans l'Archipel en témoigne. Inaugurée en février dernier, codétenue avec le conglomérat électronique Sony et l'équipementier automobile Denso, l'usine de Kumamoto a coûté plus de 8 milliards de dollars, dont plus de 40 % ont été apportés par le gouvernement japonais. Objectif : produire des puces entre 12 et 28 nanomètres que l'on retrouve par exemple dans les jeux vidéo ou l'électronique embarquée utilisée notamment dans l'automobile. Une deuxième, voire une troisième usine devraient sortir de terre dans les prochaines années. La rapidité est la clé dans l'industrie des semi-conducteurs, répètent les Japonais.

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    Avantages pour Taïwan

    Côté taïwanais, le groupe TSMC a trouvé une main d'œuvre très qualifiée sur place. Ce n'est pas le cas pour ce qui est de son autre méga-usine en Arizona, aux États-Unis, dont l'ouverture a dû être repoussée à 2025. Plus globalement, Taipei veut diversifier sa base de production, actuellement très concentrée sur l'île. D'où ces projets de construction d'usines aux États-Unis et en Allemagne. Pour Taïwan, c'est une question vitale. Plus les pays se sentiront liés à lui, plus ils seront solidaires face à l'éventuelle menace de la Chine, se dit Taipei. Et puis, le Japon est tout proche. Les deux pays veulent surmonter un passé douloureux, Taïwan était occupé par le Japon jusqu'en 1945, le courant passe apparemment.

    Côté Japon

    Champion des puces dans les années 1990, le Japon veut ramener la production des semi-conducteurs sur son sol. Durant la pandémie, en manque de vaccins anti-Covid, le gouvernement japonais s'est rendu compte de sa dépendance aux approvisionnements étrangers. Tokyo ne veut pas que cette situation se reproduise. L'industrie des puces fait désormais partie des secteurs hautement stratégiques pour le pays.

    Vers une production nippone des puces de pointe

    Dans le Nord du Japon, un grand projet public-privé avance pour une construction d'une fonderie de puces de 2 nanomètres, soit les plus puissantes du monde, dédiées notamment à l'intelligence artificielle. Le consortium Rapidus, rassemblant huit entreprises japonaises, assure que son usine sera opérationnelle dès 2027. D'autres entreprises étrangères, comme Microsoft, Google ou Nvidia, investissent dans ce secteur crucial. Tous ces projets devraient propulser le Japon dans une nouvelle ère. Tout en garantissant un approvisionnement fiable, loin des tensions existantes entre les États-Unis et la Chine.

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    12 April 2024, 9:47 am
  • 3 minutes 1 second
    BCE: les taux d’intérêts vont-ils enfin baisser en Europe?

     En Europe, maintenant que l'inflation apparait sous contrôle, les taux d'intérêts vont-ils enfin redescendre à des niveaux plus abordables ? C'est au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne d'en décider. À l'issue de sa réunion prévue ce jeudi à Francfort, sa présidente, Christine Lagarde, devrait faire connaitre ses intentions.

    Christine Lagarde pourrait même annoncer dès ce jeudi une première réduction de son taux directeur, parient les plus audacieux. Mais il faut reconnaître qu'ils sont ultra-minoritaires. Chacun sait que les banquiers centraux détestent les effets de surprise et préfèrent communiquer leurs intentions longtemps à l’avance, histoire d’éviter un coup de chaud sur les marchés. Mais cette option fait partie des multiples hypothèses discutées par les experts. Le sujet passionne sur les marchés obligataires où les traders font des paris sur le calendrier qui sera annoncé tout à l’heure, avec une première baisse des taux européens envisagée en juin, lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs. Ils sont nombreux à penser que la BCE agira plus vite et plus fort que la Réserve Fédérale.

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    Une baisse des taux très attendue en juin

    Ils estiment qu’elle pourrait couper son taux de 1 % en 2024, contre 0,65 % seulement pour la Banque centrale des États-Unis. Pour mémoire, le taux directeur de la BCE est à 4 % et celui de la Fed à 5,5 %. Emprunter coûte beaucoup plus cher aux États-Unis. La Banque centrale européenne va sans doute devancer la Fed parce que l’inflation a vraiment reculé en Europe. Elle n'est plus qu'à 2,4 % en zone euro, elle se rapproche donc de l'objectif de la bonne inflation fixé à 2 %. Il n’y a plus lieu de maintenir la pression sur les taux d’intérêt. Tandis qu’aux États-Unis, c’est l’inverse. L’inflation est repartie à la hausse, elle était à 3,5 % en mars, a-t-on appris hier. Dans ce contexte, la Fed va prendre son temps, elle pourrait reporter sa première baisse en septembre. Les deux zones monétaires divergent aussi en termes de croissance.

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    Le grand écart États-Unis/Europe

    Aux États-Unis, l’activité est restée très dynamique. Contrairement à ce qui était redouté, la politique de hausse des taux d’intérêts n’a pas cassé la croissance. La Fed se concentre donc sur sa mission de contrôle des prix. En revanche, en Europe, l’activité est faiblarde depuis un an et demi. Les entreprises empruntent beaucoup moins parce que le crédit est devenu trop cher. Comme les particuliers qui repoussent les projets immobiliers pour les mêmes raisons. Il y a donc urgence à abaisser les taux directeurs pour réveiller la croissance. C’est d’autant plus urgent que l’effet sur l’économie ne sera pas immédiat. Cela prendra des mois avant que la baisse ne se répercute sur la demande de crédit. Donner le signal de la baisse serait déjà un signal positif. Susceptible de redonner confiance aux entrepreneurs. Les consommateurs en revanche ont besoin de concret.  Ils ne ressentent pas du tout les bienfaits de la lutte anti-inflation menée par la BCE et constatent au supermarché que les factures sont toujours aussi salées.

    11 April 2024, 9:10 am
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