Littérature sans frontières

Parce que le livre ouvre sur le monde et que le monde se comprend par le livre, chaque semaine, le magazine littéraire de RFI reçoit un grand écrivain francophone ou étranger. Au sommaire, également, toute l’actualité de la littérature française et internationale : des reportages, des témoignages, des coups de cœur et un partenariat avec le magazine « Books » qui rend compte, chaque mois, des livres et des idées du monde entier. Réalisation : Fanny Renard. *** À partir du 5 avril 2019. Diffusions le vendredi et le samedi : - le vendredi à 13h30 TU vers toutes cibles ; à 20h30 TU vers l'Afrique haoussa ; à 21h30 TU vers Malabo ville Bata, le monde et Paris sauf Afrique ; le samedi à 13h30 TU vers toutes cibles ; à 20h30 TU vers l'Afrique haoussa. Page Facebook de l'émission: cliquer ici. : www.facebook.com/pages/Litt%C3%A9rature-Sans-Fronti%C3%A8res/148906921845586 Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/

  • 29 minutes
    En souvenir de Paul Auster, après la disparition de l'écrivain américain

    Paul Auster, né en 1947, est l’auteur d’une œuvre reconnue dans le monde entier, récompensée par de nombreux prix littéraires, et traduite dans plus de quarante langues. Écrivain prolifique, outre une vingtaine de romans, il a publié des essais, nouvelles, pièces de théâtre, recueils de poésie, scénarios… En France, c'est avec le premier volume de sa Trilogie new-yorkaise, «Cité de verre» (Actes Sud, 1987), qu'il se fait connaître du public avec un succès immédiat. Installé à Brooklyn avec sa femme, la romancière et essayiste Siri Hustvedt, Paul Auster est décédé le 30 avril 2024.

    Le regard bleu profond, la voix grave, Paul Auster était un homme captivant. À l'image de ses livres une quarantaine, fictions, essais, poésies et même un roman policier publié sous pseudonyme. Dès son premier texte L'invention de la solitude en 1982, un récit où il dresse le portrait de son père disparu brutalement, l'écrivain américain pose les fondations d'une œuvre marquée par le hasard, la mort, la mémoire, l'amitié et surtout l'amour de la littérature. Devenu célèbre avec sa trilogie new-yorkaise, Paul Auster n'a jamais cessé d'explorer la fragilité de la vie, ses petits bonheurs et ses grands malheurs. Aujourd'hui, ce sont ses lectrices et lecteurs qui sont en deuil, puisque Paul Auster vient de mourir ce 30 avril 2024, à l'âge de 77 ans.

    En souvenir de Paul Auster, un homme et un auteur aussi sombre que lumineux, qui était aussi scénariste et cinéaste, je vous propose de réécouter sa voix, avec un florilège d'extraits issus de deux grands entretiens que j'avais enregistrés avec lui. Le 1er en 2005 au moment de la publication de son roman Brooklyn Follies paru chez Actes Sud comme toute son œuvre, et le 2ème en 2013 pour son livre intitulé Chronique d'hiver, un texte autobiographique où il se raconte à travers le corps. Des échanges que nous avons eus en français, car Paul Auster avait vécu longtemps à Paris et avait un lien presque amoureux avec la France et sa culture.

    Le rire de Paul Auster hélas s'est éteint le 30 avril 2024, mais sa littérature reste. Elle est toute entière disponible aux éditions Actes Sud, et particulièrement ce qui sera son dernier titre traduit en français par Anne-Laure Tissut, et paru il y a quelques semaines : Baumgartner, nom du personnage du roman, un ancien professeur de philosophie, veuf et solitaire à 70 ans qui se souvient par fragments de sa jeunesse, de son père, de la femme de sa vie. Un livre crépusculaire et en même temps traversé par une lumière incandescente : celle de la puissance de la mémoire où l'écrivain nous dit que ceux qu'on aime même après leur disparition terrestre restent toujours vivants.

    Quelques-uns des titres de Paul Auster.

    3 May 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Dorcy Rugamba, mots pour maux, 30 ans après le génocide du Rwanda

    Comédien, auteur et metteur en scène, Dorcy Rugamba a écrit une pièce qui a fait date « Rwanda 94 ». En 2001, il crée Urwintore, collectif destiné à produire les artistes rwandais.  En 2012, il fonde Rwanda Arts Initiative, centre d'art à Kigali. Et monte, en 2019, une maison d'édition, Moyo, qui publie des auteurs dans les langues africaines. Il a créé « Les Restes suprêmes », une pièce sur la restitution du patrimoine africain. « Hewa Rwanda », publié aux éditions J.-C. Lattès est son premier texte intime.

    "Le 7 avril 1994, vingt militaires de la garde présidentielle entrèrent dans la maison de Dorcy Rugamba et assasinèrent sa famille, ses parents, ses soeurs et ses frères. C'était le début du génocide des Tutsi. Étudiant à Butare, Dorcy Rugamba parvient à fuir vers le Burundi laissant derrière lui un pays pulvérisé et des hommes hantés par le monde d'avant, les souvenirs, la mémoire des disparus. 

    Dorcy Rugamba écrit une lettre aux absents, à son père, à sa mère. Il nous offre un récit bouleversant, porté par une voix, une écriture, une intensité rares, et ces questions obsédantes : qu'est-il arrivé ? Comment traduire en mots ce qui est hors de portée ? Comment accepter l'inacceptable ?" (Présentation des éditions JC Lattès).

    Lectures musicales de «Hewa Rwanda» :

    Le 5 mai au Théâtre de la ville – Abbesses.

    Le 16 et 17 mai au Palais de Chaillot.

    Le 18 mai au Festival Étonnants Voyageurs à St-Malo.

    Le 20 et 21 juin au Festival Theaterformen, Hanovre.

    Le 17 et 18 octobre, Festival des libertés, Théâtre national, Bruxelles.

    En décembre aux Bouffes du Nord, dans le cadre du festival d’Automne.

    26 April 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Tanella Boni, ne plus se taire et être en paix en Côte d'Ivoire

    Tanella Boni est philosophe, poétesse et romancière. Depuis plus de 30 ans, son œuvre prolifique composée de romans, nouvelles, essais et poèmes en fait l'une des figures de la littérature ivoirienne classique comme contemporaine. Née en Côte d'Ivoire, elle habite le monde et écrit au-delà des frontières.

    "Un polar prenant avec pour toile de fond un des plus gros scandales écologiques de Côte d’Ivoire, passé sous silence en 2006 : le déversement des déchets toxiques dans la capitale

    Fabien, gardien sans histoires est assassiné au pied de l’immeuble où il travaillait. Sa mort semble liée à l’arrivée du Bateau bleu dans le port d’Abidjan avec des tonnes de déchets toxiques dans ses cuves. Double malheur dans la ville qui étouffe sous l’odeur pestilentielle qui brûle les narines et ronge les corps.

    Au fil des silences douloureux de ses proches, des portraits et des mots soufflés par le mort lui-même, c’est une enquête sur la société ivoirienne tout entière que livre ce roman." (Présentation des éditions Nimba)

    19 April 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Akos Verboczy, allers-retours entre Budapest et Montréal

    Né en Hongrie, Akos Verboczy est arrivé au Québec à l'âge de onze ans. Il a été chroniqueur, rédacteur de discours et de rapports officiels. En 2016, il publie « Rhapsodie québécoise », récit de son itinéraire, finaliste du prix de la diversité Metropolis Bleu en 2017 en plus de faire partie pendant deux ans des « Incontournables » de Radio-Canada. « La Maison de mon père » est son premier roman. Akos Verboczy est l'un des auteurs du Québec invité d'honneur du Salon du Livre de Paris 2024.

    « Chaque matin, je remettais au lendemain le projet d’aller à la maison de mon père. Pour la seule fois de ma vie, c’est lui qui m’a attendu en vain. »

    Un homme débarque à Budapest, sa ville natale, par un chaud matin d’automne, pour un séjour d’une semaine. Il a l’intention de revoir ses anciens amis, sa famille, son premier amour. De parcourir de bas en haut son arbre généalogique, ou du moins ce qu’il en reste, du petit cousin hooligan aux grands-parents qui dorment paisiblement, l’espère-t-il, sous les pierres moussues du cimetière.

    Avec Petya, son compagnon d’enfance, il forme le projet d’aller retrouver la maison que son père a chérie pendant des années, qu’il a longtemps espéré recevoir en héritage, mais qui a sombré avec tout le reste. Cette maison du lac Balaton, ancien pressoir de vignoble, à flanc de colline, où l’on entrait en passant par le grenier. Il faut donc s’empresser de griffonner sur un napperon le plan pour s’y rendre, mais ce geste n’est-il pas aussi dérisoire que de vouloir retracer les contours d’un rêve dont on émerge à peine avant qu’il nous échappe à jamais ? (Présentation des éditions Le Bruit du Monde).

    12 April 2024, 3:28 pm
  • 29 minutes
    John Grisham, l'auteur de «La Firme» revient avec la suite de son succès mondial

    John Grisham, écrivain américain né en 1955, est l’auteur d’une quarantaine de romans, tous best-sellers, dont  «L’Affaire Pélican», «La Sentence» (JC Lattès, 2020) et «Le Droit au pardon» (JC Lattès, 2022). Ses livres sont traduits dans le monde entier et ses ventes dépassent les cent millions d’exemplaires. Trente ans après «La Firme» qui l'a révélé au grand public et qui a été adapté au cinéma avec Tom Cruise, John Grisham revient avec une suite intitulée «Le Réseau» (JC Lattès, 2024).

    "Mitch McDeere vit avec sa femme Abby à Manhattan, où il travaille dans le plus grand cabinet international d’avocats, Scully & Pershing. À la demande d’un associé, Mitch accepte de partir en Libye et se retrouve au centre d’un sinistre complot aux implications mondiales qui met en danger ses collègues, ses amis et sa famille. Dans La Firme, Mitch avait su garder une longueur d’avance sur ses adversaires, cette fois il n’a nulle part où se cacher." (Présentation des éditions JC Lattès).

    Traduction de l’anglais (États-Unis) par Dominique Defert.

    5 April 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    La vie des livres au Cameroun

    À l'occasion de la semaine de la Littérature africaine au Cameroun qui se déroule depuis 2021 dans tout le pays, rencontres avec celles et ceux qui font vivre le livre au Cameroun dans différents secteurs : édition, diffusion, librairie, bibliothèques, institutions et associations. De Yaoundé à Douala, grand reportage à l'écoute des défenseurs et promoteurs de la littérature d'expression française.

    Spéciale « La vie littéraire au Cameroun » : grand reportage enregistré à Yaoundé et à Douala avec celles et ceux qui font la promotion du livre et de la lecture sur place : 

    - Yann Lorvo, directeur de l'Institut Français du Cameroun à l'origine de « La semaine de la littérature africaine »

    - Jean-Claude Awono, écrivain, poète et un des fondateurs des éditions Ifrikiya

    - Un vendeur de livres dans la rue à Yaoundé

    - Ange Mbelle, fondatrice du Grand Vide Grenier qui diffuse et distribue les livres neufs dans tout le Cameroun et d'autres pays du continent

    - Charles Kamden, fondateur du CLAC à l'initiative des bibliobus et motobus

    - Ernis, écrivaine camerounaise, prix « Voix d'Afriques » 2022

    - Shérif Sultan, journaliste littéraire et co-fondateur de l'association et du média digital « Café des Mots ».

    29 March 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Au Cameroun avec Nincemon Fallé, lauréat du 4ème «Prix Voix d'Afriques»

    Pour la 1ère fois depuis sa création par RFI, les éditions J.-C. Lattès et la Cité internationale des arts de Paris, le Prix «Voix d'Afriques» vient d'être remis sur le continent africain. À l'invitation de l'Institut français du Cameroun, Nincemon Fallé a été couronné à Yaoundé. Sur place «Littérature Sans Frontières» propose une émission spéciale avec le lauréat.

    Nincemon Fallé a 22 ans. Il est né à l'est de la Côte d'Ivoire et il a grandi entre Bondoukou, Abidjan, Aboisso et Daloa. Aujourd'hui il vit à Abidjan, dans le quartier de Yogoupon. Il a écrit Ces soleils ardents, son premier roman alors qu'il travaillait dans une imprimerie. Nincemon signifie en guéré : «Le feu n'est pas éteint». 

     

    "Iro a quitté son village pour poursuivre ses études à Abidjan, déterminé à réussir là où, pense-t-il, son père a échoué. Ces soleils ardents, prix Voix d’Afriques 2024, est le roman d’une initiation : les certitudes s’effondrent, des vérités nouvelles, plus complexes, apparaissent : qui était son père, quelle réussite poursuit-il, qu’a-t-il laissé au village en croyant gagner sa liberté ailleurs ?" (Présentation des éditions JC Lattès)

    22 March 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Viktor Lazlo, l'indépendance d'une jeune esclave martiniquaise

    Chanteuse et comédienne, Viktor Lazlo est aussi l’autrice de plusieurs romans, dont « La femme qui pleure » (Albin Michel, 2010, prix Charles-Brisset) et « Les Passagers du siècle » (Grasset, 2018). Avec sa nouvelle fiction « Ce qui est pour toi, la rivière ne l'emporte pas », elle continue d'explorer les pans sombres de l'histoire et long chemin vers l'abolition de l'esclavage à travers le portrait d'une femme héroïque.

    « Elle s’appelle Olvidia. Elle porte un nom où l’on entend l’oubli. L’oubli de l’humain à travers des siècles d’esclavage. »

    Martinique, vers 1752, domaine des Bois-Tranchés. Une fillette à la peau trop claire attire déjà les regards. Enfant d’esclave, elle n’a que sept ans lorsqu’elle est arrachée à sa mère pour se retrouver au service de Madame de Lalung. On la surnomme alors « Olvidia ».

    Si travailler dans la grande maison lui permet d’échapper à la corvée des champs, il lui faut néanmoins se plier aux exigences de sa maîtresse qui cultive la douceur autant que la cruauté, et aux sollicitations répétées de son maître pervers. Jusqu’à ce que, à nouveau, le destin s’en mêle. Bientôt, Olvidia devra quitter sa terre natale et découvrir une Europe au bord de la Révolution… (Présentation des éditions Robert Laffont)

    15 March 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Spéciale scène africaine au Salon du Livre de Genève

    À l'occasion du Salon du Livre qui se déroule à Genève, en Suisse, avec au programme 650 écrivains venus du monde entier, pleins feux sur la scène africaine particulièrement riche avec, parmi les invités de cette édition 2024 : Raphaëlle Red, autrice d'un premier roman intitulé « Adikou » chez Grasset, et Meissa Mbaye qui a publié « Génies », un recueil illustré par Sophie Le Hire, aux éditions Saraaba.

    Dialogue littéraire entre deux des invités du Salon du Livre de Genève

    Raphaëlle Red est née en 1997, à Paris, et vit aujourd’hui à Berlin. Elle a étudié les Sciences sociales avant de préférer la littérature. Pour l’écriture d’Adikou, elle a notamment été en résidence à la Maison des Artistes de Lomé. Ses textes ont été publiés en français (Jef Klak, L‘Humanité), anglais (gal-dem, The Funambulist) et allemand (Bella Triste, anthologies Resonanzen et Glückwunsch). Adikou est son premier roman.

    "Elle sait à peine prononcer son nom, Adikou, que la narratrice décrit tour à tour comme un lézard et comme un vautour, un double et une étrangère. Sa lignée est floue, son histoire familiale trouble. Pourtant le monde entier voudrait qu’elle donne son origine, coche noire, ou blanche, ou bien fifty-fifty. Qu’elle accepte de se ranger.

    Alors, un lourd jour d’été, Adikou n’y tient plus. Elle s’échappe, prend la route du Togo, pays du père dont elle sait si peu de choses, et la narratrice n’a d’autre choix que de la suivre. C’est un départ qui fait écho à d’autres  : une dégringolade du nord vers le sud des États-Unis lors d’un séjour d’études, une tentative de retour à la source avec une ONG humanitaire. Mais cette fois-ci, elle est décidée à y séjourner aussi longtemps qu’il faudra pour trouver quelque chose d’elle-même. Un nom, une famille, une trace, une présence. Ou peut-être simplement un air plus respirable. Lomé ne sera qu’un début, un avant-goût moite et poussiéreux d’avancées vers des zones toujours plus mouvantes. Territoires intérieurs, qui la renvoient vers son insoluble lien au métissage. Territoires familiaux et géographiques, en quête des origines d’un père qui a depuis longtemps fui son pays. Territoires historiques marqués par l’esclavage puis la colonisation. (Présentation des éditions Grasset)

    Meissa Mbaye, un talent au service de la parole et de la scène. Musicien, compositeur et coach-formateur en art oratoire, Meïssa Mbaye a un riche parcours de trente ans comme conteur et pédagogue. Il est aujourd’hui directeur-fondateur et formateur au Werekaan Institute, qui promeut l’art oratoire africain.

    Entre mythes, traditions, folklore et poésie,

    « Génies » est un voyage envoûtant à la découverte de 7 créatures

    qui peuplent les esprits des Sénégalaises et Sénégalais depuis toujours.

    Contes à écouter en ligne grâce à des QR codes à scanner (éditions Saaraba).

    8 March 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Robert Birenbaum, 97 ans, éternel résistant, souvenirs d'un gamin de Paris

    Né à Paris, le 21 juillet 1926, Robert Birenbaum entre en résistance à moins de 16 ans, le 16 juillet 1942, au sein des Jeunesses communistes. Il s’engage dans l’armée en 1944. Le 18 juin 2023, 80 ans après son engagement, le président Macron lui remet lui-même la Légion d’Honneur, au Mont Valérien, là où la plupart de ses camarades de Résistance (les Francs-Tireurs Partisans de la Main d’œuvre immigrée) ont été fusillés par les nazis.

    Le lendemain de la rafle du Vel d’Hiv, le 17 juillet 1942, alors qu’il allait rentrer dans l’épicerie familiale, Robert Birenbaum, jeune Français juif de bientôt 16 ans (ses parents sont français comme lui, bien que nés en Pologne) rencontre sa tante Dora, avenue Secrétan.

    C’est lui qui raconte  : « Elle était jeune, trente-deux ou trente-trois ans, et très belle ; c’était ma tante préférée. Elle me raconta pourquoi mon oncle avait été arrêté et mis en prison. Il était résistant. Sur sa lancée, elle me demanda si elle pouvait avoir confiance en moi. Si je le voulais, elle pouvait me faire entrer en contact avec des jeunes juifs communistes, des résistants. Mais ce devrait être un secret entre nous deux. Jamais je ne devais dire à mes parents qu’elle avait été mon instigatrice. J’acceptais sans hésiter. Elle me fit comprendre en très peu de phrases qu’il était toujours préférable de se battre, de vivre debout et dans la dignité, et de ne pas se coucher devant l’ennemi. Elle avait comme son mari un poste de responsable au sein du MOI (Mouvement Ouvrier Immigré) et me donna tout de suite un rendez-vous avec un camarade de la Jeunesse communiste. C’est ainsi que j’entrai dans la Résistance, le 17 juillet 1942. »

    Le 18 juin 2023, le même Robert Birenbaum reçoit – enfin – des mains du président Emmanuel Macron, la Légion d’honneur au Mont Valérien, après s’être recueilli dans la clairière où reposent nombre de ses camarades de résistance. 81 ans après avoir pris sans s’en rendre compte la décision la plus importante de sa vie…

    Le 21 février 2024, le couple Manouchian sera rapatrié au Panthéon. Les Manouchian, c’est l’Affiche rouge du nom de l’affiche placardée dans tout le pays par les nazis qui recherchaient ces résistants. Arrêtés, les 22 hommes membres de l’Affiche Rouge, ces Francs-Tireurs Partisans de la MOI, seront fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, sera décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart.

    Robert Birenbaum, malgré son très jeune âge, fit partie de 1942 à 1944 (sous le pseudo de « Guy ») de ceux qui recrutaient justement ces résistants FTP MOI. Triste ironie de l’Histoire, il devait intégrer ces FTP lorsque les membres de l’Affiche rouge furent pris. Son livre raconte, à la première personne, ses deux années incroyables au cours desquelles, avec d’autres jeunes gens, français et étrangers, juifs, communistes, parfois de simples adolescents comme lui, ils tinrent en respect collabos et nazis dans Paris et ses alentours. Lancers de tracts, vols d’armes, de machines à écrire, planques, attentats, sabotages et arrestations…

    Un récit palpitant qu’il délivre enfin à 97 ans.

    Raconter. Encore et encore.

    Pour que personne n’oublie jamais…

    (Présentation des éditions Stock).

    1 March 2024, 1:00 pm
  • 29 minutes
    Hemley Boum, le Cameroun au cœur

    Hemley Boum, d’origine camerounaise, vit en région parisienne. Elle est l'auteure de plusieurs romans traduits en plusieurs langues, dont « Les Jours viennent et passent » (prix Ahmadou-Kourouma en 2020) « Les maquisards » (grand prix littéraire d’Afrique noire 2016), « Si d’aimer » (prix Ivoire pour la littérature d’expression française 2013) et « Le clan des femmes ». « Le Rêve du pêcheur » est son cinquième roman.

     

    « Dans l’avion qui me menait au loin, j’ai eu le sentiment de respirer à pleins poumons pour la première fois de ma vie et j’en ai pleuré de soulagement. On peut mourir mille morts, un peu à la fois, à essayer de sauver malgré lui l’être aimé. J’avais offert à Dorothée mon corps en bouclier, mon silence complice, le souffle attentif de mes nuits d’enfant et en grandissant l’argent que me rapportaient mes larcins, sans parvenir à l’arrimer à la vie. Je pensais ne jamais la quitter mais lorsque les événements m’y contraignirent, j’hésitai à peine. C’était elle ou moi. »

    Zack a fui le Cameroun à dix-huit ans, abandonnant sa mère, Dorothée, à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié et père de famille, il est rattrapé par le passé alors que la vie qu’il s’est construite prend l’eau de toutes parts... À quelques décennies de là, son grand-père Zacharias, pêcheur dans un petit village côtier, voit son mode de vie traditionnel bouleversé par une importante compagnie forestière. Il rêve d’un autre avenir pour les siens…

    Avec ces deux histoires savamment entrelacées, Hemley Boum signe une fresque puissante et lumineuse qui éclaire à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission. (Présentation des éditions Gallimard)

    23 February 2024, 1:00 pm
  • More Episodes? Get the App
© MoonFM 2024. All rights reserved.